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chap. 7
-4-

 L        
LE NEO-PLATONNISME DE PLOTIN
Une mystique
syncrétiste
 

 

 

Sommaire


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

sommaire


Dernier courant de pensée de ce qu'on appelle les philosophies hellénistique : le NEO-PLATONNISME.
Il ne s'agit plus de philosophie purement rationnelle mais d'une mystique syncrétiste.
Le moment est donc venu de préciser ce qu'on entend par MYSTIQUE, par SYNCRÉTISME et de mettre en garde contre la confusion entre CRÉDULITÉ ET FOI.

LA MYSTIQUE
Du grec "mysticos" qui signifie initié, le mot mystique, désigne l'expérience que dans toutes les religions et dans toutes les cultures, certains hommes exceptionnels font d'une rencontre directe avec Dieu, ou, d'une manière moins précise, avec le monde de "l'Absolu".
Il ne s'agit plus seulement de la conclusion théorique de l'existence d'un Être Suprême à la suite de raisonnement spéculatifs, mais d'une très forte intuition, d'un contact direct mais mystérieux. Cette expérience provoque des états psychologiques spéciaux que, de nos jours, on mesure grâce à l'émission de certaines ondes par le cerveau.
La difficulté pour ceux qui font cette expérience d'une manière plus ou moins fréquente et profonde, c'est la difficulté de l'exprimer et de l'expliquer aux autres. Ils parlent de fusion, d'union avec Dieu. Ils emploient parfois les symboles de l'amour conjugal.
Les phénomènes mystiques sont particulièrement fréquents dans l'HINDOUISME et le BOUDDHISME où ils sont favorisés par la conviction (que nous avons étudiée au deuxième chapitre) concernant la non dualité de Dieu et du monde (advaïta).
 

SYNCRÉTISME
On désigne par syncrétisme le mélange incohérent d'élément religieux extraits de croyances opposées. Le néo-platonisme que nous devons présenter en est un exemple, car il essaie d'accorder des éléments du judaïsme, de la philosophie de Platon, des religions orientales : comme l'hindouisme et les cultes de libération dont celui de MITHRA.
le syncrétisme est une tentation pour les hommes de tous les temps, mais spécialement pour les hommes de notre temps à cause des moyens de communication moderne. Le dernier exemple de ces mélanges étant le "NEW AGE" venu des États-unis.
Ils s'agit  d'une nébuleuse où l'on mélange absolument tous les mots qui peuvent attirer un spectateur de télévision distrait et incapable de distinguer les sciences, les philosophies, les croyances et la révélation évangélique. Harmonie, unité, amour, lumière, paix, quiétude, énergie, ondes, vibrations, rayonnement, mutation, émergence, apocalypse... tous ces mots ont été testé comme séduisant. Il s'agit bien sûr de "gérer" ses énergies intérieures en apportant de l'argent à des spécialistes de cette gestion...

CRÉDULITÉ OU FOI
Nous découvrons ici une loi de l'Histoire de la Pensée : un excès dans un sens provoque l'excès dans le sens opposé. Le rationalisme absolu qui consiste à vouloir tout vérifier par les forces de la seule raison individuelle est souvent suivi par la crédulité, c'est à dire l'acceptation sans réflexion et sans vérification de n'importe quel métissage de croyances contradictoires. Une Histoire de la Pensée peut contribuer à distinguer les diverses philosophies et les diverses croyances, et à discerner les questions qui peuvent être résolues d'une manière rationnelle et les questions où, bon gré mal gré, tout homme doit s'en remettre à une croyance, comme nous l'avons montré en présentant la 5ème question, celle de l'au delà de la mort dans l'Exposé préalable (voir page d'accueil barre du dessous)
Il faut ensuite, parmi les croyances religieuses ou les révélations choisir celle qui présente des motifs sérieux pour être adoptée par un esprit exigeant.

Chacun peut choisir en connaissance de cause de commencer à croire, de recommencer à croire et de donner davantage sa foi à Jésus en mettant un ordre dans les critères de vérité, les quatre évangiles, le Nouveau Testament, et la Bible en communion avec la Tradition ecclésiale.

CONTEXTE NOUVEAU
Peut-être faut-il signaler également que la réflexion philosophique ne se cantonne plus à la Grèce.
La ville d'Alexandrie en Égypte est devenue un grand centre intellectuel et l'on dit que sa bibliothèque comptait sept cent mille livres en 47 avant le Christ. De même plusieurs écoles de philosophie ont été fondées à Rome. C'est dans ces deux villes que se situent les deux principaux philosophes parmi ceux que nous devons énumérer pour conclure ce chapitre.

1- PHILON le juif d'Alexandrie (-30+50)
Ceux qui ont lu la Bible connaissent le drame des "Maccabées", les martyrs d'Israël qui refusent toute compromission avec la culture grecque.
A Alexandrie, des juifs avaient adopté une autre attitude en traduisant la Bible en grec. On appelle cette traduction la Septante. Philon fait le pas suivant : il tente d'harmoniser la Bible et la philosophie grecque. D'une part, d'après lui, les philosophes grecs ont "copié" Moïse. D'autre part, il présente une explication symbolique allégorique de l'Ancien Testament comme les philosophes grecs avaient interprété les textes d'Homère, et comme les premiers écrivains chrétiens vont interpréter tous les textes bibliques.
Pour Philon la philosophie doit être la servante de la théologie "Dieu est l'être (To on) sans qualité, donc inconnaissable.
Le mot "Logos" reçoit de Philon un nouveau sens. Ceux que cela intéresse pourront écouter les spécialistes discuter sans fin sur le sens de ce mot grec chez Platon, chez les stoïciens, chez Philon, chez Jean qui fait sans doute plutôt allusion à la Parole créatrice de la Genèse et à la Sagesse personnifiée des livres sapientiaux.

2 - PLUTARQUE de Chéronée en Béotie (+46+120)
Retenons la formule :
"Le corps est l'instrument de l'âme, L'âme est l'instrument de Dieu".

3 - PLOTIN (+204+270)
Est un romain né en Égypte et qui devient guide spirituel à Rome. Sa doctrine peut être appelée ÉMANATISME, et elle décrit un double mouvement de dégradation et l'Un vers le multiple et de réintégration du multiple vers l'Un.
1° Plus un être est un, plus il est intelligible.
2° A la source il y a l'au delà de l'Être : l'UN qui par une nécessité intérieure produit l'Intelligence d'où émanent successivement des formes dégradées, l'Âme, la Matière, le Mal, le Néant. Nous verrons que plusieurs théologiens ou philosophes chrétiens vont être influencés par cette doctrine qui s'oppose à la foi chrétienne sur deux points : la liberté et la bonté de la création.
3° Au mouvement de dégradation vers la matière Plotin oppose l'effort de retour vers l'unité, "Retranche toutes choses, rentre en toi-même".
4° Et au moment de mourir Plotin dit : "J'attendais la mort. Maintenant je vais m'efforcer de faire remonter ce qu'il y a de divin en moi".

4 - PORPHYRE (+232+305)
Syrien nommé Malchos, mais connu sous le nom de Porphyre. Ce quatrième philosophe neo platonicien nous a transmis la doctrine de Plotin dans ses "Ennéades". C'est lui qui soulève le problème de la valeur des idées universelles que nous avons résumé dans l'Exposé préalable. (Voir page d'accueil - barre du bas)

5- PROCLUS (-412-485)  et   DAMASIUS (+480+544)
Deux noms encore qui méritent d'être mentionnés.
Proclus qui va influencer le Pseudo-Denys et Damascius dont l'empereur Justinien fait fermer l'école comme il le fait pour toutes les écoles de philosophie.

Le neo platonisme s'était lui-même dégradé en sectes diverses contaminées par la magie, l'astrologie et l'ésotérisme pythagoricien.
D'ailleurs toutes les dates que nous avons données pour ces divers philosophes sont postérieures à la Révélation évangélique dont nous allons faire une première découverte et qui apporte des réponses tellement surabondantes qu'elles vont déterminer "l'Histoire de la Pensée" malgré les persécutions.

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