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Sommaire
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Proposé par un sage Népalais appelé ÇAKYAMOUNI ou GAUTAMA (-550-480) et surnommé
le BOUDDHA (c'est-à-dire l'Illuminé), le bouddhisme peut être résumé en quelques
réflexions purement philosophiques et rationnelles sur le bonheur qui est
réellement accessible à l'homme.
Réduit ainsi à son noyau essentiel, le bouddhisme est peut-être le sommet de
toute l'histoire des philosophies qui se limitent au bonheur naturel.
Seule la foi chrétienne en un autre bonheur surnaturel, donné par Dieu, peut
constituer une option plus attirante.
Voici comment, en s'inspirant du "sermon de BÉNARÈS", on peut présenter le
bouddhisme d'une manière que même un illettré peut comprendre.
Le trois parties du raisonnement se rattachent à notre troisième question et
dans une certaine mesure on peut dire que le bouddhisme se réduit à une éthique
car l'épistémologie et l'ontologie sont celles de l'indouisme.
3° Éthique bouddhiste : renoncement au bonheur
La troisième question, celle de l'éthique est donc : "que vais-je choisir, que
vais-je désirer pour devenir heureux ?"
La réponse du BOUDDHA se divise en trois :
- une constatation : l'universelle
souffrance
- une réflexion : tout désir entraîne
souffrance
- un remède : la suppression de tout
désir
Une constatation
Il faut peut-être une assez longue expérience de la vie pour constater que toute
vie humaine est souffrance et impermanence et donc déceptions.
On peut vérifier cette loi en passant en revue les 5 désirs énumérés dans
"l'exposé préalable".
- Celui qui désire les richesses n'en
a jamais assez ou en perd : il souffre
- Celui qui désire plutôt les
plaisirs du corps n'est jamais rassasié : il souffre
- Celui qui désire les honneurs doit
constater qu'ils ont une fin ou une limite : il souffre.
- Celui qui désire plutôt le bonheur
des relations humaines souffre à cause des incompréhensions inévitables, et à
plus forte raison à partir du décès de ceux qu'il aime : il souffre
- Celui qui, comme les sages hindous,
s'imagine atteindre la fusion avec Dieu grâce aux efforts de son ascèse n'y
parvient pas : il souffre.
Une réflexion
Toutes ces interminables souffrances sont des déceptions : leur source unique
est toujours un désir.
Il n'y a pas à distinguer les mauvais désirs et les bons désirs.
Tout désir est mauvais, y compris le désir d'être uni à Dieu, car tout désir
entraîne une déception, une souffrance.
Un remède
Le remède radical est le troisième élément de cette éthique rationnelle. Il faut
en arriver à tuer tout désir. Il faut parvenir au NIRVANA, c'est à dire à l'EXTINCTION
DU DÉSIR;
Une forme du bouddhisme va nuancer ce radicalisme : on va se contenter de
modérer les désirs sans les supprimer. De toutes façons, un des moyens, ce sera
la MÉDITATION;
Renoncement bouddhiste
Renoncement chrétien
Certains chrétiens de nos jours soulignent la ressemblances entre les
renoncements bouddhiste et chrétien et oublient la différence qui les oppose
radicalement.
Le renoncement chrétien développe au contraire le désir de l'union avec Jésus
qui est venu vers nous. C'est pour développer ce désir qu'il faut maîtriser tout
les autres désirs, mais pas tous les désirs.
De même le bouddhiste "médite", le chrétien "supplie". Employer le même mot
prière pour désigne des attitudes si diverses est illusoire, même si le chrétien
peut aussi méditer, le bouddhiste lui ne supplie personne, si l'on s'en tient au
bouddhisme originel.
Repères historiques
-550-480 : vie du Bouddha. Pendant 300 ans, pas de représentation du Bouddha qui
a encouragé ses disciples à ne pas compter sur eux-mêmes, sans adresser de
supplication à personne.
-264-227 : Açoka essaie d'imposer le bouddhisme à l'Inde qui le rejette
progressivement.
en 85 après le Christ, le bouddhisme se répand en Asie centrale, en 150 en
Chine, en 500 au Japon, en 645 au Tibet...
Il y a sans doute une influence du bouddhisme sur l'épicurisme et surtout sur le
stoïcisme qui adaptent le "renoncement bouddhiste au bonheur" à la
mentalité grecque. voir ¨Première période -Chap. 2 VII)
Plusieurs philosophes modernes s'inspirent du bouddhisme comme par exemple
SCHOPENHAUER. (voir TPchap8)
Enfin, on peut penser que des personnes âgées dans les cultures du monde entier
sont bouddhistes sans le savoir. Elles sont arrivées à la conclusion que tous
les désirs ont abouti à des déceptions. Elles ont renoncé, et, comme les statues
du Bouddha, elles sourient devant la naïveté des jeunes...
Trois religions
Le bouddhisme, qui était à l'origine une pure philosophie et qui proposait
l'éthique la plus rationnelle de l'Histoire, s'est métamorphosé en 3 religions.
1/ La tradition des Anciens du Petit Véhicule qui est sans doute plus proche des
Origines et qui est vécue surtout dans les monastères où l'on cherche vraiment
le nirvana, le non-souffle : 'N'aime rien, je hais rien, ne désire rien afin
que, soufflant sur le monde, tu l'éteignes". "Ne rien désirer" n'augmente pas la
consommation ni la production. Les pays de cette tradition sont donc
particulièrement sous-développés : Sri Lanka, La Thaïlande, la Laos, le
Birmanie, le Cambodge. (THERAVADA = doctrine des Anciens, HINAYANA = Petit
Véhicule).
Cependant, dans tous ces pays, comme partout, progresse une nouvelle croyance
que nous présenterons dans le dernier chapitre de cette initiation :
l'économisme qui réduit la vie humaine à ses aspects économiques et propose les
valeurs les plus opposées au bouddhisme.
2/ La tradition majoritaire du Grand
Véhicule déforme le bouddhisme originel. D'une part il présente parfois le
Bouddha comme un Sauveur qu'on invoque dans les temples (influence du
christianisme ?), d'autre part, il donne une grande place à la compassion. Il y
a même la croyance en des sages qui étaient parvenus à l'état de bouddha en se
libérant de la roue des réincarnations, mais qui reviennent sur terre pour
libérer les autres hommes. Il faut noter que le bouddhisme s'est mélangé avec
toutes les cultures orientales. Au Népal, dans les temples bouddhiste, on trouve
des statues de dieux divers En Chine, il y a mélange avec le confucianisme et le
taoïsme, au Japon avec le shintoïsme. (MAHAYANA = Grand Véhicule).
3/ Troisième forme religieuse du bouddhisme, celle du Tibet et de la Mongolie où
le bouddhisme semble métissé avec des pratiques animistes et même magiques
(TANTRISME). "Au loin la liberté" (Mémoire du Dalaï Lama) (Fayard 1990) révèle
un profond scepticisme et une lutte politique pour l'indépendance de son pays...
On est loin du Bouddha.
Le Zen
Ce qui a été dit de l'hindouisme et du bouddhisme en général est encore
plus vrai pour une méthode inspirée du bouddhisme : "le zen". Pour cette
méthode, il n'y a ni dieu, ni culte, ni immortalité de l'âme, ni symboles, ni
mots, ni vérité à rechercher; mais la recherche d'un vide absolu où certains
concordistes croient retrouver un "Absolu" et donc un "Dieu personnel"...
Il me semble que ce renoncement est tout le contraire d'une foi dans un amour et
dans le désir passionné d'être uni à Celui qui nous a aimés le premier et que
l'on rencontre déjà dans chacun des petits qui sont ses frères... Un minimum de
distinction entre les doctrines s'impose.
(suite PP2_7)
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