Index

                                                  

  3° CHOIX - ÉTHIQUE
 

 

 

Sommaire


    

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

 

 


 



 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

 




 

 

 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

sommaire

 

Que vais-je choisir pour devenir vraiment heureux ?

Nous en arrivons à la question centrale de la philosophie, si du moins nous comprenons ce mot dans sa signification étymologique : la recherche de la sagesse et non plus sa signification de spécialité universitaire.
        Le mot grec "philo" signifie aimer, chercher
        Le mot grec "sophia" signifie sagesse.
Dire d'un homme qu'il est un "sage" ce n'est pas dire qu'il est diplômé, c'est dire qu'il sait conduire sa propre vie. La sagesse ne désigne donc pas  d'abord une connaissance, un savoir, une étude, mais l'art de conduire pratiquement sa vie vers le vrai bonheur en tenant compte de tous ces éléments, y compris la perspective de la mort.
La sagesse désigne donc un agir effectif même s'il s'appuie sur une réflexion, sur une étude des questions qui se posent et sur une enquête concernant les réponses apportées ailleurs et dans d'autres temps.
Dans la conclusion générale de cette "Histoire de la Pensée" je rappellerai qu'il y a un temps pour tout,  un temps pour enquêter (en regardant, en écoutant, en lisant), un temps ensuite pour réfléchir, un temps ensuite pour choisir, pour écrire et pour programmer et vivre donc selon la sagesse. (voir conclusion générale CG)

Au stade où nous en sommes, il s'agit d'abord :
        *A - d'entrer dans la question du choix moral
        *B - de comprendre le vocabulaire de l'éthique
        *C - de percevoir les pièges cachés dans les divers formulations qui sont toutes orientées
        *D - de passer en revue les types de réponses
        *E - et (comme c'est souvent le cas) de découvrir enfin une question radicale. En éthique cette question radicale est celle du caractère réel ou illusoire de la liberté morale.

A - "ENTRER" DANS L'ÉTHIQUE
il ne sera peut-être pas inutile de rappeler en quelques lignes une première "entrée" dans l'éthique avant d'en suggérer une deuxième.

1/ la crise de l'adolescence
Dès les premières lignes de l'introduction générale IG et de nouveau en suivant l'ordre pédagogique des questions, j'ai rappelé que l'enfant est tout d'abord soumis à une éducation plus ou moins sévère.
Dans le flux des pulsions instinctives, des besoins qu'il découvre en lui et des désirs qu'il veut consciemment satisfaire, les adultes essaient de lui imposer la distinction entre ce qui est permis et ce qui est défendu d'après eux. Il y a au moins les trois interdits de l'inceste, du meurtre et du mensonge.
La morale, l'éthique, c'est à dire la régulation des besoins et des désirs est pour tout homme, pendant un certain temps imposée comme une évidence, collective et traditionnelle. Mais cela prend fin avec la crise de l'adolescence qui fait entrer dans la réflexion éthique et donc dans la philosophie.
L'adolescent s'aperçoit un jour que certains adultes transgressent les interdits qu'on lui impose. Il découvre aussi qu'il y a des différences sur ce point entre les divers groupes humains qu'il rencontre plus ou moins directement : ce qui est défendu ici est permis là-bas. (Pluralisme)  (voir table logique TL)
Ces transgressions et ces différences doivent normalement provoquer le doute et faire "entrer" l'adolescent dans la troisième question de la philosophie : parmi ces opinions et ces comportements, que vais-Je choisir pour devenir vraiment heureux ? Cette crise de l'adolescence est donc une excellente entrée en éthique et fait naître un nouveau "philosophe".

2/ Moi aujourd'hui
Mais il y a une autre porte d'entrée pour comprendre la question morale : c'est "l'analyse" de mon état "psychologique" actuel : Moi aujourd'hui. Cette analyse, peut relancer la réflexion éthique, plusieurs fois dans une vie d'homme.
Cette "psychanalyse" découvre en moi deux conflits plus ou moins permanents mais qui parfois se transforment en CRISES :
    - Le premier conflit oppose les divers besoins, les divers pulsions, les divers désirs qui s'opposent entre eux en moi-même.
    - Le deuxième conflit oppose ces divers désirs d'une part et d'autre part la société qui ne peut accepter le déferlement de toutes ces pulsions, de tous ces besoins, de tous ces désirs...
       Cette opposition de la société a commencé par l'éducation, mais prend d'autres formes pour contrôler les adultes.
Et la question va se poser face à ces deux conflits :
    * Quel est le besoin que je vais satisfaire avant tous les autres ?
    * Dans quelle mesure vais-je accepter les règles des sociétés, dans quelle mesure vais-je les transgresser ?
Cette double régulation personnelle des désirs, c'est exactement la morale, l'éthique.

3/ Le conflit des besoins
C'est ici que l'on rencontre la complémentarité entre la psychologie et la philosophie.
Certes, la psychologie étudie l'homme sous les aspects où il est plutôt déterminé, alors que la philosophie aide l'homme dans ses choix libres.
Mais avant de choisir, avant de réguler ses désirs, chacun de nous doit prendre conscience des désirs qui sont en lui.
ANALYSE PSYCHOLOGIQUE
Chacun de nous a donc tout intérêt à étudier les livres de psychologie qui nous aident à prendre conscience dans un  premier temps de la diversité et de la force des besoins qui peuvent naître et se développer en nous.
Il est dangereux d'ignorer ces besoins, de les méconnaître, car ils risquent alors de se satisfaire d'une manière détournée en provoquant des déséquilibres psychologiques comme l'a montré FREUD (1859-1936). Nous  reviendrons sur les thèses de ce psychiatre autrichien  dont le livre "introduction à la psychanalyse" est lisible par tout homme cultivé.
CHOIX MORAL
Mais après le temps des examens psychologiques, vient le temps du choix moral où la compétence des psychologues trouve sa limite. Car il revient à chacun de réguler les besoins dont il a pris conscience en fonction de l'idée qu'il se fait de l'homme et de son bonheur.
UNE LISTE DE BESOIN
Mais revenons au stade de l'examen psychologique qui précède ce choix en lisant une liste de ces besoins que les psychologues découvrent chez l'un ou l'autre de leurs clients. En lisant cette liste, plus ou moins complète, plus ou moins désordonnée l'un ou l'autre lecteur découvrira peut-être qu'il a inconsciemment donné trop de place à l 'un de ces besoins, ce qui l'empêche d'être heureux.
        1.   Besoins vitaux de manger, de boire, de dormir.
        2.   Besoin sexuel, différent selon l'âge et l'histoire de chacun, avec trois fonctions érotique, relationnelle,  procréatrice.
        3.   Besoin de satisfaire les cinq sens : toucher, voir, entendre, goûter, sentir ou fuir les sensations désagréables à ces cinq sens.
        4.   Besoin de relation affective avec ses innombrables formes. Besoin de l'enfant d'être regardé par les deux yeux de sa mère, d'être
              reconnu, cajolé, caressé, soigné, favorisé, privilégié, attendu; plus tard "choisi" par une personne étrangère à sa famille. Besoin d'être
              à côté, de suivre, d'imiter...
        5.   Besoin d'aider, de consoler, de protéger, de réconforter, de soigner, de s'occuper de quelqu'un...
        6.   Besoin de parler, d'écouter, d'échanger ou, au contraire, besoin de solitude et de silence.
        7.   Besoin d'éprouver de fortes sensations, besoin d'excitations (tabac, alcool, drogues).
        8.   Besoin de connaître, de comprendre, d'étudier, de lire, d'expliquer, d'enseigner...
        9.   Besoin d'avoir de l'argent, des richesses visibles, un moyen de transport personnel, besoin de ranger de nettoyer...
        10. Besoin de dominer, de contrôler, d'influencer, de persuader, de dissuader, de suggérer
             ou au moins d'être responsable de quelque chose ou de quelqu'un.
        11. Besoin d'impressionner, de choquer, de plaisanter, de se singulariser ou au contraire de passer inaperçu en se conformant aux normes.
        12. Besoin de prestige, de célébrité, de réputation, d'honneurs, de gloire, de félicitations, de flatteries.
        13. Besoin d'agresser, de combattre, de s'opposer, d'écraser.
        14. Besoin de liberté absolue avec le refus de toute contrainte parfois...
        15. Besoin au contraire de normes, de sens, avec en cas d'insatisfaction, la tentation du suicide, du crime, de la folie...
        16. Besoin d'assurance, de se préserver face à tout risque.
        17. Besoin d'aventure toujours nouvelle...
        18. Besoin de vaincre la mort en ayant des enfants, en réalisant une "oeuvre", en espérant une célébrité prolongée...
        19. Besoin de changement, de nouveauté, d'aller ailleurs, de faire autre chose...
        20. Besoin au contraire de stabilité, besoin d'une satisfaction enfin permanente, absolue, paisible, sans menace de changement...
Même si cette liste est volontairement incomplète, elle suffit pour montrer qu'il peut y avoir dans le coeur d'un homme un conflit désordonné de besoins divers parfois opposés l'un à l'autre.
LE BONHEUR
Pour apporter une première clarification dans ce désordre nous avons recours à une distinction proposée par Aristote entre ce que nous cherchons comme moyens pour obtenir autre chose et le bien recherché pour lui-même : le bonheur (voir Première période - fin du Chap 6 PP6)
Mais peut-on définir le bonheur ?
Voici une définition qui a été pour moi un fruit de la rédaction de cette "Histoire de la Pensée". LE BONHEUR EST LA PARFAITE RÉALISATION DES DESIRS CONSTITUTIFS DE L'HOMME.
Cette définition bien sûr fait naître deux questions.
Quels sont les désirs constitutifs de l'homme ? Peut-on espérer leur parfaite réalisation ? Les centaines de pages qui suivent donneront les diverses réponses qui au long des siècles, ont été données à ces deux questions.
Pour le moment, il ne s'agit que d'"entrer" dans la question éthique.
Après avoir pris conscience du premier conflit, celui qui oppose les besoins entre eux; il faut examiner le deuxième conflit plus ou moins permanent lui aussi : celui qui oppose chaque personne et la société qui essaie d'imposer une régulation extérieure.

4/ Le conflit entre chaque personne et la société
Chaque individu rencontre des limites dans sa volonté de satisfaire les désirs qu'il ressent en lui-même, il rencontre la volonté des autres individus et les règles, les normes de la société. Non seulement par l'éducation reçue dans son enfance mais encore chaque jour par la contrainte des lois, des tribunaux et des prisons, la société impose la différence entre ce qui est permis et ce qui est défendu.
Une statistique peut nous révéler l'importance de cette contrainte extérieure. Aux États Unis, un adulte sur deux cents est en prison !
Pour justifier cette contrainte, la société s'appuie sur des "autorités"
Voici quelques une des ces AUTORITÉS sur lesquelles s'appuie la société pour nous persuader d'obéir à ses normes et justifier sa contrainte légale, sa violence légitime.
-De nos jours "l'autorité" la plus fréquente est celle de la "majorité" qui d'après certains connaît mieux que la "minorité" ce qui est bien et ce qui est mal (???) On parle de pensée unique, de pensée correcte.
-Dans certaines populations assez isolées, l'autorité réside encore dans les coutumes anciennes, Les ancêtres savaient mieux que les hommes d'aujourd'hui ce qui est mal et ce qui est bien. Cette autorité est de moins en moins respectée.
-Ailleurs, l'autorité réside dans la modernité. Il faut impérativement "être de son temps". Cette autorité est toute puissante à la télévision et des millions d'hommes lui obéissent aveuglément.
-L'influence de ces autorités extérieures est parfois tellement forte que les interdits sont intégrés par la "conscience", cette voix intérieure qui met un premier frein à l'instinct sexuel par l'interdit de l'inceste, limite l'agressivité par l'interdit du  meurtre et favorise la communication par l'interdit du mensonge.
-Une autre autorité vient de Dieu.
La question est alors de discerner la véritable révélation de Dieu, de choisir de commencer à croire, de croire de nouveau ou croire davantage à cette révélation.

5/ La régulation personnelle des désirs
Prendre conscience de ces deux conflits, celui des besoins entre eux en moi-même et celui qui oppose l'individu et la société qui met des limites à la satisfactions des pulsions de chacun de ses membres, nous fait entrer plus profondément dans la question centrale de l'éthique.
La question de l'éthique peut être formulée de plusieurs façons :
                - "Que vais-je choisir pour devenir vraiment heureux ?"
                - "Comment vais-je réguler personnellement mes désirs ?"
                - "Quel besoin vais-je faire passer avant les autres ?"
Pour cela, je dois maîtriser certains instincts par un effort moral et je dois peut-être aussi m'opposer aux pressions de la société.

Pour faciliter cette double réflexion, quelques précisions de vocabulaire seront utiles.

B - VOCABULAIRE
Les deux mots ÉTHIQUE (d'origine grecques) et MORALE (d'origine latine) ont pratiquement la même signification. Ils désignent la régulation des désirs humains ou par la société ou par chaque personne individuelle. Cependant Xavier Thévenot dans le livre "Une éthique au risque de l'évangile" (Desclée de Brouwer Cerf 1993) distingue 3 termes .
        - L'ethos désigne le conglomérat d'interdits et de coutumes imposés aux membres d'un groupe qui le plus souvent l'acceptent comme une évidence indiscutable.
        - La morale désigne plutôt un ensemble de valeurs, de modèles et d'interdits choisis librement par une personne après une certaine réflexion.
        - L'éthique ou l'éthicologie désigne plutôt la science des éthos et des morales.
Malgré cette distinction adoptée par certains spécialistes et refusée par d'autres, j'ai choisi le mot "éthique" comme titre général des questions concernant la régulation des désirs humains.

C - LES QUESTIONS ORIENTÉES
La manière de formuler une question oriente le lecteur vers une réponse plutôt qu'une autre. Cela est vrai pour chacune des cinq questions de la philosophie mais cela est encore plus vrai pour la question de l'éthique. Plus exactement, il n'y a pas de formulation neutre et la seule manière d'être honnête est de comparer les diverses formulations.
En voici tout d'abord deux :
        - Que vais-je choisir pour devenir vraiment heureux ?
        - Que dois-je faire, quel est mon devoir, l'impératif catégorique qui s'impose à moi ?
Ces deux questions introduisent toutes les deux à l'éthique mais elles ont un ton différent et conduisent le lecteur vers une réponse différente. Pour chacune de ces deux formulations on peut trouver des inconvénients et des avantages.
La première formulation qui propose une morale de "bonheur" semble trop relativiste, elle favorise trop l'individu.
La deuxième formulation qui propose une morale de "devoir" semble irréaliste et semble écraser la personne individuelle.

MORALE DU VRAI BONHEUR
A la première formulation que j'ai choisie dès la première page, on reproche souvent qu'elle entraîne le lecteur vers l'idée que chaque individu peut choisir à tout moment ce qui lui semble pouvoir lui procurer le plus de plaisir immédiat. Uniquement attentifs au  mot "choisir", ceux qui rejettent cette formulation prétendent qu'elle ruine toute idée de morale puisque chaque individu aura son opinion et que lui même risque de changer d'avis très souvent sur ce qu'il appelle le bonheur.
Il n'y aura plus d'ordre ni dans la société, ni dans la vie individuelle
A ces critiques, je réponds en soulignant le mot "vraiment" "Que vais-je choisir pour devenir "vraiment" heureux ?". Ce mot signifie qu'il y a pour tout homme une conduite morale qui le rend "vraiment" heureux car elle est conforme à la "véritable" nature de l'homme, à ce qu'est l'homme "véritablement". Le relativisme est évité par la recherche de la vérité. JEAN PAUL II parle sans cesse de cette relation entre la liberté du choix et la vérité au sujet de la nature de l'homme.
Et c'est ici que nous trouvons la nécessité de remonter à la deuxième partie de la philosophie spécialement l'anthropologie, et même à  la première partie, l'épistémologie..., ce qui peut nous conduire à une croyance ou à une foi.

MORALE DU DEVOIR
Ceux qui, à la suite de KANT préfèrent la deuxième formulation : "Que dois-je faire ?" prétendent qu'elle conduit à une morale supérieure de dévouement purement désintéressé. Une morale d'après eux doit proposer des valeurs supérieures, transcendantes, qui s'imposent à tout homme par leur évidence.
On  peut lui répondre qu'ils ignorent l'homme réel qui est un être de besoins et qu'en présentant l'éthique comme un poids à traîner, ils sont responsables du rejet de toute norme par une partie de nos contemporains.

Présenter l'éthique comme une régulation qui conduit au bonheur est sans doute plus réaliste, plus vrai.

SEPT POINTS DE DÉPART
Nous venons de comparer deux formulations de la question éthique qui prennent comme point de départ : l'une l'idée du bonheur, l'autre l'idée de devoir.
Ceux qui ne craignent pas d'être désorientés et qui désirent connaître d'autres formulations pourront étudier la lettre de JEAN-PAUL II intitulée "la splendeur de la vérité", ce que j'aimerais traduire par "la séduction du vrai bonheur".
On y trouve, non pas deux, mais sept morales car JEAN-PAUL II ne se limite pas à la raison mais accueille la révélation évangélique et en intègre plusieurs notions inconnues des philosophes rationalistes.
On trouve donc chez lui, les morales du BONHEUR, de la RÉPONSE à l 'amour de Dieu, de la GÉNÉROSITE, du SALUT, du DEVOIR, des COMMANDEMENTS et des INTERDITS.
Chaque lecteur peut être tenté de privilégier l'un ou l'autre de ces mots pour les favoriser ou pour les rejeter. Il est préférable de montrer la complémentarité de ces divers concepts en disant que :
                - l'homme qui cherche le vrai BONHEUR
                - peut découvrir l'amour de Dieu et y RÉPONDRE GÉNÉREUSEMENT
                - et, en vue de recevoir le SALUT
                - il accomplit ses DEVOIRS,
                - observe les COMMANDEMENTS
                - et les INTERDITS

Mais il est temps de mettre fin à cette étude des formulations de la question éthique pour passer en revue la diversité des réponses.

D- LES PRINCIPALES RÉPONSES
Il était important de bien poser la question du choix moral et de prendre conscience que chaque formulation de la question oriente vers une réponse. C'est au long des trois périodes que nous pourrons comparer la réponse de chaque croyance et de chaque philosophe et celle de la révélation évangélique. Mais nous pouvons déjà faire un classement de ces réponses.
1- Il y a le conformisme moral de ceux qui se conforment à la majorité : ils suivent sans même y réfléchir, il ne choisissent pas. (voir ci dessus :"les autorités")
2- Autre réponse assez récente et assez difficile à comprendre. Des psychologues contemporains voudraient nous encourager à ne plus faire l'effort de maîtriser  l'un ou l'autre besoin "il faut se laisser aller au séductions passagères et légères sans se fatiguer à choisir" au risque d'être déçus. C'est l'abandon au chaos des instincts, un inhumanisme radical. (Matérialisme moral, a-moralisme, voir TP12)
3- Réponse opposée, celle de l'idéalisme moral. (Racine du mot : idéal) Il faut sacrifier sa vie à un idéal sans penser à soi-même. Il faut être désintéressé, faire son devoir devenir un modèle de dévouement (KANT TP6)
4- Réponse de Sartre : "A chaque homme revient le devoir (?) de décider arbitrairement ce qui sera bien pour lui" - le Saint et l'ivrogne ont également raison (Relativisme moral - TP11)
5- Puis viennent tous ceux qui sont d'accord pour dire qu'il faut chercher le vrai bonheur, même s'il ne sont pas d'accord sur la source du vrai bonheur. (réalisme moral) (Aristote - PP6). Même les illettrés sont capables d'énumérer les cinq chemins empruntés par les hommes de tous les temps : l'argent, les plaisirs du corps, les honneurs, les relations humaines et enfin l'union à Dieu.
6- Autre réponse encore, celle du BOUDDHA selon lequel aucun de ces 5 désirs ne pouvant être pleinement satisfait, le bonheur est inaccessible. Et il lui semble donc que tout désir est en fait source de déception et donc de souffrance. On ne peut que diminuer la souffrance en diminuant la force du désir, tuer même la souffrance, en tuant tout désir. Cette solution est inverse de l'abandon aux désirs de l'amoralisme contemporain (renoncement moral - PP2_6).
7- On peut penser que le Bouddha a raison à moins d'accepter et d'accueillir la révélation évangélique selon laquelle l'union à Dieu devient possible grâce à la médiation de Jésus. (morale théologique - PC1 -3°).

Cependant il y a un moyen de remettre en question tout ce que nous avons étudié en posant une dernière question, celle de la liberté.

E- LA LIBERTÉ
les philosophes ont mis à jour une question plus radicale : Y a-t-il un choix à faire ? L'HOMME EST-IL LIBRE ?
N'est-il pas déterminé par des structures sociales, culturelles ou inconscientes ? (structuralisme - TP9)
Cette question nous renvoie à l'ontologie ou même à l'épistémologie. Il est possible que la seule issue de ce débat c'est de faire confiance à la Révélation de la liberté : "Si tu veux !" (Mt 19-21)

PLURALISME
Pour conduire cet exposé de l'état de la question centrale de la philosophie, nous pouvons réfléchir sur la diversité possible des définitions de la liberté. Elles deviendront claires tout au long de cette histoire de la Pensée. (Mettons entre parenthèse la liberté politique qui est le fait de ne pas être contraint extérieurement).
La liberté morale est pensée de manières très diverses, c'est le signe du pluralisme. Les définitions qui suivent ne seront sans doute comprise par certains lecteurs qu'après la lecture des trois périodes de cette "Histoire de la Pensée". Selon les auteurs et les livres...
          - Elle est la possibilité de prendre conscience et d'accepter le déterminisme de la nécessité.
          - Elle est l'illusion d'un choix alors que nous sommes déterminés par les structures.
          - Elle est la possibilité de décider d'une manière arbitraire ce à quoi chacun donnera une valeur absolue. Il n'y a pas de vérité pour tous.
          - Elle est la possibilité de rechercher ce qui en droit peut combler le coeur de tout homme.
          - Elle est la possibilité de répondre à un appel, à une vocation d'amour venu de Dieu...
En réfléchissant  sur ces cinq définitions opposées de la liberté, on comprend une fois de plus que la neutralité est impossible. Toute histoire de la Pensée est "engagée" et l'objectivité consiste, au moins, à présenter ces diverses définitions. Chez les grands défenseurs du pluralisme trouve-t-on la présentation d'opinions aussi diverses ?
(Le lecteur qui le désire trouvera d'autres définitions de la liberté en PC2)
Pour l'étudiant qui voudrait retenir une seule définition, en voici une plus synthétique : "La liberté est la caractéristique de la volonté de l'homme de ne pas être déterminée :
           - ni par une contrainte extérieure (liberté politique),
           - ni par une nécessite intérieure (liberté morale).
tout au  long des siècles nous découvrirons la diversité des morales possibles.
Pour conclure provisoirement cette longue réflexion sur l'éthique on peut signaler une illusion fréquente de nos jours. Beaucoup s'imaginent que le bonheur réside dans la liberté du choix ? Ils ne choisissent donc pas pour rester libres. En fait le bonheur n'est donné qu'à celui qui a fait le bon choix et y a persévéré.

suite 4° Politique