PC
Chap.7
-6-


L'ORDRE MÉDIÉVAL EN MORCEAUX  1300-1600
LES PHILOSOPHES DE LA MODÉRATION
 

 

 

Sommaire

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Pour compléter ce panorama rapide de l'Histoire de la Pensée entre 1300 et 1600, j'ai groupé cinq écrivains d'une manière un peu artificielle. Certes, ils sont plutôt modéré comme ÉRASME, l'homme le plus savant de son temps, mais j'ai mis à ses côtés son ami Thomas MORE qui n'est pas modéré. Quant à MONTAIGNE, il n'est pas seulement modéré, il est agnostique...
Le contraste sera très grand avec les écrivains qui seront présentés dans la dernière partie de ce dernier chapitre...

1. GERSON (1363-1429)
Chancelier de l'Église de Paris, il regrette toutes les tensions dont il est le témoin : le schisme d'Occident (voir PC Chap. 3-VII) et les disputes entre "réalistes" et "nominalistes". Il propose une théologie simple : se convertir et suivre François d'Assise...

2. ÉRASME de ROTTERDAM (1467-1536)
Je suis reconnaissant à un ami qui m'a fait lire "l'Éloge de la Folie" écrit par ÉRASME en 1509.
Fils d'un prêtre, c'est pour réagir contre ce que les autres considéraient comme un déshonneur qu'il se donne le nom avec une racine grecque "ÉRASME" c'est-à-dire "DÉSIRÉ".
Il est très vite considéré comme  l'homme le plus cultivé de son temps. Passionné de langue grecque "sans laquelle on ne peut pas juger de ces choses-là comme il faut, il cherche à  établir le texte le plus ancien du Nouveau Testament en grec. On lui reproche d'utiliser la langue des orthodoxes séparés de Rome !! Il répond en s'étonnant que l'on accorde de "l'autorité à Aristote, un païen qui n'a jamais rien eu à faire avec la foi et qu'on ignore les Pères Grecs".
Sur les points de désaccord avec les orthodoxes, il remarque qu'il n'y en a pas un seul qui ait son origine dans les paroles du Nouveau Testament !
"Tu fais comme les théologiens vulgaires qui ont coutume d'attribuer à l'autorité ecclésiastique tout ce qui est passé dans l'usage commun" reproche-t-il à un ami.
Érasme est donc très ouvert au dialogue avec les orthodoxes. Mais il voudrait surtout éviter la nouvelle séparation des chrétiens qui s'opère sous ses yeux avec la Réforme luthérienne.
Le pape Adrien VI, hollandais comme lui, demande à Érasme d'intervenir. Il écrit "De libero arbitrio" "le choix libre". En voici quelques thèses :
        "on ne peut prétendre démêler les mystères divins avec des théories humaines
        " Ce qui importe, c'est la pratique des vertus".
        "La doctrine de Luther ne peut s'appuyer sur la tradition. Elle aboutit à un panthéisme où tout dépend de Dieu".
        "Il faut affirmer que les causes secondes agissent vraiment".
Mais Érasme est surtout opposé au fanatisme doctrinal des deux camps :
        "J'aimerais mieux qu'on se trompe sur quelques points plutôt que de lever le glaive pour la vérité avec un si grand tumulte dans le monde".
        " La paix religieuse en peux exister que si nous nous contentons du plus petit nombre possible de définition théologique".
        "Laissez-les de côté jusqu'à ce que le voile s'écarte et que nous puissions contempler le visage de Dieu".
Dans son texte sur l'oecuménisme, Vatican II va un peu dans ce sens en affirmant "qu'il y a un ordre et une hiérarchie des vérités de la foi selon leur rapport différent avec le fondement de la foi".
Érasme essaie de calmer Luther qui répond en publiant "De servo arbitrio" : "La volonté esclave" et il traite Érasme de "Judas épicurien et de vipère athée".
Hans Kung, dans un livre récent, reproche à Érasme sa lâcheté. On peut au contraire,  face à des excès de tout genre,  méditer les paroles de Jésus : "Que t'importe, toi, suis-moi". (Jn 21/22).

LES DEUX FOLIES
Il est bon, dans la mesure du possible de lire directement l'un ou l'autre texte écrit dans chacune des grandes périodes de l'Histoire de la Pensée. Pour cette période de 1300 à 1600 "L'ÉLOGE DE LA FOLIE" d'Érasme nous donne une double leçon dans notre recherche du vrai bonheur. Ce texte assez court nous donne une réponse inattendue à la première question : "l'intelligence humaine individuelle peut-elle atteindre le vrai ?".
La réponse d'Érasme, est celle-ci : la plupart des hommes ne veulent pas chercher la vérité, leurs comportements sont dictés par la folie.
Pour le montrer, Érasme imagine un éloge que la Folie personnifiée fait d'elle-même en montrant  l'influence qu'elle exerce dans toutes les couches de la population, dans tous les métiers !!
Sa description des théologiens est particulièrement féroce(Chap. LIII). "Leur érudition est si compliquée que les apôtres auraient besoin d'un autre Saint Esprit pour distinguer... les causes matérielles, efficientes, finales... du baptême. "Ces gens sont tellement absorbés par leurs bouffonneries, qu'ils n'ont pas le temps de feuilleter une fois l'Évangile".
Il se moque des diverses écoles "réalistes, nominalistes, thomistes, albertistes, scotistes".
Puis c'est le tour des prédicateurs, des rois, des dignitaires ecclésiastiques qui, "au lieu de pratiquer la pauvreté évangélique font la guerre pour augmenter leur territoire".

LA DEUXIÈME FOLIE
On peut penser qu'Érasme ne fait que détruire ! Mais voilà qu'il parle d'une autre folie, celle dont parle Paul (1Cor 1/15) . Cette folie de l'Évangile n'a aucun rapport elle non plus avec la sagesse. "Ils distribuent leurs biens, ont en horreur les plaisirs, se rassasient de jeûnes, ont l'impatience de la mort".
"Quelle sera donc cette vie du ciel où... l'homme sera hors de lui-même... soumis à ce souverain Bonheur qui attire tout à lui ?". "Il arrive à certains d'y goûter par avance. Ils éprouvent alors une sorte de folie... l'expression de leur visage change... Revenus à eux-mêmes ils ne peuvent dire où ils sont allés. Ils savent seulement qu'ils ont eu le Bonheur pendant leur folie... Ils ne rêvent plus que d'être fous à perpétuité".
Pascal résumera cette description de la folie chrétienne en écrivant : "Les hommes sont si fous que ce serait fou par un autre tour de folie que de n'être pas fou". (L412 B414).

3. THOMAS MORE (1477-1535)
C'est parce qu'il est l'ami d'Érasme qui lui dédie d'ailleurs son "Éloge de la Folie" dont nous venons de lire quelques lignes, que Thomas More prend place ici.
Il est célèbre chez tous les historiens par son livre de philosophie politique "l'Utopie", mot d'origine grecque qui signifie "Sans lieu", c'est-à-dire "le pays qui n'existe nulle part". Il s'agit de la description d'un régime collectiviste où tout est en commun, où il n'y a ni argent, ni guerre !!
CHAFFAREVITCH  dans son livre : "Le phénomène socialiste" qui énumère toutes les théories et toutes les réalisations collectivistes s'étonne que l'Église Catholique ait canonisé l'auteur de ce livre !
En fait, Thomas More, chez les catholiques est surtout celui qui donne le témoignage du martyre.  Il préfère être exécuté plutôt que d'approuver le divorce du roi d'Angleterre Henri VIII dont il est le ministre.
Sa lettre que l'on peut lire le 22 juin à l'office des lectures est un des plus beaux textes de la littérature chrétienne.

4. RABELAIS (1495-1553)
Le franciscain devenu bénédictin, grand voyageur et curé, est l'auteur de livres qui ont produit deux adjectifs dans la langue française : "Pantagruel" et "Gargantua".
Disciple d'Érasme, à qui il écrit : "Le peu que je suis et tout ce que je peux valoir, je l'ai reçu de vous seul", il nous propose un grand optimisme et une grande joie de vivre : "Fais ce que tu veux"

5. MONTAIGNE (1533-1592)
D'origine portugaise et juive, ce maire de Bordeaux est célèbre par son livre "ESSAIS". Il est difficile de connaître ses convictions. Ayant décidé de vire "mollement et lâchement", on peut penser que ses témoignages de piété sont plutôt extérieurs et qu'il parle avec plus de sincérité lorsqu'il se moque de la prétendue sagesse de Jésus à 12 ans !
Sa position est un rationalisme modeste. Il ne croit qu'à la raison mais y croit peu. Bien sûr, il condamne l'intolérance de son temps "c'est mettre ses conjonctures à bien haut prix que d'en faire cuire un homme tout vif".
Il est plutôt d'avis que nous ne savons rien. "L'homme le plus sage qui fût savait qu'il ne savait rien". Il s'agit de Socrate, bien sûr, mais Montaigne oublie que Socrate défendait la justice jusqu'à la mort.
Quant à  lui, il veille à se maintenir dans une "jouissance constante".
Nous sommes très proche de la doctrine d'Épicure "calculer le meilleur plaisir". Cette sagesse d'après lui n'est pas "planté à la tête d'un mont raboteux et inaccessible".
On peut penser au contraire qu'il est plus sage de choisir le vrai bonheur même s'il faut pour cela "monter à Jérusalem". C'est cette option que nous retrouvons en passant en revue sept auteurs mystiques.

suite PC chap 7-7