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EP

                                                  

EXPOSÉ PRÉALABLE
 

 

 

Sommaire


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

sommaire

 

Avant d'exposer les "RÉPONSES" proposées par "LES" PHILOSOPHES il faut formuler clairement

               I/ les cinq questions de "la" philosophie
rappeler rapidement
             II/  les significations successives du mot philosophie
poser deux questions
           III/  historien ou philosophe ?
            IV/  philosophe ou chrétien ?
et expliquer la division en
             V/ trois grandes périodes
                  A/ Antiquité -350000 +30
                  B/ Période centrale 30 à 1600
                  C/ Période moderne et contemporaine 1600 à 1993

                              ___________________________________________________________________
I/ Les cinq questions de "la" philosophie

II/ Les significations successives du mot philosophie
Concentrer ainsi toute la réflexion philosophique autour de cinq questions principales et choisir comme question centrale "Que vais-je choisir pour devenir heureux ?" revient à donner une signification de la philosophie.
Cela est légitime si on ajoute ensuite qu'il y a eu dans le passé et qu'il y a actuellement d'autres définitions.
Le plus simple est de les énumérer dans l'ordre chronologique car il y a tout une "histoire" des significations successives du mot philosophie.
Le mot "sophos" d'où vient la deuxième partie du mot philosophie désignait dans la langue grecque ancienne tout homme "compétent" dans un domaine ou dans un autre. C'est sans doute Pythagore qui place avant le mot "sophos", le mot "philo" qui veut dire "aimer", "rechercher"; ne pas prétendre être déjà un sage. Le philosophe est celui qui recherche la sagesse.
1- SAGESSE ÉTHIQUE
Le véritable fondateur de la philosophie, SOCRATE, en répétant sans cesse : "Connais-toi toi-même, occupe toi de ton âme, recherche la justice !" place déjà l'éthique, la morale, au centre de cette réflexion. Tous ceux qui reconnaissent Socrate comme le père de la philosophie devraient reconnaître que cette signification comme sagesse éthique et morale l'emporte chronologiquement sur les autres significations.
Mais ses successeurs vont abandonner cette insistance et le mot philosophie va recevoir une signification plus générale.
2- COMPRÉHENSION GLOBALE
Tout au long des siècles et encore aujourd'hui, chez certains professeurs, le mot philosophie désigne un effort de compréhension globale, synthétique de toutes les connaissances humaines. Dans l'antiquité la philosophie englobe non seulement les connaissances rationnelles mais aussi les croyances religieuses. Les philosophes grecs ne sont pas rationalistes et encore moins athées.
SOCRATE dit qu'il faut "CROIRE que les dieux n'abandonnent pas l'homme juste" et PLATON qu'il faut "CROIRE les saintes traditions religieuses qui nous disent qu'il y a un jugement de l'âme après la mort".
Si on s'enferme dans la définition rationaliste de la philosophie, il n'y a plus de philosophie antique; à moins de charcuter ces auteurs et de rejeter leurs croyances religieuses qui sont une partie essentielle de leur pensée.
3- RECHERCHE RATIONNELLE
Ce ne sont pas les philosophes grecs, ce n'est pas DESCARTES qui a apporté la première réduction du domaine de la philosophie, c'est ALBERT LE GRAND (1193-1280) qui en comparant les textes d'ARISTOTE et les convictions chrétiennes, perçoit vraiment la différence entre ce qui est purement rationnel et ce qui est révélé. Il retire les dogmes théologiques de la compétence de la philosophie et définit le philosophe en disant : "La caractéristique du philosophe c'est, lorsqu'il dit quelque chose, de le dire avec des PREUVES RATIONNELLES". (PCchap6).
Cette première limitation du domaine de la philosophie n'enlève pas encore la confusion qui demeure entre la philosophie et ce que nous appelons la "Science".
4/ DES QUESTIONS RETIRÉES DE LA COMPÉTENCE PHILOSOPHIQUE
On peut attribuer au polonais COPERNIC (1473-1543), le mérite d'avoir retiré du domaine de la philosophie les premières parties de "LA SCIENCE" en disant "les mathématiques doivent être jugées par les mathématiciens" et non pas par les théologiens, ni même par les philosophes. (voir PCchap2).
Les mathématiques et l'astrologie sont donc les premières sciences à proclamer leur "indépendance" en se séparant de la philosophie. Suivrons toutes les sciences exactes qui étudient les QUESTIONS concernant les êtres entièrement déterminés qui ne font pas de choix libre (physique, chimie, etc...). Plus récemment ce sont les sciences humaines qui ont quitté la philosophie pour rejoindre la partie plus "respectable" de la "science".
Psychologie, sociologie, ethnologie, anthropologie, politologie, droit, économie, histoire... veulent être scientifiques. Même la logique a changé de "camp". La linguistique est non seulement une science exacte mais veut récupérer ce qui subsiste de la réputation ancienne du mot philosophie, en prétendant qu'il n'y a plus d'autres philosophie que celle du langage... (TPchap9)
5/ RÉTRÉCISSEMENT ÉPISTEMOLOGIQUES SUICIDAIRES
Depuis quatre siècles, non seulement, les questions multiples sont enlevées de la compétence de la philosophie mais les philosophes de leur côté diminuent laborieusement leur propre capacité.
Le sixième chapitre de la troisième période (TPchap6) énumère toute une suite de philosophes autour de Kant, avant lui et après lui, qui réduisent pratiquement la philosophie à une suite interminable de discussions stériles axées uniquement sur les origines de la connaissance. (TPchap6)
Ce n'est pas tout. Ils aboutissent à la conclusion que la connaissance est impossible. Nous assistons ainsi à un suicide de la philosophie. De cette époque également date la mauvaise habitude d'employer un jargon, c'est à dire un vocabulaire très spécialisé. Il y a heureusement des exceptions même parmi les philosophes contemporains.
6/ LE RENOUVEAU DE L'ÉTHIQUE
Heureusement, plusieurs philosophes modernes et contemporains redonnent au choix du vrai bonheur sa place centrale comme nous le verrons au 8e chapitre de cette troisième période avec Biran, Schopenhauer, Kierkegaard, Nietzsche et Blondel...(TPchap8).
7/ TROIS FRONTIÈRES OUVERTES
Ces quelques lignes suffisent à montrer que le mot philosophie pourrait être employé avec plusieurs significations. Voici les trois frontières qui seront respectées dans les pages qui suivent, même si "l'Histoire de la Pensée" doit être ouverte aux territoires voisins de la Science, des Croyances et de l'Expression Artistique et ne pas se limiter aux réponses rationalistes exprimées en termes spécialisés.
a/ Seront considérées comme philosophiques, les questions dont dépend le choix du vrai bonheur, les questions liées à l'éthique. Mais nous signalerons les étapes des progrès scientifiques.
b/ Seront considérées comme philosophiques, les réponses purement rationnelle, sans le recours à aucune autorité. Mais puisqu'il n'est pas raisonnable de s'enfermer dans ce rationalisme nous donnerons aux croyances et aux théologies la place qu'elles méritent dans une "Histoire de la Pensée" qui n'est pas seulement une histoire des philosophie.
c/ Est philosophique, une expression explicitée et même abstraite.
Mais nous resterons attentifs à l'expression artistique, spécialement la littérature et la musique.
On peut même penser que l'expression artistique des convictions philosophiques ou théologiques exerce une plus grande influence que l'expression des philosophes professionnels.

III/ historien ou philosophe ?
Confucius a dit "- Étudier sans réfléchir ne sert à rien".
                           
réfléchir sans étudier est périlleux.
                            En ajoutant quelques mots à cette formule, nous pouvons comprendre la relation entre l'étude des philosophes (l'histoire)
                            et la recherche de la sagesse (philosophie).
                          - Étudier l'histoire des réponses philosophiques sans réfléchir personnellement sur le choix du Vrai bonheur est une perte de
                            temps.
                          - Mais réfléchir d'une manière trop isolée sur le bonheur sans étudier les autres opinions est dangereux.
Ainsi donc, deux excès doivent être évités dans l'étude de l'Histoire de la pensée :
                           - La refuser en prétendant mener une réflexion totalement indépendante.
                           - Ou en rester à un stade purement informatif.
Pour éviter ces deux illusions, quelques minutes de réflexion suffisent.

1- Une objection faite contre la nécessité d'une histoire de la pensée, c'est de dire qu'un philosophe est un homme qui recherche le vrai bonheur par les forces de sa propre raison et qui donc refuse de s'appuyer sur des écrivains du passé et s'isole dans la solitude et le silence comme le font les sages de l'Inde.
Comme toujours, il y a du vrai dans cette position excessive. Il est vrai qu'on devient vraiment une personne humaine, que lorsqu'on choisit personnellement des convictions fondamentales et un comportement correspondant.
Mais ce choix doit être personnel, il doit aussi être fait en connaissance de cause, c'est à dire grâce à la connaissance des opinions et des comportements les plus divers, grâce en partie à une Histoire des  philosophies et des croyances religieuses.

2- Cette insistance sur le choix personnel peut cependant nous mettre en garde contre une insistance trop grande sur le mot "Histoire" qui se trouve dans le titre "Histoire de la pensée".
Dans la mesure où on peut le savoir, il semble que la plupart des cours intitulés "cours de philosophie" ne sont plus une initiation à la recherche de la vérité ou du vrai bonheur mais au contraire une entreprise systématique de démoralisation sceptique, agnostique et relativiste.
Sous le voile d'une neutralité illusoire ou mensongère, le professeur expose objectivement, soigneusement des convictions diverses, mais en "oubliant" celles qui lui déplaisent. Il est parait-il un "historien".
En fait lui-même, chacun de nous, chaque homme est d'abord un philosophe. Lorsqu'il a terminé son "cours", le professeur qui prétend ne pas prendre position fait des choix chaque jour. Il trompe ou il est loyal avec sa femme et ses enfants. Il met au dessus de tout l'argent ou les plaisirs ou les honneurs ou telle relation humaine. Il prie ou ne prie pas. Le choix est fait et le professeur en retire, il en retirera plus ou moins de bonheur et de malheur.

3- Le lecteur a compris. Si je dois choisir entre le titre d'historien et celui de philosophe, le choix sera vite fait. Je veux être un homme heureux et non pas la mémoire d'un ordinateur, même si je suis reconnaissant  au dévouement des philosophes innombrables qui m'ont permis de présenter à  mon tour une histoire de la Pensée.
Si depuis 1956 j'ai consacré beaucoup de temps à étudier toutes les croyances, toutes les philosophies et toutes les théologies, ce n'était pas uniquement pour m'informer mais surtout pour pouvoir choisir en connaissance de cause les convictions et les comportements qui me conduiront au Vrai bonheur et pour pouvoir accompagner d'autres dans cette recherche.
Voilà pourquoi tout au long des trois périodes de cette histoire, le lecteur ne trouvera pas seulement une information mais aussi une conviction. Il lui sera très facile de rencontrer des convictions contraires ou au moins différentes et de choisir lui aussi en connaissance de cause.

IV/ Philosophe ou chrétien ?
Avant d'expliquer la division de cette Histoire de la Pensée en trois grandes périodes, une autre clarification doit être faite dans cet exposé préalable. Dès l'introduction et dans le titre même, la "place centrale de la révélation évangélique" a été affirmée. Peut-on encore, dans ce cas, parler de philosophie ?
Pour faire de la philosophie, ne faut-il pas rejeter toute croyance et toute foi ? Et d'autre part pour devenir vraiment chrétien ne faut-il pas abandonner toute recherche philosophique ?
Pour montrer que, dans la vie, cette opposition systématique n'a pas beaucoup de sens, on peut défendre l'opinion opposée et montrer qu'on ne peut vraiment devenir chrétien que si on fait une recherche philosophique personnelle en précisant que cette réflexion sur le vrai bonheur, en précisant que cette réflexion peut être faite sans les livres par un illettré qui choisit de devenir chrétien après une réflexion sur le vrai bonheur, après un cheminement philosophique.
Et d'autre part on peut montrer que face à certaines questions philosophiques comme celles de la mort, seul les croyants, comme SOCRATE ("il faut croire que Dieu n'abandonne pas l'homme juste"). PASCAL et KIERKEGAARD n'abandonnent pas la réflexion mais l'approfondissent avec confiance.

PHILOSOPHER POUR CHOISIR
Et tout d'abord il est bon de prendre conscience qu'une réflexion philosophique (sous une forme plus ou moins élaborée) est peut-être une condition pour devenir vraiment chrétien après un choix conscient, une conversion personnelle.
Car on ne devient pas chrétien comme on naît hindou, juif ou musulman.
- Un hindou l'est parce qu'il est né dans telle ou telle caste, comme nous le verrons plus loin.
- Un juif l'est par sa mère.
- Tout homme "naît musulman" d'après la théologie islamique et le demeure sans le savoir jusqu'au jour où il renie cet Islam inconscient...
Pour devenir vraiment chrétien par contre, il ne suffit pas d'avoir été baptisé et d'avoir reçu comme un héritage culturel des parents et des éducateurs une vague mentalité dite chrétienne et souvent opposée aux quatre Évangiles.
Il faut avoir entendu pour soi-même la proposition de Jésus : "si tu veux, suis-moi" (Mt 19,21) et avoir répondu avec Pierre : A qui irions-nous ? C'est toi qui dis les paroles qui conduisent au vrai bonheur" (Jn 6,68). En d'autres termes, il faut avoir choisi Jésus parmi d'autres maîtres, auxquels font allusion les mots "à qui irions-nous ?".
Sans doute ce choix conscient peut se faire parfois sans rupture avec une enfance chrétienne. Il suppose cependant, une réflexion personnelle comme l'expliquait JEAN-PAUL II, lors de sa première visite à Paris : "Même si je n'ai jamais vraiment douté, je suis passé d'une foi héritée à une foi personnelle, après un CHOIX CONSCIENT", JEAN-PAUL II parle de choix conscient. Il n'y a pas de choix, s'il n'y a pas une certaine connaissance des autres opinions, des autres philosophies et des autres croyances religieuses.

PLURALISME
De toute façon les moyens de communications modernes vont modifier les circonstances de ce choix. Jadis, chaque homme n'avait de contact direct qu'avec ceux qui  partageait la même croyance. Aujourd'hui de plus en plus de jeunes on des contacts directs et fréquents avec plusieurs opinions. Ce pluralisme peut provoquer un doute et même un retrait moralement obligatoire comme le disait déjà Thomas d'Aquin (1225-1274), dans un texte qui vaut d'être cité : "Croire au Christ est en soi une chose bonne et nécessaire au salut mais la volonté n'y consent que sous l'aspect que la raison lui propose. En sorte que si la raison le lui propose comme un mal (une erreur) la volonté agira mal en y adhérant. Non  pas qu'il s'agisse d'une chose mauvaise en soi mais accidentellement mauvaise à cause de la raison qui se la représente ainsi." (Ia, 11ae question XIX art. 5 cité par François Varillon dans : "Un abrégé de la foi catholique").

UN CHEMINEMENT PARMI D'AUTRES
Il ne sera peut-être pas superflu que je mentionne ici un cheminement parmi d'autres ; le mien. Cela permettra au lecteur de comprendre certaines insistances tout au long des chapitres qui suivent. Elles s'expliquent par ce cheminement.
Après avoir vécu mon enfance et mon adolescence dans la foi chrétienne, après la ferveur un peu sentimentale du noviciat, j'ai été initié à une recherche philosophique de la vérité grâce à la clarté pédagogique de notre professeur de philosophe Monsieur Michel Lloret, dans la maison des Lazaristes de Paris.
Cette recherche est devenue pour moi totalement indépendante et insensiblement, j'ai cessé d'être  chrétien. En toute sincérité j'ai cru pouvoir vérifier toute théorie par les forces de ma propre intelligence.
La philosophie hindouiste du Vedanta (PPchap2_5) m'est apparue comme évident : "Dieu est tout et il n'y a rien en dehors de lui". En tout cas, je ne faisais plus confiance à aucune autorité religieuse, ni même à Jésus.
Tout cela s'était passé sans que je m'en rende compte clairement. C'est à l'occasion des premiers cours de théologie où, parfois, le professeur appuyait ses affirmations sur l'autorité de Jésus que j'ai pris conscience que je n'étais plus chrétien, que j'étais engagé dans une réflexion purement rationnelle, rationaliste. Cette prise de conscience exigeait un choix conscient; maintenir mon attitude rationaliste ou devenir chrétien d'une manière nouvelle après un choix conscient et motivé.

Deux pages (187-188) de GUARDINI (1885-1968) dans le tome II de son livre "Le Seigneur" accentuaient la difficulté du choix en me faisant comprendre que, pour devenir vraiment chrétien, il fallait accueillir les paroles de Jésus non seulement comme UNE autorité valable mais plus radicalement comme le critère décisif, LA NORME DE LA VÉRITÉ, dans les domaines où Jésus avait pris position. (Dans certains domaines, il dit "rendez à César ce qui est à César").
C'est le livre de Jean Guitton édité par Grasset en 1956 (nous étions en 1958) qui m'a fourni alors les premières motivations pour me pousser à abandonner mes prétentions rationalistes en faisant confiance à Jésus comme autorité venue de Dieu et en fonction de laquelle j'allais désormais tout mesurer, tout juger.
Jean GUITTON expliquait que des juifs adorant à l'égal de Dieu, un homme, plus exactement un homme crucifié, c'est à dire apparaissant comme maudit par Dieu (Dt 21,23; Gal 3,13), cela constituait un fait historique important absolument nouveau dont il faut trouver une origine plausible (voir PCchap2)
Jean GUITTON montre que l'hypothèse d'un "Dieu qui s'incarne" et celle d'un "esclave divinisé" se détruise l'une et l'autre. Ne résiste à l'examen que l'explication donnée par les intéressés eux-mêmes, les apôtres, qui affirment avoir rencontré Jésus non seulement ressuscité, vivant mais "élevé", exalté "dans la gloire de Dieu". Le livre de GUITTON qui n'est pas très clair reprend d'ailleurs un raisonnement que l'on trouve déjà chez CHRYSOSTOME (350-407) et qui a été exposé plus clairement par un journaliste italien MESSORI dans "Hypothèse sur Jésus, (Mame 1979).

D'AUTRES MOTIVATIONS
Trente cinq ans après cette réflexion, mon choix de faire désormais confiance aux paroles de jésus (telles qu'elles sont en fait transmise dans les quatre Évangiles, lus selon la tradition ecclésiale) me parait toujours valable. Mais d'autres motivations sont venues s'ajouter à la première :
        - Les paroles de Jésus me semblent suffire pour convaincre un homme honnête de leur vérité interne; comme j'ai pu le constater par la conversion d'un ami agrégé de philosophie qui est passé, par la seule lecture des Évangiles, de l'athéisme à la foi chrétienne orthodoxe.
        - Plus profondément. C'est l'expérience d'une vie vécue selon les quatre Évangiles qui constitue l'argument décisif en faveur de la foi en Jésus comme l'explique PASCAL (1623-1662) dans les "Pensées", qui constitue jusqu'à nos jours le meilleur livre pour disqualifier le naturalisme et montrer qu'il est raisonnable de croire en Jésus.
De multiple expérience m'ont prouvé que dans le mesure où je répond à toutes les exigences des quatre Évangiles, mon bonheur augmente même au milieu des épreuves. Dans la mesure où, trop souvent, je me suis éloigné de Jésus par mon comportement, j'ai perdu un peu de bonheur.
Le dévouement pour les plus petit est selon Mt25,40 le lieu "privilégié" de cette double expérience.

DIVERSITÉ DES CHEMINEMENTS
Ce  cheminement personnel est un cheminement parmi d'autres.
Prêtre depuis 1961, j'ai pu dialoguer directement, en français, avec des hommes et des femmes de toutes opinions, athées, agnostiques, hindous, bouddhistes, animistes, musulmans, juifs, chrétiens catholiques, orthodoxes, protestants et anglicans.
J'ai découvert qu'il n'y avait pas deux cheminements identiques.
Beaucoup sont incapables d'expliquer les motivations de leur choix car la partie spéculative de leur personnalité est moins développée que leur intelligence intuitive.
Malgré cette constatation fréquente, je demeure persuadé qu'une recherche philosophique peut permettre à certains de passer du rationalisme à la foi chrétienne. Cette même recherche  philosophique  permet à d'autres de devenir de nouveau chrétien après une enfance chrétienne et une phase de doute et de retrait. Cette recherche permet à d'autres enfin de devenir chrétien plus consciemment et plus radicalement.

DISCERNEMENT
Deux motifs complémentaires pourraient encourager ceux qui ont déjà clairement choisi de progresser sans fin dans leur conversion chrétienne à  lire quand même une Histoire de la Pensée.
Tout d'abord, une certaine connaissance des philosophies et des croyances du passé permet seule, de discerner dans ce qu'on appelle "le christianisme" les éléments évangéliques et les éléments étrangers et même opposés à la révélation évangélique.
Un exemple seulement : dans ce qu'on appelle la "spiritualité chrétienne" il y a souvent une contamination de l'insensibilité orgueilleuse et indifférente du stoïcisme. Plus connue est l'influence de la philosophie d'Aristote dans la théologie catholique.
Le deuxième motif qui peut nous encourager à rechercher une certaine information des tendances philosophiques et religieuses, même si le choix de la foi chrétienne a été fait consciemment, c'est la nécessité de reconnaître ces diverses tendances chez ceux que nous devons accompagner dans leur cheminement.

CHRÉTIENS ET DONC PHILOSOPHES
Il faut revenir à l'objection inverse de ceux qui ne sont pas chrétiens et qui peuvent souvent penser qu'un chrétien ne peut pas être philosophe. Ici aussi, on peut  défendre la position contraire en constatant un fait : ce sont des chrétiens comme PASCAL (1623-1662), KIERKEGAARD (1813-1855) et Gabriel MARCEL ((1889-1973) qui ont le plus clairement abordé la question décisive de la mort et du mal injuste.
Ceux qui au contraire s'enferment dans les limites étroites d'un rationalisme fanatique et sectaire et d'un scepticisme stérile ont été conduits à réduire la philosophie à une discussion interminable et incompréhensible pour la masse et qui traite seulement de l'impossibilité d'une métaphysique. Nous reverrons toutes ces évolutions  surtout au long des chapitres de la troisième période et nous donnerons  en quelques paragraphes une première idée des progrès ou des régressions  dans l'histoire de la pensée.

V/ Trois grandes périodes
Avant de lire un livre d'histoire, il est bon de prendre conscience que toute présentation historique est INCOMPLÈTE et que, même si  elle est honnête et objective, elle n'est pas NEUTRE.
INCOMPLÈTE
Toute Histoire est incomplète à cause de deux obstacles insurmontables.
    - Dans certains cas, il n'y a pas assez de documents. C'est le cas pour l'histoire des hommes qui  ne possédaient pas l'écriture. Si, pour ce que nous désignons par le mot Irak aujourd'hui, les historiens peuvent écrire une histoire de 5000 ans, pour ce qui s'appelle aujourd'hui États-Unis, l'histoire est réduite au 500 dernières années. Mais l'absence d'écriture ne prouve pas l'absence de pensée. L'histoire est donc incomplète.
    - Le plus souvent l'obstacle est au contraire dans la surabondance des documents qu'aucun spécialiste ne peut matériellement déchiffrer et lire lui-même; il ne peut être "COMPLET" dans sa documentation et de plus il ne peut recopier TOUS les documents, il fait un CHOIX en fonction de ce qu'il CROIT être important.
Tout historien choisit ce qu'il considère comme important. Même s'il est objectif et n'attribue pas à un auteur des idées qu'il n'a pas défendues, il fait trois choix que j'ai mentionnés dès l'introduction générale.
    - Il privilégie l'une ou l'autre question. Tel historien ne parle que des opinions politiques des philosophes. Je vais concentrer mon attention sur les réponses de l'éthique.
    - Chaque historien a nécessairement une préférence pour une réponse et le lecteur a déjà compris que je préfère la morale de bonheur d'ARISTOTE, d'AUGUSTIN et de PASCAL à la morale de devoir de KANT.
    - Enfin chaque historien de la Pensée est affronté à la place de la Révélation évangélique qui influence la Pensée en Europe depuis 2000 ans. Tel historien réduit la pensée à la philosophie rationaliste. Je donne au contraire une place centrale à la Révélation évangélique tout en exposant toutes les philosophies et les croyances dont j'ai pu prendre connaissance depuis 40 ans par des lectures et des rencontres très diverses.
Comme chaque historien donc, j'ai fait des choix et les ai exprimés, tout d'abord par une division en Trois grandes périodes et ensuite en façonnant des titres de chapitres.
Le temps est  venu d'expliquer l'origine de cette division. Il y a le calendrier universel, le record mondial de l'édition et le contraste entre deux mondes que j'ai côtoyés depuis 33 ans, le monde pré-chrétien et le monde post chrétien.

CALENDRIER
Dans un  article du "Monde" en mai 1993, un journaliste parle des années 60 de notre ère : "ainsi calculée, dit-il, en fonction de la naissance... de quelqu'un qui préoccupe encore la planète...". Il s'agit bien sûr de Jésus.
Qu'on le regrette ou qu'on s'en réjouisse, la plupart de nos contemporains utilisent un calendrier qui, avec une erreur approximative de sept ans, compte les années en commençant avec la naissance de Jésus de Nazareth. Dans ce fait, on pourrait déjà voir un motif pour une première division dans l'histoire de la Pensée. Avant Jésus (ACN) Après Jésus (PCN).

RECORD DE L'ÉDITION
Plus important, il y a le livre des quatre Évangiles qui est le plus souvent imprimé, le plus souvent lu, dans le nombre de dialecte le plus grand. Et pourtant, on trouve encore des Histoires de la Pensée qui ne prennent pas le soin de présenter ce texte mais seulement les commentaires plus ou moins incomplets qu'en on fait les théologiens et les philosophes postérieurs.

CONTRASTE
En plus de ces deux faits indiscutables du calendrier et du record des lectures, un troisième motif m'a poussé à faire de la Révélation évangélique le moment qui sépare les deux premières périodes de l'histoire de la pensée.
Depuis plus de 33 ans, ma vocation missionnaire m'a conduit a faire un va et vient incessant entre deux mondes culturels vraiment différents et à découvrir ainsi l'importance de la Révélation évangélique dans tous les domaines de la vie.

UN MONDE PRÉ-CHRÉTIEN
Tout d'abord, pendant un mois parfois, je vis avec des population qui, dans leur majorité, n'ont pas encore été influencées par le judéo-christianisme.
    - On n'y trouve pas la distinction chrétienne du sacré et du profane mais la confusion animiste.
    - On n'y trouve pas l'espérance chrétienne d'un avenir meilleur mais un attachement excessif aux coutumes ancestrales.
    - On n'y trouve pas l'autonomie évangélique de la personne individuelle qui a permis ailleurs les initiatives et le progrès mais l'excessive
       pression  du clan et des anciens.
    - On n'y trouve pas l'égalité fraternelle  proclamée par Jésus mais l'inégalité, surtout celle de la femme et de certains villages rejetés.
    - On n'y trouve pas l'ascèse chrétienne qui a entraîné jadis les Européens vers l'épargne et l'investissement, mais le seul souci de l'immédiat
       quotidien.
    - On n'y trouve pas l'estime du travail manuel apporté par "le charpentier" (Mc 6,3) mais l'envie de s'en décharger sur le plus faible.
    - On n'y trouve pas le pardon évangélique des ennemis que le Mahatma Gandhi a enseigné au monde moderne, mais les rancunes multiséculaires.
Certes il y a dans ces sociétés l'aspect positif d'une solidarité puissante sur laquelle je reviendrai en présentant leur philosophie (voir PPchap1) mais aussi l'aspect négatif d'une quasi immobilité multiséculaire.

UN MONDE POST-CHRÉTIEN
Sans cesse, depuis plus de 33 ans, après ces plongées dans un monde pré-chrétien, je suis appelé à des fonctions d'enseignement de philosophie qui me mettent en contact avec un monde post-chrétien qui a été influencé par la révélation évangélique, même s'il prétend la rejeter progressivement. Tous ces Européens naïf  qui ne lisent plus les Évangiles et ne connaissent pas non plus les mentalités préchrétiennes ne peuvent comprendre que les idées et les idéaux dont ils vivent sont d'origine chrétienne et qu'ils ont tort d'abandonner ce qui a été la source de leurs progrès dans beaucoup de domaines. Leur éloignement progressif des Évangiles d'autre part a déjà entraîner le début de leur déclin.
    - Ils ont abandonné l'effort de maîtrise sexuelle et l'ascèse chrétienne qui humanisaient leurs ancêtres et ils sont donc concurrencés par l'Asie qui a gardé l'ascèse bouddhiste.
    - Ils ont perdu l'espérance chrétienne et on compte déjà les tentatives de suicides par centaine de milliers (voir TPintro)
    - Ils n'entendent plus les proclamations évangéliques de fraternité et le racisme antique réapparaît déjà tout naturellement.
Toutes ces conséquences de l'abandon de la Révélation évangélique prennent leur source dans les tentatives de rationalité pure qui commencent avec DESCARTES.
Certes, il y a avant DESCARTES des rationalistes antichrétiens, mais on peut avec la majorité des historiens situer les premières "RÉDUCTIONS NATURALISTES" modernes vers 1600 date qui donc, a été choisie pour séparer la deuxième et la troisième période de l'Histoire de la Pensée.
Bien sûr, il y a dans cette troisième période des progrès dans certains domaines comme la science, la technique, la politique et l'économie. Mais la réflexion philosophique concernant le choix du bonheur de la personne individuelle est souvent abandonnée au profit de disputes interminables sur l'origine de la connaissance ou l'organisation de la société.
Heureusement face à la tentative naturaliste de DESCARTES se lève déjà la démonstration géniale de PASCAL qui disqualifie le naturalisme.
Tout au long de ces quatre siècles de la philosophie moderne, la Révélation évangélique est également mise en valeur par de grands écrivains qui seront rapidement présentés plus loin.
Quand à nous, nous avons le choix de vire à la "fin des temps modernes" (Guardini Seuil 1952) et même à l'époque de la post-modernité" et surtout à l'époque du PLURALISME.
Tout en étudiant qui en prend les moyens peut aujourd'hui avoir des contacts directs avec plusieurs opinions et découvrir que la période qui va de la Révélation évangélique à 1600, est la période centrale de l'Histoire de la Pensée même si elle a des lacunes, surtout dans le domaine de la science de la technique et de l'organisation politique.

TROIS PÉRIODES
Seul le lecteur qui prendra le temps de lire cette Histoire pourra comprendre et apprécier cette division en trois périodes, les titres et sous-titres. Je les ai formulés lentement à la suite de la lecture de centaines de livres qui se contredisent, et à la suite de ce passage incessant d'un monde culturel à un autre. Il m'a fallu me libérer de l'impérialisme rationaliste. Il voulait imposer le mépris de la période centrale en l'appelant "Médiévale" et prétendait découvrir une volonté rationaliste chez les philosophes grecs, ce qui est totalement anachronique comme le prouvent les textes grecs eux-mêmes.
Nous découvrirons toutes ces erreurs d'interprétation au  long des chapitres qui vont suivre.
Voici donc les titres et les sous-titres formulés pour caractériser les trois grandes périodes de l'histoire de la Pensée.

A/ PREMIÈRE PÉRIODE  -350.000   +30
L'UNIVERSELLE RECHERCHE DU VRAI BONHEUR AVANT LA RÉVÉLATION ÉVANGÉLIQUE

1. Trois croyances religieuses
méritent une attention particulière du lecteur;
- Le relation-nisme vitaliste caractérisé par l'importance des relations familiales et claniques (PPchap2_1)
- L'espérance d'Israël avec les dix commandements du Sinaï (PPchap2_3)
- L'hindouisme d'après lequel tout ce qui m'arrive en cette vie résulte de ma vie précédente tout comme je paierai les actions présentes dans ma vie suivante (PPchap2_5)
2. Socrate
Une des plus importantes personnalités de l'antiquité c'est bien sûr SOCRATE. Peut-on choisir quelques mots de lui "Fais le bien, même seul, même au prix de ta vie, car il faut croire que Dieu n'abandonne pas l'homme juste" dit-il dans son apologie transmise par Platon. (PPchap4)
3. Aristote
ARISTOTE dans son "Éthique à Nicomaque" montre que tous les hommes cherchent leur bonheur mais qu'ils le cherchent sur des chemins différents.
L'argent n'est qu'un moyen, les plaisirs du corps qui ne peuvent suffire car nous ne sommes pas qu'un corps, les honneurs qui dépendent trop du caprice des autres, les relations amicales à propos desquelles Aristote écrit de très belles pages, mais, ajoute-t-il, elle exige beaucoup de conditions et de plus "elle est impossible en cas d'inégalité, elle est donc impossible avec Dieu et avec  un esclave". Il lui arrive même de dire "Amis, il n'y a pas d'amis". Essayons d'être heureux mais "comme un homme peut l'être ! c'est à dire médiocrement. (PPchap6)
4. Bouddha
LE BOUDDHA qui a vécu avant SOCRATE peut cependant être présenté après lui et même après ARISTOTE car il tire déjà une conclusion à laquelle on arrive après eux, avec les philosophes hellénistiques; puisque aucun désir ne peut-être assouvi, il faut tuer tout désir. Le bouddhisme originel est sans doute le sommet de la sagesse purement rationnelle. (PPchap2_6)
5. Marc Aurèle
Il est le dernier auteur que j'ai choisi comme représentatif de l'antiquité car sa loyauté et son infinie tristesse, son renoncement au bonheur constitue un bilan réaliste de "l'universelle recherche du vrai bonheur" avant la Révélation évangélique.
Je ne puis assez encourager ceux qui  en ont les moyens de lire "Les pensées pour moi-même" écrites par Marc Aurèle. Cet empereur romain nous permet, sans préparation spéciale, de prendre un contact direct avec une pensée claire et vraiment indépendante de la Révélation évangélique (même si, en fait, cet empereur philosophe a vécue entre 121 et 180 après Jésus.)
On ne peut apprécier un univers mental qu'en le comparant avec une autre vraiment différent.
La plupart des soi-disant "rationalismes" de notre temps sont en fait métissés de valeurs chrétiennes qui les rendent attrayants mais qui ne peuvent être défendus dans le cadre de la pure rationalité.
Prenons au moins un contact avec une pensée préchrétienne accessible à tous grâce à sa clarté, pour pouvoir ensuite percevoir la nouveauté de la deuxième période de l'Histoire de la Pensée.
Certes d'autres pensées non chrétiennes existent encore de nos jours mais il est assez difficile de les comprendre. Tout le monde ne dispose pas de plusieurs dizaines d'années pour entrer dans la logique de ces mentalités.
Par contre,n'importe qui peut lire le livre de MARC AURÈLE : ¨"Pensées pour moi-même". (PPchap7_3)

B/ PÉRIODE CENTRALE (30-1600)
L'évolution DES PHILOSOPHIES ET DES CROYANCES DEPUIS LA RÉVÉLATION ÉVANGÉLIQUE  JUSQU'AU PREMIÈRES TENTATIVES DE RATIONALITÉ PURE.

Claude LÉVI-STRAUSS, dans ses livres, semble dire que toutes les cultures ont leur cohérence (ce qui est vrai)... et qu'elles se valent donc toutes, (ce qu'il ne pense pas vraiment puisqu'il n'a pas passé toute sa vie dans telle ou telle peuplade qu'il a étudiée).
Mais il a raison de dire que "l'on apprécie qu'en comparant". Et c'est en comparant un monde préchrétien et un monde postchrétien pendant 33 ans, que j'ai compris que les  progrès des EUROPÉENS s'expliquaient surtout par l'influence de la Révélation évangélique chez eux.
Les rationalistes qui voudraient ignorer les Évangiles dans une Histoire de la Pensée devraient réfléchir sur l'importance dans l'Histoire de :
    - la distinction chrétienne du sacré et du profane
    - l'espérance chrétienne d'un avenir meilleur
    - l'autonomie évangélique de la personne individuelle
    - l'estime du travail manuel
    - la proclamation évangélique : "Vous êtes tous des frères", origine de l'idée d'égalité
    - l'ascèse chrétienne qui a permis l'épargne et l'investissement
    - du pardon évangélique qui a finalement limité le cycle des vengeances.
Énumérer une deuxième fois ces sept racines évangéliques et des progrès qui influencent désormais le monde entier ne doit pas me conduire à  oublier l'importance de la rationalité grecque et de la légalité romaine qui, avec le judéo-christianisme ont crée la civilisation qui s'impose au  monde entier.
Cette énumération ne doit encore moins faire croire que la Révélation évangélique a seulement contribué au progrès économique, politique et culturel de l'humanité.

Le premier chapitre de la deuxième période donne un premier aperçu du bouleversement apporté par les quatre Évangiles dans les cinq parties de la philosophie.
A la question épistémologique correspond le thème de la révélation.
A la question de l'ontologie correspond le  mystère insondable de la divinisation de l'homme en Jésus.
A la question du bonheur correspond l 'amour venu de Dieu qu'ARISTOTE ni le BOUDDHA n'osaient espérer et le pardon pour l'homme injuste que SOCRATE lui-même n'avait pas imaginé.
A la question de la société correspond le commandement du pardon que l'antiquité ignore même si elle connaît le don .
A la question de l'au-delà de la mort correspond l'annonce de la félicité éternelle.

Ni ces quelques lignes, ni le premier chapitre de la deuxième période ne peuvent donner une idée suffisante de la nouveauté des Evangiles pour l'Histoire de la Pensée. Bien sûr, ceux qui sont contaminés par le rationalisme peuvent penser que tout cela est trop beau pour être vrai. Le deuxième  chapitre essaie de leur expliquer comment on peut raisonnablement passer du rationalisme à la foi chrétienne.

Les cinq chapitres consacrés au 1600 ans de la Période Centrale présentent des dizaines d'auteurs, situent la naissance de l'Islam, les querelles théologiques en Orient et en Occident avec leurs répercussions en philosophie, la naissance de la science avec Copernic.
Puisque j'ai risqué un choix de cinq noms pour l'antiquité, j'en risque un pour cette période. Mais mon point de vue étant particulier, chaque lecteur pourra privilégier d'autres noms.
1. Augustin - PCchap4_3 division IX
- Face à ARISTOTE qui ne retient que quatre chemin vers le bonheur : argent, plaisir, honneurs et amitiés humaines, AUGUSTIN éclairé par la Révélation évangélique révèle que le bonheur qui peut combler l'homme en disant à Dieu : "Tu nous a créés ayant le désir de Toi...".
    . Il s'accorde avec le BOUDDHA en constatant "... et notre coeur reste insatisfait".
    . Mais il connaît l'issue ignorée par le BOUDDHA "...tant qu'il ne repose pas en Toi".
    . Il corrige SOCRATE qui "croyait" déjà que "Dieu n'abandonne pas l'homme juste" en ajoutant  que "par le pardon, Dieu rend juste l'homme injuste".
Pourquoi le cacher ? Malgré ses excès de langage, c'est sans doute cet auteur qui m'a le plus aidé, même si PASCAL est irremplaçable pour disqualifier le naturalisme moderne.
2. Bernard - PCchap5
BERNARD de Clairvaux est le deuxième auteur choisi pour cette période et cela grâce à Auguste COMTE qui considère comme un des meilleurs livres de l'histoire son "Comment Dieu doit être aimé". C'est en lisant ce livre de Bernard de Clairvaux  que j'ai distingué pour la première fois CINQ FORMES de l'amour envers DIEU.
    -Le désir de Dieu comme le seul bonheur qui peut me combler. Cette première forme est très bien explicité chez AUGUSTIN.
    - La reconnaissance que l'on trouve bien sûr chez tous les mystiques chrétiens mais dont le spécialiste est BERNARD lui-même.
    - Les trois autres formes de l'amour envers Dieu sont illustrées par les trois noms suivants pour lesquels je me permets de ne pas suivre l'ordre chronologique : Ignace de Loyola, Vincent de Paul, Thérèse d'Avila.
3. Ignace de Loyola - PCchap7_4
souligne que le désir du bonheur en Dieu entraîne la troisième forme de l'amour. L'obéissance : faire la volonté de Dieu et essayer de la discerner.
4. Vincent de Paul - TPchap4
peut-être choisi comme un des spécialistes de la quatrième forme de l'amour envers Dieu : le dévouement envers les plus démunis exigé avec une force particulière dans le 25e chap. de Matthieu.
5. Thérèse d'Avila - PCchap7_7
nous révèle le terme, la dernière forme de notre amour envers Dieu. C'est Dieu qui finalement absorbe la personne humaine dans l'extase mystique.
C'est un philosophe non chrétien, BERGSON, qui accordera confiance à ce témoignage des mystiques pendant que les théologiens seront fascinés par les réducteurs de la troisième période.

C/ TROISIÈME PÉRIODE  1600 - 1993
RÉDUCTIONS NATURALISTES MODERNES ET PLURALISME CONTEMPORAIN

Si on me demande de caractériser les 400 ans de la troisième période, je choisis le mot RÉDUCTION. Alors que pendant la période précédente les plus grands penseurs donnent un rôle à la philosophie naturelle d'une part et à la théologie surnaturelle d'autre part,  trop de penseurs de la troisième période RÉDUISENT la Pensée à ses dimensions naturelles, rationnelles, philosophiques. C'est la réduction NATURALISTE. Ce n'est pas tout, j'ai choisi 10 noms pour montrer que beaucoup d'auteurs sont encore plus étroits.

        1. Pour DESCARTES tout se réduit aux mathématiques
        2. Pour KANT tout se réduit à  la physique et au devoir.
        3. Hegel ne connaît que l'histoire collective.
        4. D'après MARX l'homme se réduit au travail, à l'économie
        5. Pour LÉNINE il n'y a que la lutte politique
        6. Pour NIETZSCHE, il n'y a que la création artistique par laquelle l'homme peut se faire Dieu et écraser les autres.
        7. COMTE ne connaît que la Science.
        8. DARWIN explique tout par l'évolution.
        9. SARTRE réduit l'homme à une liberté arbitraire.
        10. A l'opposé, LÉVI STRAUSS réduit l'homme à un produit de la culture.

Ces diverses réductions s'opposent les unes aux autres mais elles s'accordent à refuser la Révélation évangélique et à réduire l'homme à sa vision naturelle en refusant la Révélation évangélique. C'est ce que j'ai appelé des réductions naturalistes. Elles ne sont pas compensées par les progrès enregistrés en science, en technique et en politique.

PASCAL
Des dizaines d'autres auteurs seront rapidement présenté et certains d'entre eux s'opposent à la réduction naturaliste qui caractérise la troisième période de l'histoire de la Pensée. Parmi eux un génie Pascal. C'est l'auteur le plus important de la troisième période.

PLURALISME CONTEMPORAIN
Cependant, il faut pour terminer cette présentation synthétique de la Troisième période souligner le deuxième sous-titre : le pluralisme contemporain.
Cette pluralité d'opinion que j'ai pu étudier dans des livres ou rencontrer chez des amis me pousse à préférer la période contemporaine à toutes celles qui ont précédé. Plus que les hommes des siècles précédents, nous pouvons répondre en connaissance de cause à la question : QUE VAIS-JE CHOISIR POUR DEVENIR VRAIMENT HEUREUX ?

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