PC
Chap.3

                                                  
CONTEXTE HISTORIQUE 30-1600
(importance de l'Islam)

 

 

 


Sommaire

 

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Sommaire

 

Même si une histoire de la Pensée ne doit pas mentionner autant d'événements qu'une Histoire politique, elle doit rappeler les événements qui ont eu une influence sur l'évolution des mentalités.
Pour faciliter la compréhension de ce contexte, nous allons souligner sept contrastes car "on ne peut apprécier qu'en comparant" selon la remarque très juste de LÉVI-STRAUSS.

                                                                          SEPT CONTRASTES

I. INFLUENCES DE L'EMPIRE ROMAIN

Jusqu'en 410, le contraste, la différence avec la fin du XXe siècle c'est l'absence des libertés auxquelles nous sommes habitués. Pendant les quatre premiers siècles de cette période, il n'y a pas d'élections périodique mais la monarchie absolue de l'empire romain qui, jusqu'en 313 persécute les chrétiens et qui ensuite, progressivement va imposer la foi chrétienne. Il y a un droit, il n'y a pas de libertés.
Fondée, dit-on, en 750 avant le Christ, la ville de Rome avait progressivement dominé l'Italie, vaincu Carthage en Afrique du Nord en 202 avant Jésus Christ, contrôlé la Grèce en 196 avant Jésus Christ.
César, après avoir conquis la Gaule, centralise le pouvoir, mais il est assassiné en 44 avant Jésus Christ. Octave, son neveu, reçoit le nom d'Auguste en 27 avant Jésus Christ, instaure l'empire et règne pendant 44 ans.
Lui et ses successeurs vont imposer partout la langue latine et le droit romain tout en adoptant la culture et la philosophie grecques. Trois courants religieux vont coexister : l'animisme dans les campagnes, la religion officielle des dieux de Rome dans les villes et un peu partout l'ésotérisme initiatique des religions orientales qui proposent un salut rituel, automatique et définitif. L'ordre politique de l'empire romain et la facilité des communications favorisent également la transmission rapide de la Révélation évangélique. Il faut cependant distinguer trois périodes dans la relation entre le christianisme et l'Empire romain.
1/ Il y a la période des PERSÉCUTIONS parfois locales, parfois variables selon les autorités, générale en 303-304 avec Dioclétien.
    - Pour réagir aux persécutions sont rédigées les APOLOGIES qui défendent la foi chrétienne auprès des empereurs.
      Ce sont les PREMIÈRES EXPRESSIONS de la foi par des philosophes convertis.
    - Autre réaction : la mort des MARTYRS qui dans une "Histoire de la Pensée" mérite une place exceptionnelle. Des hommes choisissent ce qu'ils
      croient être le VRAI BONHEUR et préfèrent mourir plutôt que de changer de convictions. Au moins trois noms méritent d'être cités : 
        a/ IGNACE d'ANTIOCHE (mort en 110). Les lecteurs qui veulent lire directement des textes chrétiens très anciens peuvent lire ses lettre dans l'Office des lectures (2e dimanche, 10e lundi et mardi,
            16e dimanche, etc...)
        b/ POLYCARPE de SMYRNE (155) (26e semaine)
        c/ JUSTIN (100-165) dont nous parlerons, car il est le premier philosophe devenu chrétien.
2/ Il y a la période de TOLÉRANCE qui commence en 313 avec l'empereur Constantin qui se convertit, tolère l'Église, mais veut la contrôler en organisant le concile de Nicée (325). Il déplace la capitale de l'Empire à CONSTANTINOPLE (=BYZANCE = ISTANBUL), son neveu Julien, devenu empereur déclare que sa conversion n'était pas libre, quitte le christianisme, propage la philosophie grecque mais refuse de persécuter les chrétiens car, dit-il, "les erreurs sont dues à la bêtise plutôt qu'à la méchanceté".
3/ Il y a la période du CHRISTIANISME IMPÉRIAL. Julien n'est qu'une  parenthèse. Ses successeurs, non seulement sont chrétiens mais en 392, l'empereur Théodose interdit les cultes païens et les hérésies condamnées par les conciles. En 529, l'empereur Justinien va plus loin. Il ferme les Université philosophique d'Athènes et ordonne la destruction des livres de philosophie. Certains textes ont totalement disparu. Heureusement, dans les territoires qui ne sont pas soumis à l'empereur, ces textes vont être recopiés pendant des siècles et les Arabes vont les transmettre de nouveau à l'Europe vers 1200 !!! ( voir PC6 1200-1300)
Un épisode particulièrement choquant de la persécution des philosophe est le meurtre par une foule de chrétiens de la femme du philosophe d'Alexandrie : HYPATHIE (370-415).
Certes, toutes les sociétés anciennes ont tendance à imposer une seule et même doctrine officielle à tous les membres et cela a encore été le cas avec le marxisme-léninisme jusqu'en 1989 même en Europe.
Mais cette contrainte avait été condamnée par Jésus et toutes les violences des chrétiens sont donc des infidélités à la Révélation Évangélique.

Contre la Médiocrité, la réaction des moines.
Pendant ce temps, la faveur des autorités provoque des conversions massives et entraîne une médiocrité inévitable.
Une RÉACTION qui doit également être soulignée, dans une Histoire de la Pensée, c'est le MONACHISME. Nous trouvons ici les éléments constitutifs de l'esprit philosophique : ne pas suivre la majorité, savoir se séparer, pour être fidèle à un CHOIX RADICAL. La sixième partie de ce chapitre résume l'histoire du monachisme.  Mais dès à présent, un nom doit être mentionné : ANTOINE d'ÉGYPTE (252-218)
 

II. L'ANARCHIE DES MIGRATIONS (410-800)

Entre 410 et 800 ou même 1550, la deuxième différence avec la fin du XXe siècle, c'est l'anarchie des invasions successives de l'Europe par des peuples moins développés, ce qui constitue un autre contraste avec notre revendication du respect du droit national ou international.
La première date choisie est la destruction de la ville de Rome en 410 par les GOTHS. Cet événement qui avait semblé impensable par les hommes de cette époque n'est qu'un épisode d'une succession d'invasions par des peuples moins développés mais plus courageux que les Romains.
Peu à peu, tous les pays d'Europe qui avaient été civilisés par Rome régressent dans tous les domaines de la culture. Les européens ne savent plus travailler la pierre, les écoles sont fermées, on n'apprend plus à lire, à copier les textes, la violence pure règne partout.
Le roi des Francs, CLOVIS, reçoit le baptême catholique en 496 et son influence fait reculer la prédominance des Ariens dont nous parlerons au chapitre 4ème. (voir PC4 - Ve partie)
En 622 c'est le début de l'Islam qui sera présenté dans la 3e partie de ce chapitre.
De 800 à 1200 une autre forme d'invasion entraîne des conséquences graves, celle des Vikings ou Normands, navigateurs scandinaves qui dominent plusieurs  régions, la Normandie, l'Angleterre, la Sicile. C'est l'insécurité un peu partout.
Il y a ensuite les invasions des MONGOLS dans toute l'Asie, mais aussi en Europe avec un nom célèbre : Gengis Khan (1167-1227)
Puis se sera les TURCS avec Tamerlan (1363-1405) et enfin un clan de Turcs appelés Ottomans avec Soliman le Magnifique (1521-1566) qui contrôle l'Europe balkanique. C'est cette invasion de l'Islam turc qui explique en partie les guerres dans l'ancienne Yougoslavie depuis 1991.

Seconde évangélisation
Les  premières invasions semblent détruire les résultats de la première évangélisation qui avait été faite dans le cadre de l'empire romain. La seconde évangélisation est l'oeuvre d'abord des moines et ensuite de quelques rois qui entraînent derrière eux leurs peuples. Voici une liste de noms et de pays.
Tout d'abord les moines abandonnent leurs monastères, deviennent évêques et missionnaires : Patrick (390-461) pour l'Irlande; Germain (496-576) pour la Gaule; Augustin de Cantorbéry (605) pour l'Angleterre; Colomban pour l'Écosse; Boniface (680-754) pour l'Allemagne, Cyrille (827-869) et Méthode (825-885) pour les pays slaves; Ancharie (801-865) pour le Danemark et la Suède.
Ailleurs, ce sont les rois qui entraînent leurs peuples comme Mieszko 1er pour la Pologne en 966, Vladimir I pour l'Ukraine-Russie en 989 et Etienne I pour la Hongrie en l'an 1000.
 

III. L'IMPORTANCE ANCIENNE ET ACTUELLE DE L'ISLAM (622)

Une troisième différence, un troisième contraste de cette deuxième partie de l'Histoire de la Pensée avec la fin du XXe siècle est l'emploi de la violence, plus exactement la succession des guerres religieuses.
Une nouvelle religion, l'ISLAM qui s'adressait d'abord aux arabes, est même propagée dès le début par la guerre sainte qui est encouragée dans le livre saint : le CORAN.
Cette idée de guerre sainte contamine les chrétiens qui organisent les croisades.
Plus tard, lorsque les chrétiens se séparent en plusieurs églises, ont lieu les guerres de religions entre disciples de Jésus.
En 1996, le devoir de neutralité religieuse des autorités politiques s'impose d'une manière plus ou moins rapide dans les diverses régions du monde. Il y a donc une grande différence entre le contexte de la fin du XXe siècle et celui de cette époque.
Pour comprendre l'Histoire de la Pensée pendant les siècles que nous étudions, il ne faut pas oublier que la différence des croyances constitue à cette époque des murs presque infranchissables et que pendant mille ans, entre 500 et 1500, les cultures ont très peu de contacts entre elles.
Cela dit, il nous faut à présent prendre connaissance de cette foi musulmane, de son fondateur, des réponses qu'elle apporte à son tour à  nos cinq questions. Puisque nous avons renoncé à une neutralité illusoire, nous pouvons proposer une appréciation des aspects positifs et des aspects négatifs de l'Islam et donner quelques repères historiques jusqu'en ce jour de septembre 1993, avec un panorama géographique sommaire. Enfin quelques hypothèses seront avancées à propos des croisades.
A. MAHOMET
- Né en 571, orphelin pauvre d'une tribu nomade de la Mekke, Mahomet (Muhammad en arabe) se marie avec la femme qui l'a embauché. Influencé sans doute par le monothéisme radical des juifs et des Perses et de certaines sectes chrétiennes qui avaient rejeté la divinité de Jésus, il  a l'intuition très forte, mystique même de l'UNICITÉ, de la TRANSCENDANCE  et de la TOUTE PUISSANCE DE DIEU. Cela provoque en lui une indignation prophétique violente contre le polythéisme de ses compatriotes. Il exprime sa colère dans une violente poésie.
- En 622, après avoir rassemblé ceux qui croient au CORAN (en français récitation) et qui à cette époque se prosternent vers JÉRUSALEM, il émigre (en arabe hégire) à Médine. C'est à cette date que débute le calendrier du musulmans et non avec la naissance de Jésus. A Médine, Mahomet révèle ses dons politiques, militaires et diplomatiques. Peu à peu il élimine les groupes juifs avec lesquels il avait fait alliance et force les chrétiens qui ne se convertissent pas, à se soumettre.
- A partir de 630, il gagne la guerre qui l'opposait à la ville de la Mekke et impose militairement l'Islam à toute l'Arabie.
Il supprime la coutume de la razzia et dirige l'humeur guerrière des arabes vers l'extérieur. Il proclame qu'Abraham est le père des Arabes et qu'il est à l'origine de la Ka'aba. Il meurt en 632. Cent ans après, les musulmans qui ont conquis toute l'Afrique du Nord et l'Espagne sont enfin arrêtés en France à Poitiers.

LE CORAN
Le texte du "Coran-Récitation" est fixé très longtemps après la mort de Mahomet. J'ai fait l'expérience d'une lecture intégrale de ce livre sacré des Musulmans. Il est probable que très peu de non-musulmans auront la patience de faire cette lecture intégrale qui peut avoir deux résultats :
- Reprendre conscience de la toute puissance et de la transcendance de Dieu qui est affirmée dans l'Évangile (Luc 17/7-10) mais qui en cette fin du XXe siècle semble oubliée par les chrétiens qui soulignent d'une manière unilatérale sa bonté (Luc 15).
- Mais d'autres part, une lecture intégrale du Coran et des quatre Évangiles peut suffire, je pense, à CHOISIR.
Voici les réponses de l'Islam à nos cinq questions.

B. LES CINQ RÉPONSES
1° ÉPISTÉMOLOGIE CORANIQUE
"L'intelligence humaine  peut-elle atteindre le vrai ?" -  Oui, car tout est écrit en arabe dans le Coran copié mot à  mot sur "le Coran glorieux écrit sur une table gardée" 85:22. Aucune distinction des domaines n'est supportée. Cependant un passage du Coran présente des traces, des doutes de Mahomet concernant la véracité du Judaïsme, du christianisme ou de l'Islam. Ce passage semble gêner les musulmans car il s'oppose au formalisme de certains d'entre eux.
Coran 5 : 48 B
"Si Dieu l'avait voulu, il aurait fait de vous (juifs, chrétiens, musulmans) une seule communauté. Mais non. Il a voulu éprouver par le don qu'il vous a fait. Cherchez à vous surpasser les uns les autres par de bonnes actions. Votre retour à tous se fera vers Dieu. C'est alors qu'il vous éclairera au sujet des différences de croyances".
Cela veut dire en clair que ce texte envisage que ce soient les juifs ou les chrétiens qui seront alors approuvés !

2° ONTOLOGIE CORANIQUE
Ce qui domine en ontologie c'est une incessante et écrasante affirmation de l'unicité, de la séparation et de la toute puissance de Dieu.
Conséquence de cette excessive insistance : Refus de la Trinité, de l'Incarnation et de la croix. Voici quelques citations :
Coran 4 : 171
"O gens du livre, ne dépassez pas la mesure dans votre religion. Ne dites sur Dieu que la vérité".
"Oui, le Messie Jésus, fils de Marie, est le prophète de Dieu, sa Parole qu'il a jetée en Marie, un esprit émanant de Lui. Croyez donc en Dieu et en ses prophètes. Ne dites pas "trois". Cessez de le faire. Ce sera mieux pour vous. Dieu est unique. Gloire à Lui. Comment aurait-il un fils ?"

REFUS DE LA CROIX
Le refus de la souffrance du juste entraîne la négation de la mort de Jésus sur la croix.
Coran 4 : 156-157
"Ils ne l'ont pas tué, ils ne l'ont pas crucifié, cela leur est seulement apparu ainsi (158) mais Dieu l'a élevé vers Lui".
Comment tous ceux qui ont une culture historique élémentaire pourraient accepter que, six siècle après le Christ, une nouvelle version de sa mort s'impose. Et cela au nom du refus de la souffrance du juste alors que chaque jour partout des justes souffrent sous nos yeux ?
DIEU ÉGARE DES HOMMES
Enfin Dieu est présenté comme organisant le malheur éternel de certains hommes.
Coran 6 : 125
"Dieu ouvre à l'Islam le coeur de celui qu'il veut diriger. Il resserre et oppresse le coeur de celui qu'il veut égarer".
Bien sûr, on trouve également des théologiens chrétiens qui parlent de prédestination mais en opposition avec les paroles de Jésus. Ici, c'est dans le Livre Saint que cette méchanceté arbitraire est attribuée à Dieu.

3° ÉTHIQUE CORANIQUE
L'éthique musulmane  n'est pas une morale de bonheur ni une éthique du Devoir connu dans la conscience mais une morale de COMMANDEMENTS INSCRITS DANS LE CORAN. Ainsi par exemple, quatre épouses légitimes sont autorisées, Coran 4 : 3.
LE DROIT SACRÉ, la CHARIA reçoit dans cette éthique une place disproportionnée.
CINQ COMMANDEMENTS  sont les PILIERS de cette éthique.
            - Affirmation proclamée de l'unicité de Dieu
            - Prière prosternée, ritualisée, tournée vers la Mekke cinq fois par jour
            - Aumône légale pour les pauvres
            - Le jeûne pendant le Ramadan
            - Le pèlerinage à la Mekke un fois dans la vie.

4° POLITIQUE CORANIQUE
La confusion totale de la politique et de la religion, du moral et du légal, contraste avec les distinctions des domaines qui ont été les fruits de la distinction évangélique. Le Coran encourage la guerre sainte en 2 : 154 et affirme que "ceux qui ont été tués dans le chemin sont vivants"!

5° ESCHATOLOGIE CORANIQUE
Le Coran mentionne souvent l'au-delà de la mort avec la fin du monde 16 : 77, la résurrection des morts 46 : 33, le jugement dernier 99 : 7, la récompense et les châtiments 7 : 8 et l'immortalité future.
Les récompenses promises au paradis pour les musulmans de sexe masculin sont très concrètes : "Nous leur donnerons pour épouses (52 : 20) des vierges aimantes et d'égale jeunesse" (56 : 36). Des récompenses équivalentes pour les femmes ne semblent pas prévues...
L'ISLAM et les MUSULMANS
Comme il faut savoir distinguer l'Évangile d'une part et le comportement des chrétiens, y compris des autorités de l'Église d'autre part, ainsi il faut savoir distinguer le texte du Coran dont plusieurs éléments sont déterminés par une mentalité archaïque et la qualité de vie de certains musulmans. Il y a eu de grands mystiques dans l'Islam. Exemple au 10e siècle AL HALLAJ parle de son union avec Dieu en des termes audacieux : "Je suis devenu Celui que j'aime et Celui que j'aime est devenu moi". Mais justement ces témoignages d'union mystique avec Dieu s'opposent au Coran. Al Hallaj est donc condamné à mort et exécuté. Par contre, chez certains marabouts d'Afrique, on trouve des éléments de magie et d'animisme.
Ainsi donc chez les musulmans concrets, il y a une variété très grande d'attitudes et une grande différence existe entre les musulmans arabes et les musulmans non arabes qui sont la majorité !!

C. LES CINQ RÉDUCTIONS
Les musulmans peuvent être considérés comme des modèles pour les chrétiens dans leur respect de Dieu et la fidélité de beaucoup d'entre eux à se prosterner cinq fois par jour devant lui.
Mais dans une Histoire de la Pensée l'Islam apparaît comme un retour en arrière, une régression par cinq réductions :
- réduction à UN livre : le Coran qui est accepté comme réponse suffisante à toutes les questions, dans tous les domaines y compris la politique et
  l'économie. Les peuples arabes qui veulent revenir à ce simplisme s'apercevront dans quelques dizaines d'années qu'ils se condamnent à être dominés
  par les autres.
- réduction aussi à un aspect rationnellement séduisant de l'idée de Dieu : sa toute puissance. Mais le rejet des autres aspects inattendus révélés par
  Jésus comme l'amour et la "faiblesse" de Dieu provoque un fatalisme stérile.
- réduction de la dignité de l'homme au sexe masculin et infériorisation de la femme.
- réduction à une langue : l'arabe.
- réduction à une terre sainte : le Moyen Orient et à une ville : La Mekke.

D. QUELQUES REPÈRES HISTORIQUES
        - 622                    : début du calendrier musulman
        - 637                    : domination guerrière de la Syrie, de l'Irak, de l'Égypte et de l'Afrique du Nord.
        - 661-749            : prédominance des Omeyyades de Damas. Arrêt de la progression musulmane à Poitiers.
        - 750-1258          : prédominance des Abbassides de Bagdad. Apogée de la civilisation arabe. Plusieurs philosophes importants qui seront
                                     mentionnés au chapitre 6 (PC6)
        - 1099                  : les armées européennes des Croisés reprennent Jérusalem.
        - 1187                  : Saladin reprend Jérusalem aux Croisés
        - 1199                  : début de l'expansion des Turcs Ottomans.
        - 1453                  : l'ancienne Byzance que Constantin avait appelée Constantinople tombe aux mains des Turcs qui l'appellent Istanbul.
        - 1520-1556        : Soliman le Magnifique menace l'Europe.
        - 1587-1830        : régence ottomane à Alger
        - 1914-1918        : après la première guerre mondiale, l'empire Ottoman est progressivement contrôlé par les Anglais.
        - 1947                 : les Juifs reviennent et créent l'État d'Israël.
        - 1948, 1956, 1967, 1973, 1982 : guerres avec Israël
        - 1981                  : guerre contre l'Irak
        - 13 sept. 1993     : accord entre Palestiniens et Israéliens.
                                      Mr Rabin cite l'Ecclésiaste : "Il y a un temps pour la guerre, un temps pour la paix".

A la fin du XXe siècle
Les musulmans sont nombreux dans les région suivantes :
- Dans les pays arabes, même s'il y a beaucoup d'arabes chrétiens et si la majorité des musulmans ne sont pas arabes.
- Les États qui comptent les plus grosses populations musulmanes ne sont pas arabes et pratiquent souvent un Islam plus tolérant : Indonésie 148 millions; Bengladesh 88; Nigeria 81; Pakistan 80; Inde 70.
- L'Iran, l'Afghanistan et la Turquie également ne sont pas arabes.
- Plusieurs républiques de l'ex URSS.

E. POINTS DE VUE SUR LES CROISADES
Pendant plusieurs siècles, les chrétiens d'Europe organisent des expéditions guerrière contre les Arabes. On les appelle des "Croisades" car les soldats portaient une grande croix sur leurs vêtements.
Comme toutes les expéditions guerrières, les croisades ont des motifs politiques, économiques et militaires, et des justifications idéologiques.
Trois puissances s'opposent. Chacune fait alliance alternativement avec l'une des deux autres : l'Occident chrétien, l'Orient chrétien et l'Islam qui est divisé en sultanats opposés. Les flottes des villes italiennes également cherchent leurs intérêts dans ces expéditions.
Une preuve que les aspects politiques sont importants. Un pape prétend donner les territoires byzantins à des latins et profite de l'absence d'un empereur pour lui prendre des territoires en Italie.
Mais la justification de la guerre consiste à la présenter comme une action visant à :
            - délivrer le tombeau du Christ,
            - accomplir un voeu qui ne peut être délié,
            - mériter une place aussi belle que celle des moines au paradis !!!
Un épisode suffit à rappeler l'Évangile : François d'Assise se présente désarmé au Sultan Al Kamil au cours de la 5e croisade.
 

IV. INÉGALITÉ FÉODALE (800-1300)

Poursuivant notre description des mentalités en soulignant les différences, nous arrivons à l'inégalité féodale. Alors que la revendication de l'égalité des droits est générale de nos jours, durant la seconde période de l'Histoire de la Pensée, la société est inégalitaire.
A cause de l'insécurité des invasions, les habitants demandent protection auprès d'un chef de guerre envers lequel ils acceptent d'être dépendant. Lui-même se met sous la protection d'un seigneur plus puissant qui deviendra son "suzerain", dont il devient le "vassal" et duquel il reçoit un territoire appelé "fief" d'où est venu le nom de "féodalité". Cette inégalité devient héréditaire et on trouve encore des descendants de ces chefs de guerre qui s'imaginent être d'une nature supérieure, d'être de la "noblesse" !
Il faut préciser que les rois et les seigneurs donnent ainsi des territoires à des évêques mais prétendent les nommer : en choisissant pour ces évêchés des membres de leur famille ! Un aspect positif de cette mentalité peut cependant être signalé, l'idéal de la chevalerie : ces seigneurs devant pratiquer des vertus spéciales : être courageux, spécialement à la guerre, fidèles à leurs promesses, soumis à leur suzerain, soumis à l'Église, disponible pour aller combattre les non chrétiens !


V. LA "CHRÉTIENTÉ"

Le mot chrétienté a eu plusieurs significations comme le signale Etienne Gilson dans "La philosophie au Moyen Âge" Payot 83 p 253.
Nous ne retiendrons ici qu'une organisation de la société avec cinq caractéristiques.
1. En principe tous les membres de cette société doivent être catholique. Le lien social dans les sociétés anciennes doit entraîner un lien doctrinal. C'est en fonction de cette mentalité ancienne générale qu'il faut situer les tribunaux de l'inquisition qui recherchent tous ceux qui n'acceptent pas un point de la doctrine officielle de cette société. Cette infidélité à l'Évangile culmine sans doute avec la croisade contre les Albigeois en 1209. Pour comprendre la pression que pouvait exercer l'Église à cette époque, il faut se rappeler que les ecclésiastique, les religieux et les religieuses constituaient parfois 20% de la population.
2. Non seulement tous les membres de la société doivent être catholique, mais ils le sont dans tous les aspects de la vie. Le "christianisme" est devenu un système complet mais dans lequel des éléments animistes sont intégrés en contradiction avec les Évangiles.
3. Autre caractéristique : tous les habitants sont en principe soumis à une seule autorité, celle du pape. En fait, pendant certaines périodes, le pape n'est qu'un pauvre homme désigné par l'empereur. La situation va être transformée avec le pape Grégoire VII qui va se situer au -dessus de l'empereur.
4. Ce sont les autorités ecclésiastiques qui transmettent les connaissances antiques qui n'ont pas été perdues.
5. Les ASPECTS POSITIFS de cette organisation de la société doivent être rappelés même si nous pouvons penser à juste titre qu'il n'y avait pas à cette époque suffisamment de possibilités de CHOISIR ses convictions et son comportement.
        - c'est cette société qui va recopier le texte de la RÉVÉLATION ÉVANGÉLIQUE même si elle ne la mettait pas en pratique.
        - Elle a aussi enseigné LA DIGNITÉ DE LA PERSONNE ET DU PAUVRE.
        - Elle a formé de GRANDS SAINTS dont les livres, jusqu'à nos jours peuvent nous aider à trouver le vrai bonheur.

LES CATHÉDRALES
De nos jours, les Européens peuvent découvrir des témoins qui assurent que la chrétienté était surtout une société harmonieuse : ce sont les cathédrales. Des populations entières consacrant pendant des dizaines et des centaines d'années du temps et de l'argent pour bâtir ces lieux de prière dont la beauté unique est évidente même aux yeux des foules qui ne sont spécialisées ni en art ni dans les connaissances spirituelles. Le Mont Saint Michel est plus visité que le Louvre de la Renaissance.
Un artiste japonais célèbre LÉONARD FOUJITA  qui était bouddhiste, a été  conduit à devenir chrétien par l'intuition d'un vrai bonheur suggéré par les cathédrales du Moyen-Âge : "partout flèches, clochers, voûtes dressées, emportées vers le ciel".


VI. LE RÔLE PRÉPONDÉRANT DES MOINES
Encore une différence que l'on peut signaler pour comprendre les sociétés de l'époque que nous étudions :  les moines y jouent un rôle prépondérant alors que les sociétés modernes sont de plus en plus dépourvues de convictions fortes.
Comme  je l'ai signalé plus haut, le radicalisme du moine est une attitude profondément philosophique puisqu'elle consiste à CHOISIR VRAIMENT UNE SOURCE DE BONHEUR non seulement en la préférant aux autres mais encore en excluant les autres dans une certaine mesure.
Empressons-nous de rappeler que le monachisme n'est pas chrétien mais universel puisqu'il existait chez les hindouistes, les bouddhistes et les juifs de Qumran avant la venue de Jésus. Mais le monachisme peut être vécu également dans le cadre de la foi évangélique.
En tous cas, Jésus avait parlé d'un célibat consacré (Mt 19/11-12) de même que Paul (1Cor 7/32). Jésus s'était retiré au désert pendant un temps.
Le monachisme chrétien est né, semble-t-il comme une réaction à un christianisme officiel sans ferveur.
Ce sont des mots grecs qui sont à l'origine du vocabulaire monastique : Anachorea signifie se retirer dans la solitude. Érémos signifie désert. Koinobion désigne la vie en commun. Monasterion : endroit où l'on vit seul. Laurai : colonie.

Voici quelques repères historiques et quelques noms. On remarquera que cette histoire du monachisme est faites de fondations, de décadences, et de réformes. Jamais nulle congrégation ne se maintient, sans faiblir dans la fidélité à ses origines. Toujours de nouvelles fondations se font pour RECOMMENCER.

1. Saint Antoine d'Égypte (251-356) est donc le premier nom de cette litanie.

2. Il y a ensuite les moines du désert. On peut lire avec profit "Les sentences des Pères du désert" (abbaye St Pierre de Solesmes, Sarthe). On connaît de cette époque la tentation des performances ascétiques ??!

3. C'est peut-être pour lutter contre cette tentation que progressivement on passe de la forme érémitique (solitaire) à la forme cénobitique (communautaire) avec les règles dont les trois plus anciennes sont celles de PACOME en Égypte (286-346), de BASILE en Cappadoce (Turquie actuelle) (330-379) et celle de BENOÎT de Nursie en Italie (480-547) (voir PC4 X:4)

4. Puis il y a les moines qui quittent leurs monastères pour évangéliser les nouveaux venus appelés barbares. Nous avons donné dans la deuxième partie de ce chapitre quelques noms célèbres.

5. Ce qui a été dit de la féodalité (IV) explique la phase suivante : la décadence. Les abbayes sont attribuées à des fils de famille noble comme des fiefs, et cette habitude va contaminer le monachisme jusqu'à la révolution française !

6. En 910, Cluny une abbaye est fondée en étant soustraite à l'influence des évêque et des princes. Des abbés y réintroduisent la règle de BENOÎT. Cent ans après la fondation, 1000 abbayes en dépendent et cette réforme permet une réforme de toute l'Église, dans tous les domaines.

7. Cependant en 1115, Bernard qui est entré à Cîteaux, une abbaye qui a entamé une autre réforme fonde Clairvaux et sa ferveur est tellement contagieuse qu'à sa mort 343 abbayes sont fondées pour suivre sa règle cistercienne. (PC5 - 9)

8. Ne faut-il pas cependant regretter que cette prépondérance des moines dans l'évangélisation ait répandu une mentalité qui considère que la vie monastique est la seule vie chrétienne fervente !

9. En 1209, le monachisme prend une nouvelle forme. Les évêques et les prêtres ne remplissent plus leur devoir de prédication. Ce sont des moines d'un genre nouveau qui créent un "réseau de prêche" parallèle au "réseau des messes". Ce sont les moines mendiants et tout d'abord les frères prêcheurs fondés par DOMINIQUE GUZMAN (1170-1221).

10. FRANÇOIS d'ASSISE (1186-1226) enfin est à l'origine d'une autre forme de vie monastique qui plus tard se divise en Franciscains et Capucins et, avec CLAIRE d'ASSISE, des monastères de CLARISSES
FRANÇOIS : L'ÉVANGILE VÉCU
Il mérite une attention tout à fait spéciale dans une Histoire de la Pensée, non pas en fonction de livres qu'il nous aurait transmis mais parce que sa fidélité à la RÉVÉLATION ÉVANGÉLIQUE dans son COMPORTEMENT EFFECTIF atteint un degrés exceptionnel, unique même. Elle entraîne une TRIPLE CONTESTATION,
- celle du capitalisme  naissant par une pauvreté extrême,
- celle de la violence des Croisades par sa visite non violente au sultan musulman.
- celle du système appelé "christianisme" par un recours à l'évangile jusqu'à la littéralité mais dans une telle effusion de l'Esprit-Saint qu'un des plus grand théologiens contemporains le Père de LUBAC considère cette vie de Françoise "repetitor" de Jésus comme l'argument décisif en faveur de la foi chrétienne, plus décisif que tous les livres !


VII. L'ORDRE MÉDIÉVAL BOULEVERSÉ (1300-1600)
Dans les six parties précédentes de ce chapitre, nous avons souligné les différences entre cette période et la nôtre.
Pour caractériser les trois siècles qui vont de 1300 à 1600, nous allons au contraire les opposer aux siècles précédents que nous avons décrits rapidement et où régnait un ordre qui va progressivement être détruit par les nationalismes et les schismes.

1. Naissance des NATIONALISMES
Avant 1300, les habitants de l'Europe n'on pas vraiment conscience de former des "nations". Ils sont soumis à des princes locaux et d'autre part, ils forment la "chrétienté", où tous les intellectuels utilisent une seule langue: le latin. A l'Université de Paris dont nous parlerons au 6e chapitre, les professeurs viennent de partout : d'Allemagne comme Albert, d'Italie comme Thomas d'Aquin ou de Grande Bretagne comme Duns Scot.
En 1303, Philippe le Bel se révolte contre le pape Boniface VIII et on peut choisir cette date comme point de départ symbolique de l'affirmation progressive du nationalisme qui va provoquer la Guerre de Cent Ans entre le roi d'Angleterre et le roi France.
Peu à peu, chaque nation européenne va naître en s'opposant aux autres en acceptant les ambitions de chaque roi, ces guerres nationales n'ont pas encore pris fin en 1993, au moins dans le sud-est de l'Europe.

2. Débuts de l'EXPANSIONNISME EUROPÉEN
En 1500, il y a trois empires musulmans, celui des Turcs ottomans, celui des Perses et celui des Mongols qui domine même l'Inde. En Amérique, il y a l'empire Aztèque au Mexique et l'empire Inca à  l'ouest de l'Amérique du sud. Mais le pays le plus peuplé et le plus puissant c'est la Chine dont les empereurs MING ont chassé les Mongols.
Ailleurs des peuples nombreux sont organisés en royaumes, mais n'ayant pas encore d'écriture, ils  ne nous ont pas laissé suffisamment de renseignements sur leur histoire.
Tous ces empires vivent plutôt isolés les uns des autres.
C'est à partir de 1492, il y a 500 ans, que les nations européennes relativement petites, le Portugal et la Castille, commencent et développent des échanges entre les peuples avec la découverte de l'Amérique.
Pourquoi l'Europe -plutôt que la Chine ou un autre empire ?- De multiples inventions, le levier, la traction animale, l'énergie hydraulique, le moulin à vent ont multiplié la force physique de l'homme.
GUTENBERG met au point un alliage métallique pour l'imprimerie et la première Bible est imprimée en 1456.
Les échanges financiers se sont multipliés grâce à l'ingéniosité de familles de banquiers comme les MÉDICIS de Florence. On cherche de l'or et une nouvelle route vers le Chine et l'Inde. CHRISTOPHE COLOMB découvre des "Indiens"... en Amérique le 12 octobre 1492.

DÉPLACEMENTS MASSIFS
Dans les dizaines d'années et les siècles suivants, des déplacements massifs de populations se produisent. Des Européens vont dominer l'Amérique et y déporter des Africains comme esclaves.
Remarquons que cette atrocité se fait dans le cadre de la "Renaissance de l'Antiquité païenne".
Les Européens du Sud colonisent l'Amérique du Sud. Les Européens du Nord colonisent l'Amérique du Nord, l'Afrique du Sud et l'Australie. Les Russes commencent leur domination au-delà de l'Oural en 1581. Il y a une émigration indienne en Afrique.
Autre choc à signaler. Un quart de la population européenne  meurt en 1347 d'une épidémie de peste !!
APPRÉCIATION ??
Peut-on de nos jours comprendre cette colonisation d'une partie du monde par les Européens ?
Il faut constater que dans le passé, tous les pays, toutes les tribus dans chaque pays, ont tous été "impérialistes" dans la mesure de leurs moyens.
A l'époque, personne ne parle de "droit international". C'est le dominicain espagnol FRANCISCO DE VITORIA (1492-1549) qui fonde le "droit des nations".
Ce droit comprendra plus tard l'idée de "non ingérence" limité en 1991 seulement par le "devoir d'ingérence humanitaire".
Tous les Européens de cette époque d'ailleurs n'ont pas le même comportement ni les mêmes idées. Certains défendent les Indiens comme le Père LAS CASAS (1476-1566) et plus tard des pères jésuites qui protègent les Indiens dans les célèbres "réductions" qu'un film "MISSION" a fait connaître au grand public.
Plusieurs Européens défendent même la thèse du "bon sauvage" en oubliant que dans tous les pays régnait également l'esclavage.

3. LES SÉPARATIONS  DES ÉGLISES LATINES
L'ordre médiéval est ébranlé par les nationalismes, par l'expansionnisme européen mais aussi par les divisions qui déchirent l'Église latine.
Il y avait eu tout d'abord le schisme d'Occident provoqué par l'installation des papes à Avignon (situé actuellement en France mais qui faisait partie à cette époque des États des papes). Ils y résident de 1309 à 1378. CATHERINE de SIENNE (1347-1380), mystique illettrée persuade le pape de rejoindre Rome. Des circonstances diverses aboutissent à une double élection : il y a deux papes en 1378.
On en élit un autre pour faire cesser ce schisme. Il y en a trois en 1409. Cette division cesse grâce à un concile en 1417.
        - En 1439, le concile de Florence aboutit à un mouvement d'union avec l'Église orthodoxe mais cette réconciliation n'est pas suivie d'effets d'autant plus qu'en 1453, les Turcs font la conquête de Constantinople.
        - LES RÉFORMES ET LES SÉPARATIONS. Dans le passé, des chrétiens fervents laïcs ou religieux avaient tout au long des siècles RÉAGI contre les infidélités des autorités ecclésiastiques à l'idéal évangélique. Le plus souvent, ces réactions s'étaient faites dans l'humilité et les réformes avaient été accomplies dans la paix par la contagion de l'exemple. Que l'on pense à Saint François d'Assise contestant l'Église dans l'humilité.

Entre 1300 et 1600, les réactions contres les excès de l'Église deviennent violentes et provoquent la naissance d'Églises séparées. Quelques noms jalonnent cette succession de séparations :
. JOHN WYCLIF (1328-1384), en Angleterre affirme que seuls les chrétiens en état de grâce font partie de l'Église et qu'un pape pécheur n'en fait pas partie.
. JAM HUS (1370-1415), prêtre tchèque traduit la Bible, défend son pays contre la domination allemande et propage les idées de Wyccliff. Il est condamné au concile de Constance, et meurt sur le bûcher. Sa mort déclanche la révolte de ses compatriotes.
. Jérôme SAVONAROLE (1452-1498), préche une réforme à Florence "Le Christ a prêché la pauvreté, les papes ne recherchent que la richesse". Face à lui, le pape débauché Alexandre VI réussit à le faire pendre.
. Martin LUTHER (1483-1546) (voir PC7 -III) est un moine augustin qui redécouvre la gratuité du salut accordé par Jésus. Le 31 octobre 1517, pour réagir à des prédications abusives sur les indulgences, il affiche 95 thèses qui s'y opposent. Commence alors une suite de disputes qui aboutissent à l'excommunication de Luther en 1521 et à la naissance des Églises luthériennes. Nous reviendrons sur les convictions de Luther au septième chapitre.
. ZWINGLI (1484-1531), lance la réforme et provoque la séparation en Suisse. Cela conduit à des guerres et il meurt à la bataille de Kappel.
. CALVIN (1509-1564), publie le premier livre de théologie en français, crée une république chrétienne protestante à Genève qui condamne à mort le médecin Michel Servet. Les disciples de Calvin seront appelés huguenots en France et puritains en Écosse sous l'influence de JOHN KNOX et ensuite dans la Nouvelle Angleterre.
. D'autre part, HENRI VIII, roi d'Angleterre est à l'origine d'une autre division : à  l'occasion de son divorce avec sa première femme, il fonde un église nationale : l'anglicanisme.

NOUVELLE DIVISION de L'EUROPE
Nous reviendrons sur les convictions principales des réformateurs protestants dans le cours du septième chapitre. (voir PC7 )
Pour terminer le panorama des événements qui constituent le contexte de la deuxième période de l'Histoire de la Pensée, il faut rappeler que les divisions entre les Églises vont entraîner des guerres de religion ce qui constitue sans doute, la plus grande des nombreuses infidélités des Chrétiens à l'Évangile.
Elle s'explique par la confusion de la religion et de la politique qui aboutit au principe scandaleux fixé à Augsbourg en 1555 : "Chaque citoyen doit suivre la religion qui domine dans sa région". En latin cela donne : "Cujus regio, ejus religio".
On peut  penser que les philosophies modernes que nous étudierons dans la troisième période sont des réactions à cette intolérance des Églises les unes envers les autres.
Heureusement en cette fin du XXe siècle nous vivons à une époque de pluralisme et d'œcuménisme.
Mais dans notre étude, nous n'en sommes pas là. Il nous faut maintenant revenir aux premières années de la Période Centrale en passant en revue dans le quatrième chapitre les accents du Nouveau Testament, les Pères grecs, les Pères latins avec un génie : AUGUSTIN d'HIPPONE.

suite PC chap.4-intro