|   | 
	
	Sommaire                             
		fr.wikipedia.org/wiki/John_Locke
         
		fr.wikipedia.org/wiki/George_Berkeley
         
		fr.wikipedia.org/wiki/David_Hume
       
		fr.wikipedia.org/wiki/Étienne_Bonnot_
 de_Condillac
   
		fr.wikipedia.org/wiki/Philosophie_kantienne
                                                                               
		fr.wikipedia.org/wiki/Johann_Gottlieb_Fichte
         
		fr.wikipedia.org/wiki/Friedrich_Wilhelm_Joseph_
 von_Schelling
     
		fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Renouvier
     
		fr.wikipedia.org/wiki/Jules_Lachelier
   
		fr.wikipedia.org/wiki/Octave_Hamelin
     
		fr.wikipedia.org/wiki/Léon_Brunschvicg
                     
	  | 
 ÉPISTÈME est un mot grec qui signifie 
connaissance.
 L'Épistémologie est donc l'ensemble des questions que l'on peut poser sur 
l'origine de la connaissance humaine.
 Dans ce huitième chapitre, seront présenté douze philosophes dont le premier est  
né en 1623 et le dernier est mort en 1938. Ils ont en commun d'avoir proposé 
surtout des réponses en épistémologie.
 Pour comprendre les questions que ces philosophes abordent et les réponses 
qu'ils proposent, le lecture aura intérêt à  relire les cinq questions de 
la philosophie (voir
1°épistémologie). En tout cas pour ne pas perdre trop de temps avec ce débat 
interminable, je suppose que ces pages sont déjà assimilées.
 le premier mot du titre du chapitre : "Rétrécissement" a deux significations. Il 
reproche aux philosophes qui seront étudiés ici d'avoir donné une place 
excessive et parfois même exclusive à une seule question de la philosophie, la 
première (l'épistémologie) en négligeant souvent les quatre autres (ontologie, 
éthique, politique et eschatologie).
 Deuxième rétrécissement : non seulement ces philosophes rétrécissent le champ de 
la philosophie et  ne gardent que la question de la connaissance, mais de 
plus, laborieusement, ils se relaient dans une entreprise progressive de 
démolition des possibilités de l'intelligence humaine.  Leur conclusion est 
que nous ne pouvons pas connaître la "réalité" que Kant appelle le "noumène". 
D'après lui, nous ne connaissons que les apparences qu'il appelle "phénomènes".
 Les successeurs de Kant vont plus loin. Ils 
prétendent qu'on ne peut être certain s'il y a , oui ou non, une "réalité" en 
dehors de l'esprit. En clair, ces philosophes prétendent que je ne peux savoir 
si le papier ou je lis leurs sottises existe, oui ou non. Tous ces raisonnements 
permettent à ceux qui les enseignent dans les universités de gagner un beau 
salaire (qui existe) mais on peut penser que tout cela n'est pas très sérieux et 
que nous pouvons résumer rapidement tout ce débat interminable. Tous ceux qui ont réduit la philosophie à ces 
questions et à ces réponses sont responsables du mépris qui entoure désormais le 
mot même de "philosophie". Dès la deuxième partie de l'Exposé 
préalable, j'ai même passé en revue les significations successives du mot 
"philosophie" en soulignant finalement le renouveau de l'éthique. Cependant, une 
"Histoire de la Pensée" doit présenter rapidement ces débats épistémologiques.Que le lecteur qui trouve ennuyeuse cette description ne perde pas courage. Au 
chapitre huitième nous rencontrerons de nouveau de la vraie philosophie avec 
Biran, Schopenhauer, Kierkegaard et Blondel. Mais il y a un temps pour tout. Il 
faut au moins énumérer douze noms anglais, allemands et français qui vont 
essayer de nous persuader finalement que notre intelligence ne connaît pas la 
réalité. Ceux qui sont persuadés de cette "inconnaissance" totale devraient en 
conclure qu'il n'y a plus qu'à se taire et à cesser d'écrire.
 I. John LOCKE (1632-1704)Son "essai sur l'entendement humain" rejette les "idées innées" de Descartes. 
D'après lui l'esprit est une page blanche sur laquelle les sens inscrivent les 
informations venues du  monde extérieur. Cette réponse à la question
1°a
s'appelle "empirisme" ou "sensualisme". (Même si ce 6ème chapitre est 
centré sur  l'épistémologie, il faut signaler que Locke est opposé à  
la théocratie anglaise (4°) et qu'il propose d'autre part un "christianisme 
raisonnable". un de plus !)
 II. Georges BERKELEY (1685-1763)Comme cela se produit souvent dans "l'Histoire de la Pensée" ce missionnaire 
anglican (qui part aux Bermudes) défend une théorie opposée d'après laquelle la 
matière n'existe pas vraiment. C'est "l'immatérialisme". Les réalités 
sensibles n'ont pas d'existence absolue, indépendante de toutes les 
intelligences et distincte de la connaissance qu'en a Dieu. Elles  
n'existent pas vraiment. Aux étudiants qui ne comprenaient pas comment on peut 
défendre une théorie pareille j'ai parfois posé la question suivante : les 
couleurs vertes et rouges de ce mur existeraient-elles si personne, jamais, ne 
les regardaient. Les couleurs ne sont elles subjectives ? Un débat jaillit alors 
entre les étudiants qui ainsi "entrent" dans le débat épistémologique. Il est 
bon d'y enter. Il est important d'en sortir !
 III David HUME (1711-1777)Lorsqu'on a commencé à douter, on peut toujours progresser. C'est ce que fait le 
philosophie écossais Hume qui rejette même la valeur du principe de causalité. 
Qui peut vous assurer que tel événement est vraiment la cause de l'événement 
suivant ? Parce que ces deux événements se sont succédés cent fois ? Cela ne 
prouve rien ! L'imagination, les coutumes, les croyances, nous conduisent 
peut-être ers des illusions. Le voyage du doute n'aura plus de fin. Hume et Kant 
sont les "Christophe Colomb" qui nous font quitter toute certitude, toute 
réalité... et personne d'après eux ne pourra jamais y revenir...
 IV. Étienne 
Bonnot de CONDILLAC 
(1714-1780)Le lecteur qui veut faire une enquête complète sur cette question peut étudier 
ce philosophe de Grenoble d'après lequel rien de valable n'a été écrit entre 
Aristote est lui-même ! Il prétend d'autre part que les premiers principes ne 
sont pas premiers puisqu'ils ne parviennent pas d'une première connaissance !
 V. Emmanuel  KANT 
(1724-1804)Beaucoup "d'Histoire de la philosophie" accordent un rôle décisif à Emmanuel 
Kant qui d'après eux a démontré d'une manière irréfutable que l'intelligence 
humaine ne peut pas connaître la "réalité" le "noumène" car elle n'atteint que 
les apparences, les "phénomènes". Récemment un professeur armé de diplômes qui 
auraient dû m'impressionner m'a dit : "Aujourd'hui, il n'est plus permis de 
parler de métaphysique" ! Mais puisqu'en philosophie on ne se soumet à aucune 
autorité, je ne demanderai la permission de personne pour dire mon désaccord 
avec Kant. Cependant avant de présenter très simplement ses réponses aux 
questions philosophiques il faut reconnaître l'honnêteté de cet homme.
 Un honnête homme
 Les historiens nous décrivent sa sérénité inaltérable, sa curiosité inépuisable, 
sa louable intention de donner à l'Humanité une morale qui unit la liberté et la 
loi sou la discipline du DEVOIR !
 Le titre d'un de ses livres montre qu'il se situe bien dans la série des 
"réducteurs naturalistes" : ce livre c'est "la religion dans les limites de la 
simple raison"! Il va supprimer tout ce qui n'est pas rationnel.
 "L'ordre moral dit-il procède du vouloir divin. Mais ce serait altérer la pure 
moralité et ALTÉRER LA RELIGION MÊME que d'y voir autre chose qu'un acte de 
notre volonté et de faire DÉPENDRE d'une grâce divine la régénération de 
l'homme". Autant dire qu'il refuse l'originalité de la foi chrétienne.
 De l'amour au devoir
 Débordant de bonne volonté, Emmanuel Kant  croit donc "purifier" le 
christianisme en rejetant la bonne nouvelle du bonheur d'être aimé, pardonné, et 
sauvé par Dieu. Il la remplace par le poids d'un DEVOIR, d'un "IMPÉRATIF 
CATÉGORIQUE", cette "chape de plomb" que déposera  avec soulagement Claudel 
le jour de sa conversion et que des générations de chrétiens tristes vont 
confondre avec la foi chrétienne !
 Ce n'est pas tout. Cette morale pesant, naïve, prétentieuse et impérative, Kant 
en a enlevé tous les fondements ontologiques et épistémologiques. C'est ce qu'il 
faut résumer en quelques lignes.
 
 1° Épistémologie suicidaire
 Non seulement Kant repousse toute révélation surnaturelle et veut réduire le 
christianisme dans les limites rationnelles, mais tous ses gros livres ont pour 
but de démontrer l'impossibilité de toute connaissance. Puisque nous présentons 
une "première initiation" une comparaison très familière sera permise. Comme un 
beau morceau de viande est, totalement défiguré après être passé dans le moulin 
à pâté, la réalité (appelée noumène) ne parvient à nous qu'après être passée par 
la moulinette des structures du temps et de l'espace et nous n'avons de contact 
qu'avec les apparences défigurées (appelées phénomènes). Jamais personne ne 
pourra imaginer ce que peut être notre réalité (le beau morceau de viande) qui 
est de l'autre côté de notre intelligence car elle a tout défiguré.
 En faisant cette présentation vraiment trop simple de l'épistémologie Kantienne 
j'avais bien conscience que mon désir d'être compréhensible à un lecteur non 
spécialisé m'avait conduit un peu au simplisme...
 Je n'ai donc pas été étonné que le philosophe français JEAN BRUN dans sa lettre 
du 23-12-93 apportait un minimum de correction "Permettez-moi de faire une 
remarque critique à propos de votre excellent travail. Parlant de Kant, vous 
identifiez les apparences et les phénomènes. Or Kant a bien soin de distinguer 
l'apparence du "phénomène"...
 Je reconnais que ma présentation manque de nuances d'autant plus facilement que 
dans sa lettre du 21/12/93 le même Jean Brun avait écrit "Comme vous avez eu 
raison de parler de Kant comme vous l'avez fait. CHESTOV disait justement  
: " Que restera-t-il de l'œuvre de Kant ? Rien, si ce n'est les commentaires que 
ses successeurs en ont donnés".
 
 2° Ontologie avortée
 Aucune réalité ne pouvant être atteinte puisqu'elle est inaccessible au delà des 
déformations qu'elles à subies par les "catégories à priori" de l'intelligence, 
il n'y a donc pas d'ontologie chez Kant. Dans un livre publié après sa mort, 
Kant doute de l'existence d'une réalité au delà des phénomènes.
 
 3° Morale en apesanteur
 Ce qui apparaît comme totalement illogique, c'est que, après avoir présenté une 
épistémologie suicidaire et donc une ontologie avortée, Kant prétend 
impérativement nous imposer une morale de Devoir ! "Ton action doit être 
accomplie par respect de la loi qui nous dit : tu dois parce que tu dois. Agis 
de telle sorte que le maxime de ta volonté puisse valoir en même temps comme 
principe d'une législation universelle".
 Dan quel monde livresque vivait donc cet homme pour être naïf à ce point ? 
Personnellement, je n'ai aucune envie  d'être un modèle; et les autres 
n'ont sans doute aucune envie de me prendre pour modèle. Tous, nous sommes 
d'accord avec Pascal : " Tout homme cherche son bonheur même s'il va se pendre".
 La morale de Kant nous apparaît naïve et prétentieuse. Cela n'empêchera pas 
certaines âmes de s'attendrir devant la confession d'un grand professeur : "Je 
vous affirme devant Dieu que si je sentais cette nuit que je vais mourir, je 
joindrais les mains et dirais : Dieu soit loué ! mais si un mauvais démon me 
soufflait à l'oreille : tu as fait du tord à un homme, oh alors, ce serait tout 
autre chose !" En lisant ces lignes on a l'impression que la morale de Kant est 
réservé à ceux qui se croient parfaitement innocents. Comme cela n'est pas mon 
cas, entre la morale du Devoir de Kant et la morale évangélique de l'amour, du 
pardon et de la conversion, le choix est vite fait. Mais je laisse bien sûr à 
chaque lecteur, la liberté d'avoir un autre avis !
 
 5° Eschatologie sentimentale
 Et pour couronner un système que l'on me présente comme un sommet de la 
philosophie, Kant me demande de croire à la vie future en m'appuyant sur son 
"sentiment" (?)
 "La foi en Dieu et en la vie future est tellement unie à mon SENTIMENT MORAL que 
je ne perds pas plus le risque de perdre cette foi que je ne crains de me voir à 
jamais dépouillé de ce sentiment".
 Certes on peut sympathiser avec Kant dans la mise en doute de pas mal de 
certitudes philosophiques. Pascal aussi ne croit pas beaucoup en la raison. Mais 
on est d'autant plus étonné de sa volonté de raboter la Révélation évangélique 
en prétendant s'enfermer dans un rationalisme dont la stérilité a été si bien 
démontrée !
 
 
 VI. Johann Gottlieb FICHTE (1762-1814)
 Pour être plus ou moins complet, il faut encore mentionner sept philosophes qui 
vont encore accentuer l'impossibilité de connaître. Avec Fichte, philosophe 
allemand qui rencontre le succès dès l'âge de trente ans avec sa "Critique de 
toute révélation", le "noumène" qui d'après Kant 
existait au-delà des "phénomènes" est nié. "La chose (la réalité extérieure à 
l'esprit) n'étant ni en soi, ni pour soi, ni intelligible, ni utile à rien, 
n'est pas une fiction, une contradiction, une monstruosité qu'il faut reléguer 
au pays des cercles carrés". Il n'y a plus que le MOI (die ich-heit).
 Mais je ne comprends pas comment à partir de ce "moi" isolé, en dehors duquel il 
n'y a rien, on aboutit déjà avec FICHTE à la destinée supérieure du peuple 
allemand que nous découvrirons au chapitre suivant avec Hegel !
 VII Friedrich 
Wilhelm Joseph von SCHELLING (1775-1854)Avec ce disciple de Hegel (que nous étudierons donc à part) il y a une pause 
dans cette succession de philosophes qui exaltent leur moi et leur indépendance. 
"Il ne nous reste rien d'autre à faire, et nul orgueil philosophique ne saurait 
nous en empêcher, que d'accepter avec reconnaissance que nous soit accordé par 
grâce et sans mérite de notre part ce que nous ne pouvons obtenir autrement". 
Mais pas question chez ce philosophe d'accepter la révélation évangélique comme 
critère. Son système, chacun a le sien, est plutôt un panthéisme de la nature...
 VIII. Charles RENOUVIER 
(1815-1903)Avec Renouvier, idéaliste français, le bon sens reprend ses droits.
 "Nous sommes pratiquement contraints d'affirmer la réalité de notre moi, de 
notre connaissance, et du monde extérieur". C'est avec soulagement que nous 
apprenons que la feuille de papier sur laquelle nous aurions appris que
la réalité n'est pas réelle, existe réellement (?!)
 IX. Jules LACHELIER 
(1832-1918)D'après le philosophe spiritualiste français Lachelier, le philosophe usant de 
sa seule raison est nécessairement panthéiste et on peut être tenté de lui 
donner raison. Mais le croyant peut dépasser la raison par un saut dans 
l'inconnaissable. Nous retrouverons désormais souvent cette juxtaposition d'une 
philosophie qui ne croit pas à la raison et d'une attitude de foi qui renonce à 
se présenter comme justifiée raisonnablement.
 X. Octave HAMELIN 
(1856-1907)Avec le philosophe Hamelin, nous reprenons notre voyage vers le refus de toute 
réalité extérieure à l'esprit (troisième forme de l'idéalisme épistémologique 
(voir épistémologie). Il meut noyé en portant secours à une nièce. Son 
comportement héroïque était heureusement en contradiction avec ses théories. 
L'inverse existe également.
 XI. Léon BRUNSCHVICG 
(1869-1944)1° Un dernier philosophe français pousse l'idéalisme jusqu'à l'extrême limite : 
"la connaissance constitue pour nous un monde qui est pour nous le monde. 
Au-delà il  n'y a rien."
 3° En morale, nous retrouvons le stoïcisme de Marc Aurèle : renoncer à son 
individualité, penser la vérité qui, pour nous, a la couleur de la vérité 
scientifique.
 En lisant ce stoïcien et les épicuriens contemporains je suis de plus en plus 
persuadé qu'en morale rationnelle, on peut s'arrêter à Marc Aurèle (voir 
P.P. Chap. 7, III)
 Seule l'éthique évangélique est nouvelle et suscite des œuvres toujours 
nouvelles.
 XII. Edmund HUSSERL 
(1859-1939)Ce philosophe né dans une province autrichienne a prétendu bâtir une 
"philosophie scientifique" (ce qui voulait dire indiscutable) en mettant entre 
parenthèses toutes les philosophies et toutes les religions !!
 Dans les "Idées directrices pour une phénoménologie" en 1913, il rejette 
l'idéalisme pur qui prétend que c'est l'esprit qui crée le monde au  lieu 
de le connaître. Toute conscience d'après Husserl est "conscience de quelque 
chose". Entre le "je pense et ce qui est pensé, il y a une intentionnalité".
 Sur ce socle (?) il faudra bâtir une philosophie qui, d'après Husserl, exigera 
le travail des philosophes pendant un siècle. Mais, dès la fin de sa vie, il 
avoue "le rêve en est fini". Et avant de mourir, il demande le baptême 
catholique. Cette prétention de vouloir tout comprendre, un autre philosophe 
l'avait eu avant lui. Nous devons lui consacrer un petit chapitre particulier : 
il s'agit de Hegel.
 
suite TP 
chap. 7 |