PC
Chap.7
-3-


L'ORDRE MÉDIÉVAL EN MORCEAUX  1300-1600
   les accents de Luther et les deux réformes

 

 

 

 

Sommaire

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Luther

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

sommaire

 
Il n'en est pas de même pour les accents que Martin LUTHER va mettre sur certains aspects de la Révélation évangélique et qui  peuvent nous aider à devenir vraiment chrétiens, tout en refusant les excès de Luther lui-même !

LE DRAME ET LA LUMIÈRE
Il a raconté lui-même son drame intérieur (Georges Casalis "Luther" Maîtres spirituels Seuil 1962).
"Nous pâlissons au seul nom du Christ, car on ne le présentait toujours que comme un juge sévère et irrité contre nous. Seul le nom de la Vierge Marie nous apparaissait comme une bouée de sauvetage".
Né en 1483, Luther avait étudié la philosophie chez les Nominalistes dont nous venons de voir qu'ils soulignaient la toute puissance de Dieu jusqu'à l'absurde.
Pour "mériter" d'être sauvé, Luther entre dans un monastère d'Augustins en 1505.
Il se pose sans fin la question : "Que dois-je faire pour MÉRITER la miséricorde de Dieu ?"
Comme beaucoup de chrétiens à cette époque (et certains chrétiens de nos jours peut-être", il croit que cela dépend avant tout de ses efforts. Il a l'impression qu'il ne va pas y arriver et s'enfonce dans le désespoir.
"Je rassemblais tous les psaumes d'une semaine. Quand je célébrais ma première messe je fus épouvanté. Qui est Celui à qui tu parles !".
"Nous avons cru que nous devions apaiser la colère divine avec nos oeuvres, nous n'avons réussi à rien".
On lui confie des cours d'Écriture Sainte. Pendant l'hiver 1512-1513, Luther comprend enfin de quelle justice parle d'Épître aux Romains (Rom 3/21-26) : une justification gratuite, purement passive, donnée par le pardon de Dieu, accueillie par la foi.
"Enfin, Dieu ma prit en pitié. Je commençais à comprendre que la justice de Dieu signifie ici la justice que Dieu DONNE, la justice PASSIVE. Dieu dans sa miséricorde nous REND JUSTES par le moyen de la foi". (Voir Augustin - Pelage)
"Aussitôt je me sentis renaître, il me semble être rentré par des portes largement ouvertes au Paradis même !".
Luther redécouvre le cœur de la Révélation évangélique. C'est la signification même du mot "Jésus" : "C'est Dieu qui sauve", c'est-à-dire : ce n'est pas l'homme qui se sauve. De même Marie dit "Exulte mon esprit en Dieu qui me sauve". Il est vrai que certains protestants ne comprennent pas que les catholiques en disant que Marie est immaculée, sans faute, la disent plus "sauvée" que tous les hommes plus gratuitement encore !.

TÉMOIGNAGE INCOMPRIS
Luther reçoit donc une grâce mystique en redécouvrant les premiers éléments de l'éthique évangélique que (grâce à lui) j'ai souligné au chap.1 de la Période Centrale   (voir 3°: Éthique évangélique).
Malheureusement, son témoignage ne sera pas compris. Il rencontre une puissance financière menacée dans l'affaire des indulgences, une organisation juridique qui va intenter un procès, un système dogmatique dans lequel on va le forcer d'entrer.
Lui-même n'a pas  l'humilité de Saint François d'Assise, l'autre réformateur !.
Il renforce ses affirmations en rejetant d'autres aspects de la Révélation évangélique. Luther forge des formules provocantes ; "Sois pécheur et pèche avec force mais aies une foi encore plus forte".
Dans la septième partie du 3ème chapitre consacré au contexte historique, nous avons rappelé les faits qui aboutissent à la séparation des Églises. (voir PC chap. 3 VII : les séparations des Églises latines.)
Ici nous résumons les réponses de Luther à nos cinq questions.

1° ÉPISTÉMOLOGIE LUTHÉRIENNE
"Sola Scriptura". La Bible seule est le critère de la vérité et il faut rejeter tout ce que les siècles y ont ajouté.
De nos jours, tous s'accordent sur le fait que seule la Bible est proclamée "Parole de Dieu" dans la liturgie, mais tous reconnaissent qu'il y a une compréhension traditionnelle et ecclésiale indispensable sans laquelle les chrétiens se divisent en interprétations et en églises ou sectes innombrables. (voir PC chap. 1, Nouveauté absolue de la "vie" chrétienne).

2° ONTOLOGIE LUTHÉRIENNE
On peut rattacher à l'ontologie le souci luthérien de ne rendre la gloire "qu'à Dieu seul". "Soli Deo", en réagissant aux excès du culte des saints. Mais des luthériens ne semblent pas avoir lu la prophétie de Marie en Luc 1/48 : "Toutes les générations me proclameront bienheureuse". Très peu connaissent le très beau commentaire que Luther a fait du chant de la Vierge Marie : le Magnificat.

3° ÉTHIQUE LUTHÉRIENNE
De nouveau une expression latine : "Sola Gracia". Il est vrai que la grâce est la seule source de notre relation surnaturelle avec Dieu mais Luther refuse toute participation de l'homme et en arrive à renier son respect de la Bible en rejetant l'épître de Jacques qui insiste sur cette participation : "l'épître de paille".

4° POLITIQUE LUTHÉRIENNE
"Ce n'est pas de mon ressort de m'occuper des affaires temporelles" écrit-il et il dit même que les autorités politiques "doivent tirer leur sagesse dans ce domaine, non de l'Évangile, mais de la raison, de la coutume, de l'équité".
Mais pour réprimer la révolte des paysans lancée par Thomas Münzer, Luther encourage les princes allemands à les massacrer en employant des expressions de grande cruauté : "Frappez et égorgez ! quelle époque étrange que celle-ci  où un prince peut gagner le ciel (??) en répandant le sang comme d'autres le gagnent par leur prière !".

CONCILE DE TRENTE
Dans une ville de langue italienne mais qui appartient à  l'empereur allemand, un concile de l'Église Catholique réagit aux excès luthériens.
        1° Les sources de la foi sont la Bible comprise selon la Tradition des Pères et des Conciles.
        3° Par le péché originel, la liberté est diminuée, mais la grâce renouvelle l'homme. Alors que d'après certains protestants les sacrements ne font
            que proclamer et confirmer le salut, le Concile affirme
            qu'ils "signifient et transmettent la grâce".
            Alors que Luther parle de "consubstantiation" pour l'eucharistie et Calvin de "présence spirituelle", le Concile choisit l'expression
            "transsubstantiation".
        4° Le Concile réorganise l'Église en imposant aux évêques et aux curés l'obligation de RÉSIDENCE et l'impossibilité du cumul. Pour la formation
           des prêtres, il prévoit  la création de séminaire.
            Le pape Pie V fait imprimer un missel unique, un bréviaire unique et un catéchisme unique en vue d'unifier la doctrine enseignée.

L'ŒCUMÉNISME - LES TÉMOINS ET LES LIVRES
Dans l'introduction générale, j'avais constaté que pour répondre à la question : Que vais-je choisir pour devenir vraiment heureux ?", le témoignage des témoins vivants a une plus grande force que la lecture des livres.
Pour entrer dans la compréhension de l'urgence de l'œcuménisme, il faut que chaque chrétien rencontre, au moins une fois dans sa vie, un chrétien d'une autre Église qui, manifestement, est plus passionné de l'amour de Jésus que lui-même. Ce choc, je l'ai vécu, il y a plus de 35 ans.
Cela n'enlève rien à la lecture des livres. Le livre qui m'a le plus éclairé est celui de BOUYER : "Du protestantisme à l'Église" Ed. Cerf 1954).

ANACHRONISME
De nos jours, il paraît étrange de concélébrer avec les catholiques qui ont renié le concile de Nicée et ne croient pas à la divinité de Jésus sans pouvoir concélébrer à Taizé...

Mais revenons aux trois siècle qui achèvent le Période Centrale.

suite PC chap. 7-4