Avant d'exposer les "RÉPONSES" proposées par "LES" PHILOSOPHES il faut
formuler clairement
I/ les cinq
questions de "la" philosophie
rappeler rapidement
II/
les significations successives du mot
philosophie
poser deux questions
III/
historien ou philosophe ?
IV/
philosophe ou chrétien ?
et expliquer la division en
V/
trois grandes périodes
A/ Antiquité -350000 +30
B/ Période centrale 30 à 1600
C/ Période moderne et contemporaine 1600 à 1993
___________________________________________________________________
I/ Les cinq questions de "la" philosophie
II/ Les significations
successives du mot philosophie
Concentrer ainsi toute la réflexion philosophique autour de cinq
questions principales et choisir comme question centrale "Que vais-je choisir
pour devenir heureux ?" revient à donner une signification de la philosophie.
Cela est légitime si on ajoute ensuite qu'il y a eu dans le passé et qu'il y a
actuellement d'autres définitions.
Le plus simple est de les énumérer dans l'ordre chronologique car il y a tout
une "histoire" des significations successives du mot philosophie.
Le mot "sophos" d'où vient la deuxième partie du mot philosophie désignait dans
la langue grecque ancienne tout homme "compétent" dans un domaine ou dans un
autre. C'est sans doute Pythagore qui place avant le mot "sophos", le mot
"philo" qui veut dire "aimer", "rechercher"; ne pas prétendre être déjà un sage.
Le philosophe est celui qui recherche la sagesse.
1- SAGESSE ÉTHIQUE
Le véritable fondateur de la philosophie, SOCRATE, en répétant sans cesse :
"Connais-toi toi-même, occupe toi de ton âme, recherche la justice !" place déjà
l'éthique, la morale, au centre de cette réflexion. Tous ceux qui reconnaissent
Socrate comme le père de la philosophie devraient reconnaître que cette
signification comme sagesse éthique et morale l'emporte chronologiquement sur
les autres significations.
Mais ses successeurs vont abandonner cette insistance et le mot philosophie va
recevoir une signification plus générale.
2- COMPRÉHENSION GLOBALE
Tout au long des siècles et encore aujourd'hui, chez certains professeurs, le
mot philosophie désigne un effort de compréhension globale, synthétique de
toutes les connaissances humaines. Dans l'antiquité la philosophie englobe non
seulement les connaissances rationnelles mais aussi les croyances religieuses.
Les philosophes grecs ne sont pas rationalistes et encore moins athées.
SOCRATE dit qu'il faut "CROIRE que les dieux n'abandonnent pas l'homme juste" et
PLATON qu'il faut "CROIRE les saintes traditions religieuses qui nous disent
qu'il y a un jugement de l'âme après la mort".
Si on s'enferme dans la définition rationaliste de la philosophie, il n'y a plus
de philosophie antique; à moins de charcuter ces auteurs et de rejeter leurs
croyances religieuses qui sont une partie essentielle de leur pensée.
3- RECHERCHE RATIONNELLE
Ce ne sont pas les philosophes grecs, ce n'est pas DESCARTES qui a apporté la
première réduction du domaine de la philosophie, c'est ALBERT LE GRAND
(1193-1280) qui en comparant les textes d'ARISTOTE et les convictions
chrétiennes, perçoit vraiment la différence entre ce qui est purement rationnel
et ce qui est révélé. Il retire les dogmes théologiques de la compétence de la
philosophie et définit le philosophe en disant : "La caractéristique du
philosophe c'est, lorsqu'il dit quelque chose, de le dire avec des PREUVES
RATIONNELLES". (PCchap6).
Cette première limitation du domaine de la philosophie n'enlève pas encore la
confusion qui demeure entre la philosophie et ce que nous appelons la "Science".
4/ DES QUESTIONS RETIRÉES DE LA COMPÉTENCE PHILOSOPHIQUE
On peut attribuer au polonais COPERNIC (1473-1543), le mérite d'avoir retiré du
domaine de la philosophie les premières parties de "LA SCIENCE" en disant "les
mathématiques doivent être jugées par les mathématiciens" et non pas par les
théologiens, ni même par les philosophes. (voir
PCchap2).
Les mathématiques et l'astrologie sont donc les premières sciences à proclamer
leur "indépendance" en se séparant de la philosophie. Suivrons toutes les
sciences exactes qui étudient les QUESTIONS concernant les êtres entièrement
déterminés qui ne font pas de choix libre (physique, chimie, etc...). Plus
récemment ce sont les sciences humaines qui ont quitté la philosophie pour
rejoindre la partie plus "respectable" de la "science".
Psychologie, sociologie, ethnologie, anthropologie, politologie, droit,
économie, histoire... veulent être scientifiques. Même la logique a changé de
"camp". La linguistique est non seulement une science exacte mais veut récupérer
ce qui subsiste de la réputation ancienne du mot philosophie, en prétendant
qu'il n'y a plus d'autres philosophie que celle du langage... (TPchap9)
5/ RÉTRÉCISSEMENT ÉPISTEMOLOGIQUES SUICIDAIRES
Depuis quatre siècles, non seulement, les questions multiples sont enlevées de
la compétence de la philosophie mais les philosophes de leur côté diminuent
laborieusement leur propre capacité.
Le sixième chapitre de la troisième période (TPchap6) énumère toute une suite de
philosophes autour de Kant, avant lui et après lui, qui réduisent pratiquement
la philosophie à une suite interminable de discussions stériles axées uniquement
sur les origines de la connaissance. (TPchap6)
Ce n'est pas tout. Ils aboutissent à la conclusion que la connaissance est
impossible. Nous assistons ainsi à un suicide de la philosophie. De cette époque
également date la mauvaise habitude d'employer un jargon, c'est à dire un
vocabulaire très spécialisé. Il y a heureusement des exceptions même parmi les
philosophes contemporains.
6/ LE RENOUVEAU DE L'ÉTHIQUE
Heureusement, plusieurs philosophes modernes et contemporains redonnent au choix
du vrai bonheur sa place centrale comme nous le verrons au 8e chapitre de cette
troisième période avec Biran, Schopenhauer, Kierkegaard, Nietzsche et
Blondel...(TPchap8).
7/ TROIS FRONTIÈRES OUVERTES
Ces quelques lignes suffisent à montrer que le mot philosophie pourrait être
employé avec plusieurs significations. Voici les trois frontières qui seront
respectées dans les pages qui suivent, même si "l'Histoire de la Pensée" doit
être ouverte aux territoires voisins de la Science, des Croyances et de
l'Expression Artistique et ne pas se limiter aux réponses rationalistes
exprimées en termes spécialisés.
a/ Seront considérées comme philosophiques, les questions dont dépend le choix
du vrai bonheur, les questions liées à l'éthique. Mais nous signalerons les
étapes des progrès scientifiques.
b/ Seront considérées comme philosophiques, les réponses purement rationnelle,
sans le recours à aucune autorité. Mais puisqu'il n'est pas raisonnable de
s'enfermer dans ce rationalisme nous donnerons aux croyances et aux théologies
la place qu'elles méritent dans une "Histoire de la Pensée" qui n'est pas
seulement une histoire des philosophie.
c/ Est philosophique, une expression explicitée et même abstraite.
Mais nous resterons attentifs à l'expression artistique, spécialement la
littérature et la musique.
On peut même penser que l'expression artistique des convictions philosophiques
ou théologiques exerce une plus grande influence que l'expression des
philosophes professionnels.
III/ historien ou philosophe ?
Confucius a dit "- Étudier sans réfléchir ne sert à rien".
réfléchir sans étudier est périlleux.
En ajoutant quelques mots à cette formule, nous pouvons comprendre la relation
entre l'étude des philosophes (l'histoire)
et la recherche de la sagesse
(philosophie).
- Étudier l'histoire des réponses philosophiques sans réfléchir personnellement
sur le choix du Vrai bonheur est une perte de
temps.
- Mais réfléchir d'une manière trop isolée sur le bonheur sans étudier les
autres opinions est dangereux.
Ainsi donc, deux excès doivent être évités dans l'étude de l'Histoire de la
pensée :
- La refuser en prétendant mener une réflexion totalement indépendante.
- Ou en rester à un stade purement informatif.
Pour éviter ces deux illusions, quelques minutes de réflexion suffisent.
1- Une objection faite contre la nécessité d'une histoire de la pensée, c'est de
dire qu'un philosophe est un homme qui recherche le vrai bonheur par les forces
de sa propre raison et qui donc refuse de s'appuyer sur des écrivains du passé
et s'isole dans la solitude et le silence comme le font les sages de l'Inde.
Comme toujours, il y a du vrai dans cette position excessive. Il est vrai qu'on
devient vraiment une personne humaine, que lorsqu'on choisit personnellement des
convictions fondamentales et un comportement correspondant.
Mais ce choix doit être personnel, il doit aussi être fait en connaissance de
cause, c'est à dire grâce à la connaissance des opinions et des comportements
les plus divers, grâce en partie à une Histoire des philosophies et des
croyances religieuses.
2- Cette insistance sur le choix personnel peut cependant nous mettre en garde
contre une insistance trop grande sur le mot "Histoire" qui se trouve dans le
titre "Histoire de la pensée".
Dans la mesure où on peut le savoir, il
semble que la plupart des cours intitulés "cours de philosophie" ne sont plus
une initiation à la recherche de la vérité ou du vrai bonheur mais au contraire
une entreprise systématique de démoralisation sceptique, agnostique et
relativiste.
Sous le voile d'une neutralité illusoire ou mensongère, le professeur expose
objectivement, soigneusement des convictions diverses, mais en "oubliant" celles
qui lui déplaisent. Il est parait-il un "historien".
En fait lui-même, chacun de nous, chaque homme est d'abord un philosophe.
Lorsqu'il a terminé son "cours", le professeur qui prétend ne pas prendre
position fait des choix chaque jour. Il trompe ou il est loyal avec sa femme et
ses enfants. Il met au dessus de tout l'argent ou les plaisirs ou les honneurs
ou telle relation humaine. Il prie ou ne prie pas. Le choix est fait et le
professeur en retire, il en retirera plus ou moins de bonheur et de malheur.
3- Le lecteur a compris. Si je dois choisir entre
le titre d'historien et celui de philosophe, le choix sera vite fait. Je veux
être un homme heureux et non pas la mémoire d'un ordinateur, même si je suis
reconnaissant au dévouement des philosophes innombrables qui m'ont permis
de présenter à mon tour une histoire de la Pensée.
Si depuis 1956 j'ai consacré beaucoup de temps à étudier toutes les croyances,
toutes les philosophies et toutes les théologies, ce n'était pas uniquement pour
m'informer mais surtout pour pouvoir choisir en connaissance de cause les
convictions et les comportements qui me conduiront au Vrai bonheur et pour
pouvoir accompagner d'autres dans cette recherche.
Voilà pourquoi tout au long des trois périodes de cette histoire, le lecteur ne
trouvera pas seulement une information mais aussi une conviction. Il lui sera
très facile de rencontrer des convictions contraires ou au moins différentes et
de choisir lui aussi en connaissance de cause.
IV/ Philosophe ou chrétien ?
Avant d'expliquer la division de cette Histoire de la Pensée en trois grandes
périodes, une autre clarification doit être faite dans cet exposé préalable. Dès
l'introduction et dans le titre même, la "place centrale de la révélation
évangélique" a été affirmée. Peut-on encore, dans ce cas, parler de philosophie
?
Pour faire de la philosophie, ne faut-il pas rejeter toute croyance et toute foi
? Et d'autre part pour devenir vraiment chrétien ne faut-il pas abandonner toute
recherche philosophique ?
Pour montrer que, dans la vie, cette opposition systématique n'a pas beaucoup de
sens, on peut défendre l'opinion opposée et montrer qu'on ne peut vraiment
devenir chrétien que si on fait une recherche philosophique personnelle en
précisant que cette réflexion sur le vrai bonheur, en précisant que cette
réflexion peut être faite sans les livres par un illettré qui choisit de devenir
chrétien après une réflexion sur le vrai bonheur, après un cheminement
philosophique.
Et d'autre part on peut montrer que face à certaines questions philosophiques
comme celles de la mort, seul les croyants, comme SOCRATE ("il faut croire que
Dieu n'abandonne pas l'homme juste"). PASCAL et KIERKEGAARD n'abandonnent pas la
réflexion mais l'approfondissent avec confiance.
PHILOSOPHER POUR CHOISIR
Et tout d'abord il est bon de prendre conscience qu'une réflexion philosophique
(sous une forme plus ou moins élaborée) est peut-être une condition pour devenir
vraiment chrétien après un choix conscient, une conversion personnelle.
Car on ne devient pas chrétien comme on naît hindou, juif ou musulman.
- Un hindou l'est parce qu'il est né dans telle ou telle caste, comme nous le
verrons plus loin.
- Un juif l'est par sa mère.
- Tout homme "naît musulman" d'après la théologie islamique et le demeure sans
le savoir jusqu'au jour où il renie cet Islam inconscient...
Pour devenir vraiment chrétien par contre, il ne suffit pas d'avoir été baptisé
et d'avoir reçu comme un héritage culturel des parents et des éducateurs une
vague mentalité dite chrétienne et souvent opposée aux quatre Évangiles.
Il faut avoir entendu pour soi-même la proposition de Jésus : "si tu veux,
suis-moi" (Mt 19,21) et avoir répondu avec Pierre : A qui irions-nous ?
C'est toi qui dis les paroles qui conduisent au vrai bonheur" (Jn 6,68). En
d'autres termes, il faut avoir choisi Jésus parmi d'autres maîtres, auxquels
font allusion les mots "à qui irions-nous ?".
Sans doute ce choix conscient peut se faire parfois sans rupture avec une
enfance chrétienne. Il suppose cependant, une réflexion personnelle comme
l'expliquait JEAN-PAUL II, lors de sa première visite à Paris : "Même si je n'ai
jamais vraiment douté, je suis passé d'une foi héritée à une foi personnelle,
après un CHOIX CONSCIENT", JEAN-PAUL II parle de choix conscient. Il n'y a pas
de choix, s'il n'y a pas une certaine connaissance des autres opinions, des
autres philosophies et des autres croyances religieuses.
PLURALISME
De toute façon les moyens de communications modernes vont modifier les
circonstances de ce choix. Jadis, chaque homme n'avait de contact direct qu'avec
ceux qui partageait la même croyance. Aujourd'hui de plus en plus de
jeunes on des contacts directs et fréquents avec plusieurs opinions. Ce
pluralisme peut provoquer un doute et même un retrait moralement obligatoire
comme le disait déjà Thomas d'Aquin (1225-1274), dans un texte qui vaut d'être
cité : "Croire au Christ est en soi une chose bonne et nécessaire au salut mais
la volonté n'y consent que sous l'aspect que la raison lui propose. En sorte que
si la raison le lui propose comme un mal (une erreur) la volonté agira mal en y
adhérant. Non pas qu'il s'agisse d'une chose mauvaise en soi mais
accidentellement mauvaise à cause de la raison qui se la représente ainsi." (Ia,
11ae question XIX art. 5 cité par François Varillon dans : "Un abrégé de la foi
catholique").
UN CHEMINEMENT PARMI D'AUTRES
Il ne sera peut-être pas superflu que je mentionne ici un cheminement parmi
d'autres ; le mien. Cela permettra au lecteur de comprendre certaines
insistances tout au long des chapitres qui suivent. Elles s'expliquent par ce
cheminement.
Après avoir vécu mon enfance et mon adolescence dans la foi chrétienne, après la
ferveur un peu sentimentale du noviciat, j'ai été initié à une recherche
philosophique de la vérité grâce à la clarté pédagogique de notre professeur de
philosophe Monsieur Michel Lloret, dans la maison des Lazaristes de Paris.
Cette recherche est devenue pour moi totalement indépendante et insensiblement,
j'ai cessé d'être chrétien. En toute sincérité j'ai cru pouvoir vérifier
toute théorie par les forces de ma propre intelligence.
La philosophie hindouiste du Vedanta (PPchap2_5) m'est apparue
comme évident : "Dieu est tout et il n'y a rien en dehors de lui". En tout cas,
je ne faisais plus confiance à aucune autorité religieuse, ni même à Jésus.
Tout cela s'était passé sans que je m'en rende compte clairement. C'est à
l'occasion des premiers cours de théologie où, parfois, le professeur appuyait
ses affirmations sur l'autorité de Jésus que j'ai pris conscience que je n'étais
plus chrétien, que j'étais engagé dans une réflexion purement rationnelle,
rationaliste. Cette prise de conscience exigeait un choix conscient; maintenir
mon attitude rationaliste ou devenir chrétien d'une manière nouvelle après un
choix conscient et motivé.
Deux pages (187-188) de GUARDINI (1885-1968) dans le tome II de son livre "Le
Seigneur" accentuaient la difficulté du choix en me faisant comprendre que, pour
devenir vraiment chrétien, il fallait accueillir les paroles de Jésus non
seulement comme UNE autorité valable mais plus radicalement comme le critère
décisif, LA NORME DE LA VÉRITÉ, dans les domaines où Jésus avait pris position.
(Dans certains domaines, il dit "rendez à César ce qui est à César").
C'est le livre de Jean Guitton édité par Grasset en 1956 (nous étions en 1958)
qui m'a fourni alors les premières motivations pour me pousser à abandonner mes
prétentions rationalistes en faisant confiance à Jésus comme autorité venue de
Dieu et en fonction de laquelle j'allais désormais tout mesurer, tout juger.
Jean GUITTON expliquait que des juifs adorant à l'égal de Dieu, un homme, plus
exactement un homme crucifié, c'est à dire apparaissant comme maudit par Dieu (Dt
21,23; Gal 3,13), cela constituait un fait historique important absolument
nouveau dont il faut trouver une origine plausible (voir
PCchap2)
Jean GUITTON montre que l'hypothèse d'un "Dieu qui s'incarne" et celle d'un
"esclave divinisé" se détruise l'une et l'autre. Ne résiste à l'examen que
l'explication donnée par les intéressés eux-mêmes, les apôtres, qui affirment
avoir rencontré Jésus non seulement ressuscité, vivant mais "élevé", exalté
"dans la gloire de Dieu". Le livre de GUITTON qui n'est pas très clair reprend
d'ailleurs un raisonnement que l'on trouve déjà chez CHRYSOSTOME (350-407) et
qui a été exposé plus clairement par un journaliste italien MESSORI dans
"Hypothèse sur Jésus, (Mame 1979).
D'AUTRES MOTIVATIONS
Trente cinq ans après cette réflexion, mon choix de faire désormais confiance
aux paroles de jésus (telles qu'elles sont en fait transmise dans les quatre
Évangiles, lus selon la tradition ecclésiale) me parait toujours valable. Mais
d'autres motivations sont venues s'ajouter à la première :
- Les paroles de Jésus me semblent
suffire pour convaincre un homme honnête de leur vérité interne; comme j'ai pu
le constater par la conversion d'un ami agrégé de philosophie qui est passé, par
la seule lecture des Évangiles, de l'athéisme à la foi chrétienne orthodoxe.
- Plus profondément. C'est l'expérience
d'une vie vécue selon les quatre Évangiles qui constitue l'argument décisif en
faveur de la foi en Jésus comme l'explique PASCAL (1623-1662) dans les
"Pensées", qui constitue jusqu'à nos jours le meilleur livre pour
disqualifier le
naturalisme et montrer qu'il est raisonnable de croire en Jésus.
De multiple expérience m'ont prouvé que dans le mesure où je répond à toutes les
exigences des quatre Évangiles, mon bonheur augmente même au milieu des
épreuves. Dans la mesure où, trop souvent, je me suis éloigné de Jésus par mon
comportement, j'ai perdu un peu de bonheur.
Le dévouement pour les plus petit est selon Mt25,40 le lieu "privilégié" de
cette double expérience.
DIVERSITÉ DES CHEMINEMENTS
Ce cheminement personnel est un cheminement parmi d'autres.
Prêtre depuis 1961, j'ai pu dialoguer directement, en français, avec des hommes
et des femmes de toutes opinions, athées, agnostiques, hindous, bouddhistes,
animistes, musulmans, juifs, chrétiens catholiques, orthodoxes, protestants et
anglicans.
J'ai découvert qu'il n'y avait pas deux cheminements identiques.
Beaucoup sont incapables d'expliquer les motivations de leur choix car la partie
spéculative de leur personnalité est moins développée que leur intelligence
intuitive.
Malgré cette constatation fréquente, je demeure persuadé qu'une recherche
philosophique peut permettre à certains de passer du rationalisme à la foi
chrétienne. Cette même recherche philosophique permet à d'autres de
devenir de nouveau chrétien après une enfance chrétienne et une phase de doute
et de retrait. Cette recherche permet à d'autres enfin de devenir chrétien plus
consciemment et plus radicalement.
DISCERNEMENT
Deux motifs complémentaires pourraient encourager ceux qui ont déjà clairement
choisi de progresser sans fin dans leur conversion chrétienne à lire quand
même une Histoire de la Pensée.
Tout d'abord, une certaine connaissance des philosophies et des croyances du
passé permet seule, de discerner dans ce qu'on appelle "le christianisme" les
éléments évangéliques et les éléments étrangers et même opposés à la révélation
évangélique.
Un exemple seulement : dans ce qu'on appelle la "spiritualité chrétienne" il y a
souvent une contamination de l'insensibilité orgueilleuse et indifférente du
stoïcisme. Plus connue est l'influence de la philosophie d'Aristote dans la
théologie catholique.
Le deuxième motif qui peut nous encourager à rechercher une certaine information
des tendances philosophiques et religieuses, même si le choix de la foi
chrétienne a été fait consciemment, c'est la nécessité de reconnaître ces
diverses tendances chez ceux que nous devons accompagner dans leur cheminement.
CHRÉTIENS ET DONC PHILOSOPHES
Il faut revenir à l'objection inverse de ceux qui ne sont pas chrétiens et qui
peuvent souvent penser qu'un chrétien ne peut pas être philosophe. Ici aussi, on
peut défendre la position contraire en constatant un fait : ce sont des
chrétiens comme PASCAL (1623-1662), KIERKEGAARD (1813-1855) et Gabriel MARCEL
((1889-1973) qui ont le plus clairement abordé la question décisive de la mort
et du mal injuste.
Ceux qui au contraire s'enferment dans les limites étroites d'un rationalisme
fanatique et sectaire et d'un scepticisme stérile ont été conduits à réduire la
philosophie à une discussion interminable et incompréhensible pour la masse et
qui traite seulement de l'impossibilité d'une métaphysique. Nous reverrons
toutes ces évolutions surtout au long des chapitres de la troisième
période et nous donnerons en quelques paragraphes une première idée des progrès ou
des régressions dans l'histoire de la pensée.
V/ Trois grandes périodes
Avant de lire un livre d'histoire, il est bon de prendre conscience que toute
présentation historique est INCOMPLÈTE et que, même si elle est honnête et
objective, elle n'est pas NEUTRE.
INCOMPLÈTE
Toute Histoire est incomplète à cause de deux obstacles insurmontables.
- Dans certains cas, il n'y a pas assez de documents. C'est
le cas pour l'histoire des hommes qui ne possédaient pas l'écriture. Si,
pour ce que nous désignons par le mot Irak aujourd'hui, les historiens peuvent
écrire une histoire de 5000 ans, pour ce qui s'appelle aujourd'hui
États-Unis,
l'histoire est réduite au 500 dernières années. Mais l'absence d'écriture ne
prouve pas l'absence de pensée. L'histoire est donc incomplète.
- Le plus souvent l'obstacle est au contraire dans la
surabondance des documents qu'aucun spécialiste ne peut matériellement
déchiffrer et lire lui-même; il ne peut être "COMPLET" dans sa documentation et
de plus il ne peut recopier TOUS les documents, il fait un CHOIX en fonction de
ce qu'il CROIT être important.
Tout historien choisit ce qu'il considère comme important. Même s'il est
objectif et n'attribue pas à un auteur des idées qu'il n'a pas défendues, il
fait trois choix que j'ai mentionnés dès l'introduction générale.
- Il privilégie l'une ou l'autre question. Tel historien ne
parle que des opinions politiques des philosophes. Je vais concentrer mon
attention sur les réponses de l'éthique.
- Chaque historien a nécessairement une préférence pour une
réponse et le lecteur a déjà compris que je préfère la morale de bonheur
d'ARISTOTE, d'AUGUSTIN et de PASCAL à la morale de devoir de KANT.
- Enfin chaque historien de la Pensée est affronté à la place
de la Révélation évangélique qui influence la Pensée en Europe depuis 2000 ans.
Tel historien réduit la pensée à la philosophie rationaliste. Je donne au
contraire une place centrale à la Révélation évangélique tout en exposant toutes
les philosophies et les croyances dont j'ai pu prendre connaissance depuis 40
ans par des lectures et des rencontres très diverses.
Comme chaque historien donc, j'ai fait des choix et les ai exprimés, tout
d'abord par une division en Trois grandes périodes et ensuite en façonnant des
titres de chapitres.
Le temps est venu d'expliquer l'origine de cette division. Il y a le
calendrier universel, le record mondial de l'édition et le contraste entre deux
mondes que j'ai côtoyés depuis 33 ans, le monde pré-chrétien et le monde post
chrétien.
CALENDRIER
Dans un article du "Monde" en mai 1993, un journaliste parle des années 60
de notre ère : "ainsi calculée, dit-il, en fonction de la naissance... de
quelqu'un qui préoccupe encore la planète...". Il s'agit bien sûr de Jésus.
Qu'on le regrette ou qu'on s'en réjouisse, la plupart de nos contemporains
utilisent un calendrier qui, avec une erreur approximative de sept ans, compte
les années en commençant avec la naissance de Jésus de Nazareth. Dans ce fait,
on pourrait déjà voir un motif pour une première division dans l'histoire de la
Pensée. Avant Jésus (ACN) Après Jésus (PCN).
RECORD DE L'ÉDITION
Plus important, il y a le livre des quatre Évangiles qui est le plus souvent
imprimé, le plus souvent lu, dans le nombre de dialecte le plus grand. Et
pourtant, on trouve encore des Histoires de la Pensée qui ne prennent pas le soin
de présenter ce texte mais seulement les commentaires plus ou moins incomplets
qu'en on fait les théologiens et les philosophes postérieurs.
CONTRASTE
En plus de ces deux faits indiscutables du calendrier et du record des lectures,
un troisième motif m'a poussé à faire de la Révélation évangélique le moment qui
sépare les deux premières périodes de l'histoire de la pensée.
Depuis plus de 33 ans, ma vocation missionnaire m'a conduit a faire un va et
vient incessant entre deux mondes culturels vraiment différents et à découvrir
ainsi l'importance de la Révélation évangélique dans tous les domaines de la
vie.
UN MONDE PRÉ-CHRÉTIEN
Tout d'abord, pendant un mois parfois, je vis avec des population qui, dans leur
majorité, n'ont pas encore été influencées par le judéo-christianisme.
- On n'y trouve pas la distinction chrétienne du sacré et du
profane mais la confusion animiste.
- On n'y trouve pas l'espérance chrétienne d'un avenir
meilleur mais un attachement excessif aux coutumes ancestrales.
- On n'y trouve pas l'autonomie évangélique de la personne
individuelle qui a permis ailleurs les initiatives et le progrès mais
l'excessive
pression du clan et des anciens.
- On n'y trouve pas l'égalité fraternelle proclamée par
Jésus mais l'inégalité, surtout celle de la femme et de certains villages
rejetés.
- On n'y trouve pas l'ascèse chrétienne qui a entraîné jadis
les Européens vers l'épargne et l'investissement, mais le seul souci de
l'immédiat
quotidien.
- On n'y trouve pas l'estime du travail manuel apporté par
"le charpentier" (Mc 6,3) mais l'envie de s'en décharger sur le plus faible.
- On n'y trouve pas le pardon évangélique des ennemis que le
Mahatma Gandhi a enseigné au monde moderne, mais les rancunes multiséculaires.
Certes il y a dans ces sociétés l'aspect positif d'une solidarité puissante sur
laquelle je reviendrai en présentant leur philosophie (voir
PPchap1) mais aussi l'aspect négatif d'une quasi immobilité multiséculaire.
UN MONDE POST-CHRÉTIEN
Sans cesse, depuis plus de 33 ans, après ces plongées dans un monde pré-chrétien,
je suis appelé à des fonctions d'enseignement de philosophie qui me mettent en
contact avec un monde post-chrétien qui a été influencé par la révélation
évangélique, même s'il prétend la rejeter progressivement. Tous ces Européens
naïf qui ne lisent plus les Évangiles et ne connaissent pas non plus les
mentalités préchrétiennes ne peuvent comprendre que les idées et les idéaux dont
ils vivent sont d'origine chrétienne et qu'ils ont tort d'abandonner ce qui a
été la source de leurs progrès dans beaucoup de domaines. Leur éloignement
progressif des Évangiles d'autre part a déjà entraîner le début de leur déclin.
- Ils ont abandonné l'effort de maîtrise sexuelle et l'ascèse
chrétienne qui humanisaient leurs ancêtres et ils sont donc concurrencés par
l'Asie qui a gardé l'ascèse bouddhiste.
- Ils ont perdu l'espérance chrétienne et on compte déjà les
tentatives de suicides par centaine de milliers (voir
TPintro)
- Ils n'entendent plus les proclamations évangéliques de
fraternité et le racisme antique réapparaît déjà tout naturellement.
Toutes ces conséquences de l'abandon de la Révélation évangélique prennent leur
source dans les tentatives de rationalité pure qui commencent avec DESCARTES.
Certes, il y a avant DESCARTES des rationalistes antichrétiens, mais on peut avec
la majorité des historiens situer les premières "RÉDUCTIONS NATURALISTES"
modernes vers 1600 date qui donc, a été choisie pour séparer la deuxième et la
troisième période de l'Histoire de la Pensée.
Bien sûr, il y a dans cette troisième période des progrès dans certains domaines
comme la science, la technique, la politique et l'économie. Mais la réflexion
philosophique concernant le choix du bonheur de la personne individuelle est
souvent abandonnée au profit de disputes interminables sur l'origine de la
connaissance ou l'organisation de la société.
Heureusement face à la tentative naturaliste de DESCARTES se lève déjà la
démonstration géniale de PASCAL qui disqualifie le naturalisme.
Tout au long de ces quatre siècles de la philosophie moderne, la Révélation
évangélique est également mise en valeur par de grands écrivains qui seront
rapidement présentés plus loin.
Quand à nous, nous avons le choix de vire à la "fin des temps modernes" (Guardini
Seuil 1952) et même à l'époque de la post-modernité" et surtout à l'époque du
PLURALISME.
Tout en étudiant qui en prend les moyens peut aujourd'hui avoir des contacts
directs avec plusieurs opinions et découvrir que la période qui va de la
Révélation évangélique à 1600, est la période centrale de l'Histoire de la
Pensée même si elle a des lacunes, surtout dans le domaine de la science de la
technique et de l'organisation politique.
TROIS PÉRIODES
Seul le lecteur qui prendra le temps de lire cette Histoire pourra comprendre et
apprécier cette division en trois périodes, les titres et sous-titres. Je les ai
formulés lentement à la suite de la lecture de centaines de livres qui se
contredisent, et à la suite de ce passage incessant d'un monde culturel à un
autre. Il m'a fallu me libérer de l'impérialisme rationaliste. Il voulait
imposer le mépris de la période centrale en l'appelant "Médiévale" et prétendait
découvrir une volonté rationaliste chez les philosophes grecs, ce qui est
totalement anachronique comme le prouvent les textes grecs eux-mêmes.
Nous découvrirons toutes ces erreurs d'interprétation au long des
chapitres qui vont suivre.
Voici donc les titres et les sous-titres formulés pour caractériser les trois
grandes périodes de l'histoire de la Pensée.
A/ PREMIÈRE PÉRIODE
-350.000 +30
L'UNIVERSELLE RECHERCHE
DU VRAI BONHEUR
AVANT LA RÉVÉLATION ÉVANGÉLIQUE
1. Trois croyances religieuses
méritent une attention particulière du lecteur;
- Le relation-nisme vitaliste caractérisé par l'importance des relations
familiales et claniques
(PPchap2_1)
- L'espérance d'Israël avec les dix commandements du Sinaï (PPchap2_3)
- L'hindouisme d'après lequel tout ce qui m'arrive en cette vie résulte de ma
vie précédente tout comme je paierai les actions présentes dans ma vie suivante
(PPchap2_5)
2. Socrate
Une des plus importantes personnalités de l'antiquité c'est bien sûr SOCRATE.
Peut-on choisir quelques mots de lui "Fais le bien, même seul, même au prix
de ta vie, car il faut croire que Dieu n'abandonne pas l'homme juste" dit-il
dans son apologie transmise par Platon.
(PPchap4)
3. Aristote
ARISTOTE dans son "Éthique à Nicomaque" montre que tous les hommes cherchent
leur bonheur mais qu'ils le cherchent sur des chemins différents.
L'argent n'est qu'un moyen, les plaisirs du corps qui ne peuvent suffire car
nous ne sommes pas qu'un corps, les honneurs qui dépendent trop du caprice des
autres, les relations amicales à propos desquelles Aristote écrit de très belles
pages, mais, ajoute-t-il, elle exige beaucoup de conditions et de plus "elle est
impossible en cas d'inégalité, elle est donc impossible avec Dieu et avec
un esclave".
Il lui arrive même de dire "Amis, il n'y a pas d'amis". Essayons d'être heureux
mais "comme un homme peut l'être ! c'est à dire médiocrement.
(PPchap6)
4. Bouddha
LE BOUDDHA qui a vécu avant SOCRATE peut cependant être présenté après lui et
même après ARISTOTE car il tire déjà une conclusion à laquelle on arrive après
eux, avec les philosophes hellénistiques; puisque aucun désir ne peut-être
assouvi, il faut tuer tout désir. Le bouddhisme originel est sans doute le
sommet de la sagesse purement rationnelle.
(PPchap2_6)
5. Marc Aurèle
Il est le dernier auteur que j'ai choisi comme représentatif de l'antiquité car
sa loyauté et son infinie tristesse, son renoncement au bonheur constitue un
bilan réaliste de "l'universelle recherche du vrai bonheur" avant la Révélation
évangélique.
Je ne puis assez encourager ceux qui en ont les moyens de lire "Les
pensées pour moi-même" écrites par Marc Aurèle. Cet empereur romain nous permet,
sans préparation spéciale, de prendre un contact direct avec une pensée claire
et vraiment indépendante de la Révélation évangélique (même si, en fait, cet
empereur philosophe a vécue entre 121 et 180 après Jésus.)
On ne peut apprécier un univers mental qu'en le comparant avec une autre
vraiment différent.
La plupart des soi-disant "rationalismes" de notre temps sont en fait métissés
de valeurs chrétiennes qui les rendent attrayants mais qui ne peuvent être
défendus dans le cadre de la pure rationalité.
Prenons au moins un contact avec une pensée préchrétienne accessible à tous
grâce à sa clarté, pour pouvoir ensuite percevoir la nouveauté de la deuxième
période de l'Histoire de la Pensée.
Certes d'autres pensées non chrétiennes existent encore de nos jours mais il est
assez difficile de les comprendre. Tout le monde ne dispose pas de plusieurs
dizaines d'années pour entrer dans la logique de ces mentalités.
Par contre,n'importe qui peut lire le livre de MARC AURÈLE : ¨"Pensées pour
moi-même".
(PPchap7_3)
B/ PÉRIODE CENTRALE
(30-1600)
L'évolution DES PHILOSOPHIES ET DES CROYANCES DEPUIS LA RÉVÉLATION ÉVANGÉLIQUE
JUSQU'AU PREMIÈRES TENTATIVES DE RATIONALITÉ PURE.
Claude LÉVI-STRAUSS, dans ses livres, semble dire que toutes les cultures ont
leur cohérence (ce qui est vrai)... et qu'elles se valent donc toutes, (ce qu'il
ne pense pas vraiment puisqu'il n'a pas passé toute sa vie dans telle ou telle
peuplade qu'il a étudiée).
Mais il a raison de dire que "l'on apprécie qu'en comparant". Et c'est en
comparant un monde préchrétien et un monde postchrétien pendant 33 ans, que j'ai
compris que les progrès des EUROPÉENS s'expliquaient surtout par
l'influence de la Révélation évangélique chez eux.
Les rationalistes qui voudraient ignorer les Évangiles dans une Histoire de la
Pensée devraient réfléchir sur l'importance dans l'Histoire de :
- la distinction chrétienne du sacré et du profane
- l'espérance chrétienne d'un avenir meilleur
- l'autonomie évangélique de la personne individuelle
- l'estime du travail manuel
- la proclamation évangélique : "Vous êtes tous des frères",
origine de l'idée d'égalité
- l'ascèse chrétienne qui a permis l'épargne et
l'investissement
- du pardon évangélique qui a finalement limité le cycle des
vengeances.
Énumérer une deuxième fois ces sept racines évangéliques et des progrès qui
influencent désormais le monde entier ne doit pas me conduire à oublier
l'importance de la rationalité grecque et de la légalité romaine qui, avec le
judéo-christianisme ont crée la civilisation qui s'impose au monde entier.
Cette énumération ne doit encore moins faire croire que la Révélation
évangélique a seulement contribué au progrès économique, politique et culturel
de l'humanité.
Le premier chapitre de la deuxième période donne un premier aperçu du
bouleversement apporté par les quatre Évangiles dans les cinq parties de la
philosophie.
A la question épistémologique correspond le thème de la révélation.
A la question de l'ontologie correspond le mystère insondable de la
divinisation de l'homme en Jésus.
A la question du bonheur correspond l 'amour venu de Dieu qu'ARISTOTE ni le
BOUDDHA n'osaient espérer et le pardon pour l'homme injuste que SOCRATE lui-même
n'avait pas imaginé.
A la question de la société correspond le commandement du pardon que l'antiquité
ignore même si elle connaît le don .
A la question de l'au-delà de la mort correspond l'annonce de la félicité
éternelle.
Ni ces quelques lignes, ni le premier chapitre de la deuxième période ne
peuvent donner une idée suffisante de la nouveauté des Evangiles pour l'Histoire
de la Pensée. Bien sûr, ceux qui sont contaminés par le rationalisme peuvent
penser que tout cela est trop beau pour être vrai. Le deuxième chapitre
essaie de leur expliquer comment on peut raisonnablement passer du rationalisme
à la foi chrétienne.
Les cinq chapitres consacrés au 1600 ans de la Période Centrale présentent des
dizaines d'auteurs, situent la naissance de l'Islam, les querelles théologiques
en Orient et en Occident avec leurs répercussions en philosophie, la naissance
de la science avec Copernic.
Puisque j'ai risqué un choix de cinq noms pour l'antiquité, j'en risque un pour
cette période. Mais mon point de vue étant particulier, chaque lecteur pourra
privilégier d'autres noms.
1. Augustin -
PCchap4_3 division IX
- Face à ARISTOTE qui ne retient que quatre chemin vers le bonheur : argent,
plaisir, honneurs et amitiés humaines, AUGUSTIN éclairé par la Révélation
évangélique révèle que le bonheur qui peut combler l'homme en disant à Dieu :
"Tu nous a créés ayant le désir de Toi...".
. Il s'accorde avec le BOUDDHA en constatant "... et notre
coeur reste insatisfait".
. Mais il connaît l'issue ignorée par le BOUDDHA "...tant
qu'il ne repose pas en Toi".
. Il corrige SOCRATE qui "croyait" déjà que "Dieu n'abandonne
pas l'homme juste" en ajoutant que "par le pardon, Dieu rend juste l'homme
injuste".
Pourquoi le cacher ? Malgré ses excès de langage, c'est sans doute cet auteur
qui m'a le plus aidé, même si PASCAL est irremplaçable pour disqualifier le
naturalisme moderne.
2. Bernard -
PCchap5
BERNARD de Clairvaux est le deuxième auteur choisi pour cette période et cela
grâce à Auguste COMTE qui considère comme un des meilleurs livres de l'histoire
son "Comment Dieu doit être aimé". C'est en lisant ce livre de Bernard de
Clairvaux que j'ai distingué pour la première fois CINQ FORMES de l'amour
envers DIEU.
-Le désir de Dieu comme le seul bonheur qui peut me combler.
Cette première forme est très bien explicité chez AUGUSTIN.
- La reconnaissance que l'on trouve bien sûr chez tous les
mystiques chrétiens mais dont le spécialiste est BERNARD lui-même.
- Les trois autres formes de l'amour envers Dieu sont
illustrées par les trois noms suivants pour lesquels je me permets de ne pas
suivre l'ordre chronologique : Ignace de Loyola, Vincent de Paul, Thérèse
d'Avila.
3. Ignace de Loyola
-
PCchap7_4
souligne que le désir du bonheur en Dieu entraîne la troisième forme de l'amour.
L'obéissance : faire la volonté de Dieu et essayer de la discerner.
4. Vincent de Paul -
TPchap4
peut-être choisi comme un des spécialistes de la quatrième forme de l'amour
envers Dieu : le dévouement envers les plus démunis exigé avec une force
particulière dans le 25e chap. de Matthieu.
5. Thérèse d'Avila -
PCchap7_7
nous révèle le terme, la dernière forme de notre amour envers Dieu. C'est
Dieu qui finalement absorbe la personne humaine dans l'extase mystique.
C'est un philosophe non chrétien, BERGSON, qui accordera confiance à ce
témoignage des mystiques pendant que les théologiens seront fascinés par les
réducteurs de la troisième période.
C/ TROISIÈME PÉRIODE
1600 - 1993
RÉDUCTIONS NATURALISTES MODERNES ET PLURALISME
CONTEMPORAIN
Si on me demande de caractériser les 400 ans de la troisième période, je choisis
le mot RÉDUCTION. Alors que pendant la période précédente les plus grands
penseurs donnent un rôle à la philosophie naturelle d'une part et à la théologie
surnaturelle d'autre part, trop de penseurs de la troisième période
RÉDUISENT la Pensée à ses dimensions naturelles, rationnelles, philosophiques.
C'est la réduction NATURALISTE. Ce n'est pas tout, j'ai choisi 10 noms pour
montrer que beaucoup d'auteurs sont encore plus étroits.
1. Pour DESCARTES tout se réduit
aux mathématiques
2. Pour KANT tout se réduit à
la physique et au devoir.
3. Hegel ne connaît que l'histoire
collective.
4. D'après MARX l'homme se réduit au
travail, à l'économie
5. Pour LÉNINE il n'y a que la lutte
politique
6. Pour NIETZSCHE, il n'y a que la
création artistique par laquelle l'homme peut se faire Dieu et écraser les
autres.
7. COMTE ne connaît que la Science.
8. DARWIN explique tout par
l'évolution.
9. SARTRE réduit l'homme à une
liberté arbitraire.
10. A l'opposé, LÉVI STRAUSS réduit
l'homme à un produit de la culture.
Ces diverses réductions s'opposent les unes aux autres mais elles s'accordent
à refuser la Révélation évangélique et à réduire l'homme à sa vision naturelle
en refusant la Révélation évangélique. C'est ce que j'ai appelé des réductions
naturalistes. Elles ne sont pas compensées par les progrès enregistrés en
science, en technique et en politique.
PASCAL
Des dizaines d'autres auteurs seront rapidement présenté et certains d'entre eux
s'opposent à la réduction naturaliste qui caractérise la troisième période de
l'histoire de la Pensée. Parmi eux un génie Pascal. C'est l'auteur le plus
important de la troisième période.
PLURALISME CONTEMPORAIN
Cependant, il faut pour terminer cette présentation synthétique de la Troisième
période souligner le deuxième sous-titre : le pluralisme contemporain.
Cette pluralité d'opinion que j'ai pu étudier dans des livres ou rencontrer chez
des amis me pousse à préférer la période contemporaine à toutes celles qui ont
précédé. Plus que les hommes des siècles précédents, nous pouvons répondre en
connaissance de cause à la question : QUE VAIS-JE CHOISIR POUR DEVENIR VRAIMENT
HEUREUX ?
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