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"Que vais-je choisir pour devenir vraiment heureux ?"
Pour répondre à cette question centrale de toute vie humaine, une étude
rapide de toutes les philosophies et de toutes les religions peut nous aider
mais la rencontre de témoins vivants en qui rayonne la joie au milieu des
épreuves est plus importante. Elle peut nous remettre sur le bon chemin.
Car plusieurs erreurs de méthode peuvent nous fermer l'accès du vrai
bonheur, parmi lesquelles le naturalisme et l'intellectualisme.
LE NATURALISME
L'erreur la plus fréquente qui conduit beaucoup de nos contemporains privilégiés
à conclure qu'il n'y a pas de vrai bonheur pour l'homme, c'est le
naturalisme, le refus de toute révélation surnaturelle, de tout bonheur
surnaturel.
Les "Pensées" de Pascal présentées dans le chapitre précédent peuvent leur
montrer que l'homme concret, tel qu'il est avec sa finitude et son désir
d'infini est incompréhensible en dehors de la Révélation évangélique.
INTELLECTUALISME
Une autre erreur menace même ceux qui acceptent de lire les
Évangiles, c'est l'intellectualisme qui consiste à
croire que la découverte du vrai bonheur dépend d'une réflexion intellectuelle
théorique. Ils oublient le rôle de l'action, de l'expérience concrète et des
attitudes morales dans la recherche pratique du bonheur réel.
Voilà pourquoi après avoir étudié les théories naturalistes et rationalistes de
Descartes et leur réfutation dans les "Pensées" de Pascal, il sera bon de
découvrir le rôle de l'action pratique dans l'évolution de la pensée d'un de
leurs contemporains, Vincent DEPAUL (1581-1660), un des nombreux saint qui, à
cette époque comme tout au long des siècles, nous donnent le témoignage
vivant de la sainteté et du bonheur.
LES CONVERSIONS D'UN PRÊTRE
Non seulement Vincent DE PAUL nous apprend la place de l'activité dans la vie
d'un chrétien fervent mais c'est la vie concrète qui provoque chez lui les
conversions qui le font passer d'un christianisme médiocre à une vie vraiment
évangélique.
Les documents qui nous sont parvenus nous confirment que Vincent DE PAUL était
devenu prêtre, surtout pour profiter financièrement des revenus de quatre
fonctions dont il ne remplissait pas les charges. Il vit confortablement dans la
très riche famille des GONDI.
Le 25 janvier 1617, à Gannes près de Folleville, dans la région d'Amiens, la
confession d'un agonisant lui fait comprendre qu'il ne remplit pas les fonction
de sa vocation sacerdotale et que les pauvres gens des champs n'ont pas de
prêtres pour eux, alors qu'il y a des milliers de prêtres à Paris.
En août 1617, à Châtillon des Dombes, l'organisation des secours pour une
famille malade lui fait comprendre que les pauvres non seulement "se damnent
mais aussi qu'ils meurent de faim". Ce sont donc des événements de la vie
concrète qui provoquent les conversions de ce prêtre. D'ailleurs une crise de
doutes concernant la foi n'avait pris fin chez lui qu'avec le voeu de consacrer
effectivement sa vie aux plus pauvres.
ACTIVITÉ DÉBORDANTE
Progressivement, Vincent DEPAUL va répondre à tous les appels par une activité
débordante.
1/ Il rassemble des prêtres qui se consacrent principalement à "l'évangélisation
des pauvre gens des champs" grâce aux missions populaires. Le prieuré de Saint
Lazare,où ils se fixent leur vaudra le nom de Lazaristes.
2/ A partir de 1628, VINCENT DE PAUL contribue également à la formation des
futurs prêtres dans les séminaires.
3/ Entre 1629 et 1633, c'est avec LOUISE DE MARILLAC, la naissance de la
Compagnie des Filles de la Charité, des filles de villages qui ne seront pas
enfermées dans une maison religieuse mais demeureront des filles de paroisses.
Elles ne feront que des vœux privés et annuels et se consacreront
principalement à l'aide matérielle auprès des plus démunis, spécialement des
malades.
4/ Peu à peu "Monsieur VINCENT" répond à des appels en faveur des pauvres non
seulement dans toute la France ravagée par les guerres, non seulement dans
de nombreux pays d'Europe, mais encore en Afrique du Nord et à MADAGASCAR où il
envoie ses prêtres dès 1648 et jusqu'à sa mort.
Le catéchisme que ces missionnaires traduisent en Malgache est le premier livre
imprimé dans cette langue.
5/ VINCENT DE PAUL intervient dans d'innombrables affaires et par exemple dans la
querelle janséniste, avec un équilibre rare. Il reproche à Monsieur Arnauld
d'exiger pour la communion de telles dispositions qu'"un saint Paul aurait
craint de communier" (Coste III, 371).
UNE PENSÉE, FILLE DE L'ACTION
On cite souvent une expression de VINCENT DE PAUL :"Aimons Dieu mes frères,
aimons Dieu mais que ce soit au dépens de nos bras que ce soit à la sueur de nos
visages" (Coste XI,40)
Cette insistance sur l'activité concrète peut faire penser qu'il n'y a chez lui
qu'un exemple d'action à imiter et non une pensée à méditer.
A. DODIN dans le livre consacré à VINCENT DE PAUL dans la collection les
"Maîtres Spirituels" (Seuil 1960) montre qu'il faut résister à cette tentation.
Nous pourrions chercher dans les 14 volumes édités par Pierre Coste les réponses
que VINCENT DE PAUL donnerait à nos cinq questions. Les quelques citations
qui suivent pourraient être l'amorce d'une recherche par l'un de ses disciples à
Madagascar.
1° CONNAISSANCE
"Non Monsieur, ni la philosophie, ni la théologie" (Coste XI,343) mais la
Sainte Écriture dont "il n'y a pas mot dont on ne puisse tirer quelques
fruits s'il est bien expliqué et médité" (Coste, XII,135)
2° RÉEL
Ce qui existe le plus réellement aux yeux de VINCENT DE PAUL c'est manifestement
Jésus. "Ressouvenez-vous Monsieur, que nous vivons en JÉSUS CHRIST, par la
mort de JÉSUS CHRIST, et que nous devons mourir en JÉSUS CHRIST par la vie de
JÉSUS CHRIST et notre vie doit être cachée en JÉSUS CHRIST et pleine de JÉSUS
CHRIST et que pour mourir comme JÉSUS CHRIST il faut vivre comme JÉSUS CHRIST.
Or ces fondements posées..." (Coste I, 295). Tout donc repose sur un
fondement JÉSUS.
3° CHOIX DU BONHEUR
Dans les lignes qui précèdent, nous avons le fondement de l'éthique vincentienne,
car c'est pour réagir à la tentation d'un de ses prêtres de chercher son bonheur
dans la gloriole, que VINCENT DE PAUL montre que le bonheur c'est JÉSUS CHRIST.
Avec LOUISE DE MARILLAC, il avait choisi comme devise pour les Filles de la
Charité une citation de Paul : "L'amour que Jésus nous porte donne une force à
toute notre vie".
Mais ce qui caractérise VINCENT DE PAUL c'est bien sûr le lien qu'il met entre
notre amour envers Dieu et notre amour envers les plus pauvres. "Il ne nous
suffit pas d'aimer Dieu si notre prochain ne l'aime aussi". "Servant les pauvres
on sert JÉSUS CHRIST".
5° AU-DELÀ DE LA MORT
Pour ce qui est de l'au-delà de la mort, nous retrouvons l'espérance chrétienne
commune mais avec un accent particulier. "Les pauvres seront des intercesseurs
auprès de Dieu. Ils viendront en foule, ils diront : Mon Dieu voici celle qui
nous a assistés pour votre amour, mon Dieu voici celle qui nous a appris à vous
aimer!".
RÉDUCTION NATURALISTE
VINCENT DE PAUL a une particularité assez rare parmi les saints canonisés par
l'Église catholique. Il est célébré même par les adversaires de l'Église
Catholique, les Révolutionnaires de 1789, les partisans du laïcisme. Ils
essaient d'en faire un modèle de dévouement purement humain envers les pauvres.
Il y a donc une réduction naturaliste de VINCENT DE PAUL, on réduit son
dévouement chrétien à des dimensions naturelles.
VINCENT DE PAUL lui-même distingue clairement deux regards sur les pauvres comme
nous avons, dans l'introduction de la troisième période, distingué cinq regards
sur un bouquet de fleurs. (Voir intro TP)
"Nous ne devons pas considérer un pauvre paysan ou une pauvre femme selon
leur extérieur ou selon ce qui paraît de la portée de leur esprit, d'autant
que bien souvent ils n'ont presque pas la figure ni l'esprit de personnes
raisonnables. Mais tourner la médaille, et vous verrez, par les lumières de la
foi, que le Fils de Dieu qui a voulu être pauvre nous est re-présenté (rendu
"présent" de nouveau) par ces pauvres... Et avec tout cela, il se qualifie
d'Évangéliste des pauvres : il m'a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres".
Très clairement VINCENT DE PAUL distingue deux regards.
"O Dieu qu'il est beau de voir les pauvres si nous les considérons en Dieu et
dans l'estime que Jésus Christ en a faite. Mais, si nous les regardons selon les
sentiments de la chair et de l'esprit mondain, ils paraîtront méprisables".
VINCENT DE PAUL n'a pas toujours eu ce regard. Jean Morin a comparé la vie de
VINCENT à une progressive mise au point d'un appareil photographique.
Pauvre lui-même, VINCENT DE PAUL s'éloigne des pauvre à la recherche d'une belle
situation. Puis, il les découvre. Son regard s'approfondit en y découvrant le
Christ.
Son regard s'universalise en découvrant les pauvres du monde entier.
"Je ne suis point d'ici ni de là mais de partout où il plaira à Dieu de
m'envoyer" (31-7-1634).
FRANÇOIS DE SALES
VINCENT DE PAUL n'est qu'un des nombreux saints
de cette époque et dans une "Histoire de la Pensée" il y a au moins un autre nom
important celui de FRANÇOIS DE SALES (1567-1622) qui veut imiter CHARLES
BORROMÉE, l'évêque modèle (1538-1584) qui a appliqué la réforme du Concile de
Trente.
Ce qui mérite d'être souligné chez François de Sales c'est qu'il propose la
sainteté aux laïcs dans plusieurs livres dont le célèbre "la vie dévote".
"C'est une erreur et même une hérésie de vouloir bannir la vie dévote (c'est à
dire la sainteté) de la compagnie des soldats, de la boutique des artisans, de
la cour du prince, du ménage des gens mariés".
"Le témoignage vivant des saints", tel est le titre de ce 4e chapitre. Même dans
le "siècle des Lumières" que nous devons à présent étudier, il y aura comme aux
siècles précédents et aux siècles suivants, des chrétiens fervents, des saints.
Cependant ce qui retient surtout l'attention des historiens ce sont les attaques
des rationalistes contre l'Église et contre la foi chrétienne.
suite TP
chap 5
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