PP
chap. 7
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LE STOÏCISME
 Vertueux et séduisant mais aussi orgueilleux et désespéré.

 

 

 

Sommaire


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

sommaire

 

La tradition stoïcienne est encore plus importante que l'épicurisme pour l'histoire de la Pensée. Son influence a été très grande jusqu'au début de notre siècle.
Ce qui est grave, c'est que cette tradition a contaminé les livres de spiritualité chrétienne dès l'époque des moines du désert, à ce point que beaucoup de chrétiens et d'adversaires du christianisme, surtout en Europe, attribuent au  "Christianisme" des éléments du stoïcisme qui sont opposés au coeur de la Révélation Évangélique. Voilà pourquoi le mot christianisme a été et sera évité tout au long de cette "Histoire de la Pensée", car ce que contient ce mot dans le cœur de beaucoup de lecteurs est parfois contraire aux quatre évangiles.

VERTUS
Ainsi par exemple dans le stoïcisme le système des vertus. Le chrétien au contraire n'est pas d'abord vertueux même s'il peut le devenir, il est d'abord confiant et aimant.
Une citation d'Épictète nous  montre déjà l'insistance orgueilleuse sur les vertus.
"A chaque objet qui se présente, souviens-toi de rentrer en toi-même et d'y chercher quelle VERTU tu as pour bien user de cet objet.
Si tu vois un beau garçon ou une belle fille, tu trouveras CONTRE ces objets
une vertu qui est la continence.
Si c'est une peine, le courage.
Si ce sont des injures, la résignation.
abstiens-toi et supportes".

FROIDEUR RATIONNELLE
Le rationalisme stoïcien peut être séduisant pour qui veut rester froid.
"A propos de tout objet d'affectation souviens-toi de te demander ce qu'il est. Si tu embrasses ton enfant ou ta femme, dis-toi que c'est un être humain que tu embrasses, et s'il meut, TU N'EN SERA PAS TROUBLÉ".

DÉSESPOIR
Mais les vertus orgueilleuses et rationnelle s'accompagnent d'un profond désespoir. "Tu n'est qu'une âme chétive qui soulève un cadavre".

CINQ VAGUES
  Après avoir, par ces citations du "Manuel" d'Épictète, donné le "ton des convictions stoïcienne, il faut en quelques lignes, distinguer les cinq vagues de son influence.
1/ IL y a celle des "cyniques", mot qui en grec évoque le "chien" dont ces philosophes veulent imiter la vigilance hargneuse : ANTISTHÈNE (-445-360) disciple de Socrate dont il ne garde que l'anticonformisme, DIOGÈNE (-413-327) qui, sa lampe allumée en plein jour, cherche un homme qui le soit vraiment.
2/ ZÉNON de Littium (-332-264) fonde une nouvelle école près d'un portique, "Stoa" en grec, d'où le nom de Stoïcisme.
3/ Troisième vague, l'introduction de cette tendance philosophique à Rome avec Panétius (-180-110).
4/ Quatrième vague, le stoïcisme impérial avec trois nom plus célèbre : SÉNÈQUE de CORDOUE (4-65) précepteur de l'empereur Néron. Ses oeuvres ont été éditées en 1993 aux éditions Laffont dans la collection de grande diffusion "Bouquins" ce qui montre l'intérêt actuel pour cette philosophie. ÉPICTÈTE (-50+30) esclave d'origine Syrienne que l'empereur Marc Aurèle considère comme son maître et que Saint NIL adapte pour les moines chrétiens !!! MARC AURÈLE (121-180) qui sera présenté dans la 3e partie de ce chapitre 7)
5/ On peut  grouper dans la cinquième énumération toute la longue postérité stoïcienne, les moines du désert qui donnent la première place à l'effort ascétique d'indifférence au monde et non pas à la confiance en Dieu et au dévouement envers l'autre. Il y aura le renouveau du stoïcisme à la Renaissance avec JUSTE LIPSE (1547-1606) et la morale stoïcienne de DESCARTES, SPINOZA et beaucoup de manuels de spiritualité (non) chrétienne.

LE SYSTÈME
Nous allons à présent passer en revue les réponses stoïciennes à nos cinq questions. Même si la morale de "l'indifférence à ce qui ne dépend pas de moi" en et le centre, les stoïciens ont tendance à présenter leurs cinq réponses comme les pièces d'un SYSTÈME, c'est à dire d'un ensemble cohérent et complet avec, même, chez certains, la prétention idéologique de répondre définitivement à toutes les questions.

1° ÉPISTÉMOLOGIE STOÏCIENNE
Plutôt qu'une épistémologie, il y a chez les stoïciens un développement de la logique et de la dialectique qui permettra de connaître la réalité et de bien vivre.

2° ONTOLOGIE STOÏCIENNE
"Ce qui existe vraiment" d'après les stoïciens, c'est un grand Tout. La Nature est Dieu et Dieu est la Nature.
Naturalisation de Dieu, divinisation de la Nature. Importance de la "sympathie", mot d'origine grecque qui signifie "souffrir avec" tous les autres éléments du Grand Tout. Ou plutôt accepter qu'il n'y a pas de mal. Ce qui apparaît comme mal à un individu n'est qu'un mal nécessaire pour le Meilleur des Mondes. Accepter donc la Providence comme un Mécanisme Universel et Impersonnel.
(Certains stoïcien postérieur à la Révélation Évangélique comme Sénèque, parlent "d'un dieu présent en tous les gens de bien qui leur donne conseils et secours... mais quel est ce dieu, nul ne peut le dire").

3° ÉTHIQUE D'INSENSIBILITÉ
La question n'est pas de devenir vraiment heureux mais d'éviter d'être malheureux grâce à une DISTINCTION FONDAMENTALE. Pour ce qui ne dépend pas de moi, devenir INDIFFÉRENT, à la limite INSENSIBLE. Pour ce qui dépend de moi, agir conformément à la nature.
La morale stoïcienne n'est pas une morale de bonheur mais une morale de VERTUS absolutisées. Cette morale ne rend pas heureux mais orgueilleux. On peut admirer la sincérité et le courage des "stoïques" comme les appelle PASCAL, qui montre qu'ils élèvent trop l'homme, alors que les "épicuriens" l'abaissent trop.

4° POLITIQUE UNIVERSALISTE
Dans le domaine politique il faut signaler que les stoïciens sont sans doute les premiers à se dire "citoyens du monde", du Grand Tout.

5° ESCHATOLOGIE RÉSIGNÉE
La pensée de la mort qui peut advenir a tout moment est très accentuée chez les stoïciens. Une certitude : je vais mourir. Mais l'attitude proposée est le contraire de l'espérance chrétienne : la résignation.
On n'apprécie qu'en comparant. En cas d'ignorance de la révélation évangélique ou en cas de refus, l'épicurisme n'est-il pas plus raisonnable comme le disait Paul.

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