PC
Chap.2

                                                  
INTERFÉRENCES ENTRE THÉOLOGIES ET PHILOSOPHIES
Un nouveau mode de pensée : la théologie évangélique
 

 

 

Sommaire


 

 

                          

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

sommaire

 

Innombrables sont ceux qui voudraient séparer les domaines de la pensée.
Des professeurs "d'histoire de la philosophie" voudraient ignorer le christianisme. Comment peuvent-ils présenter la philosophie de Hegel dont les concepts essentiels sont en fait d'origine théologique ?
Des maîtres spirituels charismatiques de leur côté voudraient ignorer les philosophies. Ils ne se rendent pas compte que plusieurs de leurs thèmes ne sont pas évangéliques mais bouddhistes, platoniciens ou stoïciens.
Ceux qui succombent ainsi à la tentation facile du refus de la théologie ou du refus de la philosophie se rendent eux-mêmes incapables de comprendre le mouvement réel de l'Histoire de la Pensée.
Pendant quinze siècles au moins et même jusqu'à nos jours, ce mouvement des idées est le résultat d'une influence réciproque et incessante de la théologie évangélique et de la philosophie gréco-latine.

CINQ PARTIES
C'est donc pour comprendre ces 15 siècles de pensée et ces interférences entre théologies et philosophies que nous allons dans ce 2ème chapitre
      I/ Découvrir l'originalité de la théologie à partir d'un texte de Romano Guardini. Nous allons essayer de comprendre comment fonctionne ce troisième mode de pensée en le comparant aux croyances et à la pensée philosophique. Même celui qui n'est pas chrétien a intérêt à essayer de comprendre comment raisonne un théologien.
     II/ La deuxième partie du chapitre répond à la question suivante : ce passage de la rationalité philosophique à la foi théologique peut-il être raisonné" et pas seulement intuitif ? Peut-il être "raisonnable" de baser ainsi sa réflexion sur une foi "méta rationnelle?".
    III/ Plus rapidement un classement des traités de théologie est proposé pour information.
    IV/ En quelques lignes seront signalés les accents de la théologie au long des siècles et de nos jours selon la diversité des cultures.
    V/ Enfin, pour la période centrale de l'Histoire de la Pensée, est proposé un bilan synthétique de l'influence de la théologie sur les cinq questions qui servent de cadre pédagogique à notre Histoire.

I/ UN NOUVEAU MODE DE PENSÉE : LA THÉOLOGIE ÉVANGÉLIQUE
L'homme cultivé qui veut comprendre la philosophie moderne et contemporaine doit connaître les 15 siècles de pensée qui l'ont précédée. Il doit donc être initié au  moins en quelques pages à ce nouveau "mode de pensée" qui débute avec le Nouveau Testament et les Pères de l'Église et qu'on appelle la théologie chrétienne.
        - Il ne faut pas la confondre avec les "croyances" (religieuses ou profanes).
        - Il ne faut pas non plus la confondre avec la "théodicée", cette partie de la philosophie qui traite des questions concernant Dieu mais en essayant d'y répondre avec des arguments purement rationnels.
        - Ce qui sépare la théodicée (ou théologie naturelle) et la théologie telle que nous la comprenons ici, ce ne sont pas les questions posées mais la manière d'y répondre.
C'est par le critère de vérité des réponses que la théologie chrétienne constitue un troisième mode de pensée différent des (1) croyances et de la (2) pensée philosophique.

1. Les croyances humaines
Dès qu'une question se pose, la majorité des hommes (même de nos jours) répond en s'appuyant sur une "croyance" collective, sur l'opinion de la majorité qui de plus en plus est révélée par des "sondages" d'opinion. Beaucoup sont en effet incapables d'une pensée vraiment individuelle, purement rationnelle (philosophique ou scientifique), personnelle. Même ceux qui prétendent avoir rejeté les croyances religieuses ne se rendent pas compte que leur esprit est rempli de "croyances" et d'"opinions" collectives qu'ils n'ont jamais mises en doute ni vérifiées personnellement.
2. La réflexion philosophique
Ce n'est pas par les questions qu'elle pose que la réflexion philosophique s'oppose aux croyances d'un côté et à la théologie de l'autre mais par la manière d'y répondre. Dans la mesure où je suis philosophe j'essaie de répondre à toute question sans jamais faire confiance à personne et en vérifiant personnellement tous les éléments d'une démonstration qu'on me propose.
3. La foi théologique
Celui qui a pris ses distances avec les croyances collectives et a essayé une réflexion personnelle et philosophique peut choisir d'accéder au troisième "mode de pensée" : la foi théologique. A ce troisième niveau, je ne fais plus confiance aux croyances humaines collectives, je n'exige plus une vérification personnelle comme en philosophie, mais je fais confiance à Jésus car j'ai tiré la conclusion qu'il est parole venue de Dieu à la suite d'une intuition ou d'un examen systématique comme nous le verrons dans la deuxième partie de ce chapitre.

La page décisive
Pour que mon "Histoire de la Pensée" soit vraiment "une première initiation" comme cela est indiqué en page d'accueil, j'ai évité de citer mot à mot une page d'un auteur lorsqu'elle contenait des mots incompréhensibles pour un lecteur non spécialisé. Je vais faire une exception en recopiant intégralement toute une pape du livre de Romano GUARDINI "Le Seigneur" (Alsatia 1945) (Tome II p187-188).
Le motif de cette exception est qu'il s'agit de la page la plus décisive de ma vie et qu'il est possible qu'il en soit ainsi pour l'un ou l'autre lecteur.
C'était en 1958. J'étais officiellement étudiant en théologie. Moi-même, je croyais l'être réellement. La lecture de cette page m'a fait comprendre que je n'étais pas vraiment "entré" en théologie. Depuis 37 ans j'ai rencontré souvent cette même illusion chez des professeurs de théologie. Ils croient être en théologie, ils sont encore en philosophie ou en plein syncrétisme.
Il est possible que certains lecteurs ne comprennent pas cette page dès la première lecture.
Je l'ai divisée en dix paragraphes auxquels j'ai mis un sous-titre. Je vais ensuite la résumer avec des mots plus simples pour permettre si nécessaire une deuxième lecture plus facile.
Voici donc tout d'abord le texte de GUARDINI

LA TRANSFORMATION CHRÉTIENNE DE LA PENSÉE
"Paul enseigne que le Christ est vraiment l'espace, l'ordre, la forme, la puissance qui accueillent en eux et transforment le croyant. Et l'expérience confirme cette vue. En quoi consiste, par exemple, la formation chrétienne de  la pensée?..."
1. Inconscience
"L'homme vit d'abord avec ses idées dans le monde en général et il utilise comme norme de sa pensée l'expérience et la logique. D'après cela, il juge ce qui est et ce qui pourrait être".
2. Prise de conscience
" Quand il arrive au Christ, un problème décisif se pose pour lui : appliquera-t-il à celui-ci les points de vue communs ? Sans doute essaiera-t-il d'abord de le faire, mais il remarquera bientôt qu'il y a là quelque chose de particulier. Il se sentira poussé à renverser l'ordre des choses et à prendre le Christ comme point de départ, à ne plus le prendre comme objet, mais comme norme de pensée, à ne plus lui appliquer les lois générales de la pensée et de l'expérience, mais à voir en lui la mesure même du réel et du possible".
3. Hésitation
"La pensée, qui veut rester maîtresse d'elle-même, se défend là contre, car ce serait renoncer à son autonomie à l'intérieur du monde et s'abandonner entre les mains de Dieu parlant dans la Révélation".
4. Décision
"Mais il y a là pour elle une option décisive : devenir chrétienne ou non."
5. Transformation
"Si elle se décide pour l'affirmative, elle commencera à subir une très profonde transformation. Celle-ci pourra être troublante, voire angoissante, comme le passage à travers la perplexité ou un sombre couloir. Ce qui était sûr jusque là est mis en question. Toute la conception du réel, toute l'existence pensante sont reconstruites sur un autre plan."
Retour à 3 hésitations
"On se demande toujours, avec insistance, si le Christ est vraiment assez grand pour être la mesure de tout, si le monde entre vraiment en lui, si malgré tout, penser en fonction de lui "ne serait pas simplement une forme -privilégiée sans doute - de vénération" faisant de l'homme vénéré la norme de toute chose ? Il y aurait alors là un cas particulier de l'amour qui rend à la fois aveugle et clairvoyant."
Transformation incessante
Mais, dans la mesure où la pensée persévèrera, elle comprendra que l'amour pour le Christ est essentiellement différent de tout autre amour. Elle reconnaît - que le Chris est la catégorie, qui fonde toutes choses, le système de coordonnées de la pensée, qui donne à tout sa vérité. C'est là cette vérification expérimentale dont il a été question plus haut."
Fruit de la conversion
"Quelque limitée et faible que soit la pensée du chrétien individuel, dans la mesure où il se soumet jusqu'au bout à cette transformation, il constatera en lui une amplitude, une vigueur synthétique, une supériorité de la pensée, qu'aucune clairvoyance naturelle ne peut donner".
La nouvelle mesure du vrai
"Voilà que la figure du Christ s'est agrandie au delà de toute mesure ! Il n'y a pas de mesure pour elle. Elle est elle-même la mesure".

Les cinq étapes
voilà donc le texte qui m'a fait comprendre vraiment le choix que je devais faire si je voulais "entrer" en théologie chrétienne, ou devenir simplement chrétien !
Voici maintenant un commentaire où je reprends la numérotation que j'ai donné des cinq étapes de la "conversion chrétienne de la pensée". Puisque j'ai promis à la fin du premier chapitre de rester dans les frontières de la "pensée" je ne ferais que des allusions à la conversion de la "vie concrète" qui , bien sûr, est plus importante. Ces quelques lignes de commentaire aideront peut-être l'un ou l'autre lecteur à comprendre aussi le choix proposé.
1. Inconscience
Beaucoup de ceux qui s'imaginent être chrétiens ou même théologiens n'ont jamais pris clairement conscience que, pour devenir chrétien, il faut non seulement quitter le niveau des simples croyances humaines mais dépasser également l'étape philosophique.
Remarquons au passage que Guardini prend comme point de départ ce deuxième mode de pensée. Ne mentionnant pas l'attitude pourtant fréquente de ceux qui s'abandonnent naïvement aux "croyances" humaines collectives il commence la description du cheminement par l'homme qui croit pouvoir tout vérifier personnellement en prenant "d'abord", comme "norme de sa pensée sa propre expérience et sa propre logique".
2. Prise de conscience
Ce n'est parfois que TRÈS tard qu'un chrétien, un prêtre, un pasteur, un théologien comprend que Jésus exige une confiance totale dans toutes ses paroles et une consécration totale à sa personne. Il ne suffit pas de méditer les paroles de Jésus PARMI d'autres mais il faut prendre les paroles de Jésus comme CRITÈRE pour apprécier et juger toutes les pensées; la sienne et celle des autres, même celle qui domine dans les milieu chrétiens.
3. Hésitation
- Survient alors une période d'hésitation. Celui qui n'a jamais ressenti ce doute en est peut-être encore à la première étape. Jean Paul II disait :"Je n'ai, à vrai dire, jamais vraiment douté mais je suis passé d'une foi héritée à un foi personnelle après un choix conscient". Il avait donc au moins fait un choix plus personnel, fruit d'une certaine délibération.
4. Décision de principe
- Peu venir alors la décision de choisir de :
* commencer à croire en Jésus comme norme de vérité
* ou de recommencer à croire en Jésus après un éloignement temporaire
* ou de commencer à croire d'une manière plus complète et plus personnelle.
5. Transformation sans fin
Commence alors un processus incessant de conversion chrétienne de la pensée. On prend chaque jour conscience que l'une ou l'autre conviction ou comportement que l'on a encore est en désaccord avec un passage ou l'autre des évangiles et qu'il faut s'évangéliser soi-même sans fin. Même après 37 ans de cette révision incessante, on prend conscience, parfois d'une manière bouleversante, que l'on n'est jamais totalement chrétien et qu'il faut le devenir chaque jour davantage.
En conclusion, Guardini fait comprendre que chaque chrétien qui procède ainsi à l'évangélisation de sa propre pensée peut recevoir par moments une lucidité exceptionnelle. Ce qui cependant ne signifie pas que la foi théologique suffit à tout.

Rejeter le fidéisme
Car une compréhension erronée de la théologie peut la transformer en idéologie : le fidéisme.
Parmi les nombreuses significations possibles du mot "idéologie", il désigne ici tout système de pensée qui est adopté paf un homme ou un groupe d'hommes comme étant suffisant pour répondre à toutes les questions, dans tous les domaines. Ce qui bien sûr entraîne l'inutilité de tout autre système de pensée.
Trois exemples avec à chaque fois la finale du mot en "isme"
        - Le "scientisme" que nous rencontrerons dans la troisième période (chap.9) consiste à s'imaginer que la "Science" suffit à répondre à toutes les questions. Ce qui entraîne le rejet des croyances, des philosophies et des théologies.
        - Le "rationalisme" que nous rencontrerons dès la fin de la période centrale (chap.6-X et chap.7-IV) consiste à s'enfermer dans la rationalité (scientifique et philosophique) en rejetant les croyances humaines et la foi théologique.
        - Le "fidéisme" consiste à prétendre que la "foi" théologique répond à toutes les questions et qu'il faut rejeter la Science et la Philosophie. On rencontre cette prétention surtout dans les sectes dont les membres pourraient résumer leur attitude ainsi : je sais tout, je suis aveuglément le chef, je me sépare !
Même dans le cadre d'une première présentation de la foi théologique il fallait rejeter le "fidéisme" au nom même des paroles de Jésus que j'ai citées au premier chapitre sous le titre de l'"épistémologie évangélique". J'y dénonçais déjà les deux "excès" : le rationalisme et le fidéisme. J'y signale les trois "accents" du pessimisme, de l'optimisme et du réalisme que nous rencontrerons très souvent dans les chapitres qui suivent.
Pour ceux qui voudraient approfondir cette question des relations entre le "naturel" et le "surnaturel", qui sont des concepts fondamentaux en théologie chrétienne, je renvoie à deux livres importants qui défendent deux points de vue différents "Nature et grâce" de SCHEEBEN  et "Surnaturel" de DE LUBAC.
Dans le cadre d'une première initiation je crois devoir renoncer à en dire davantage. Par contre je vais essayer de montrer comment un philosophe peut choisir de devenir théologien en passant de la pure rationalité à la foi théologique.

II. LE PASSAGE DE LA PHILOSOPHIE À LA THÉOLOGIE
Une page de Romano GUARDINI nous fait comprendre l'originalité du "mode de pensée", de la manière de penser que je préfère appeler la théologie évangélique.
        - Le critère pour distinguer le vrai du faux ce n'est plus les croyances humaines collectives comme c'est le cas pour tous ceux qui sont incapables de pensée personnelle.
        - Ce n'est plus (d'abord) ma pensée personnelle comme c'est le cas de celui qui n'est encore que philosophe rationaliste.
        - Le critère pour distinguer le vrai du faux, c'est Jésus (au moins dans les domaines où il a révélé sa réponse). Car nous venons de le rappeler, c'est précisément Jésus qui le premier a distingué les domaines de la pensée en disant "Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu)
i est à Dieu." Cette attitude fréquente de Jésus est la source de distinctions des domaines de la pensée. (Voir Exposé Préalable I)
Devenir chrétien et théologien n'entraîne donc pas la prétention de trouver dans les Évangiles une réponse à toutes les questions mais la décision de s'appuyer sur la parole de Jésus pour les questions dont il a révélé la réponse.
La question que nous allons poser dans cette deuxième partie du chapitre (consacré aux relations entre théologie et philosophie) est la suivante. Quels sont les motifs qui peuvent conduire un philosophe à choisir de devenir également théologien ?
Le passage de la rationalité philosophique à la foi théologique peut-il être raisonné et raisonnable même s'il est souvent le fruit d'une intuition que l'intéressé ne réussit pas à expliciter lui-même.

Trois modalités
Ce choix de croire en Jésus comme parole (logos) venue de Dieu (Théos) peut être fait selon trois modalités.
    - Telle personne qui n'était pas chrétienne choisit de COMMENCER à croire en Jésus comme parole venue de Dieu et donc comme critère de vérité.
    - Telle personne qui a reçu une éducation chrétienne choisit de RECOMMENCER à croire en jésus, après un temps de prétention rationaliste ou d'éloignement inconscient.
    - Telle personne enfin choisit de CONTINUER à croire en Jésus après une éducation chrétienne mais d'y croire d'une manière plus personnelle en travaillant à la conversion de sa pensée comme l'a expliqué Guardini.
Cette réflexion sur les motifs du choix de croire a reçu deux étiquettes plus ou moins claires.
    - Les théologiens contemporains parlent de "théologie fondamentale", c'est-à-dire de l'étude des fondements du choix de croire, de l'étude des motifs qui peuvent entraîner un homme à passer de la philosophie à la théologie.
     -Dans les années 1950, on parlait encore d'"apologétique". Ce mot, on le trouve dans la première épître de Pierre "soyez toujours prêts à répondre (en grec : "prosapologian) à tout homme qui vous interroge sur les motifs, sur les raisons (en grec : "logon") sur la "logique" donc qui nourrit l'espérance qui est en vous (1 Pierre 3/15).
    - Cette réflexion peut se faire pendant le passage à la foi. Souvent elle s'exprime après ce passage, lorsque ceux qui ne sont pas encore  chrétiens demandent les motifs qui expliquent cette espérance en un bonheur absolu.
C'est après son passage de la foi juive à la foi chrétienne que Paul donne les motifs de sa conversion à un évangile qui est "scandale pour les juifs et folie pour les païens" (1 Cor 1/23)

Cinq noms
Nous pouvons en quelques lignes esquisser une "Histoire de la théologie fondamentale" qui, bien sûr, change selon le contexte historique. Nous choisissons cinq auteurs pour ce premier aperçu; d'autres auteurs seront présentés dans les chapitres qui suivent, dès le 4ème chapitre.
    - C'est après son long cheminement du manichéisme au scepticisme et au néoplatonisme qu'AUGUSTIN (354-430) explique son encrage définitif dans la Bible de L'Église catholique.
    - Par contre, pendant les siècles de chrétienté, les théologiens n'expliquent pas un "passage" qui ne s'est pas vraiment produit. Ils ont été éduqués dans l'Église catholique. Mais il vont "défendre" cette foi catholique face aux attaques venant des sociétés non chrétiennes. Exemple THOMAS D'AQUIN (1225-1274) face à  l'Islam.
    - Plus tard, l'apologétique donnera beaucoup d'importance aux dissensions entre chrétiens avec par exemple ÉRASME (1469-1536) qui rejette les excès de Luther mais aussi l'autoritarisme de Rome.
    - Une nouvelle époque de l'apologétique commence avec PASCAL (1623-1662). Après sa conversion à une foi plus personnelle, il répond au mépris des "libertins" et DISQUALIFIE d'avance tous ceux qui (jusqu'à nos jours) prétendent s'enfermer dans une pure rationalité. Le troisième chapitre de la troisième période sera entièrement consacré à ce génie scientifique, philosophique et théologique. (TPchap3).
    - S'il faut choisir un cinquième nom dans l'Histoire de la Pensée pour cette réflexion sur le passage à la foi, ce sera John-henry NEWMAN (1801-1890). Il montre que le choix de croire est l'acte le plus élevé de la raison humaine qui reconnaît ainsi sa dépendance effective envers Dieu. Il est déjà beau pour la raison de décider de faire confiance à une personne humaine.
Il est encore plus raisonnable de faire un choix "méta rationnel" en faisant confiance à Dieu lorsque des signes concordants montrent suffisamment que c'est "Dieu qui parle" en Jésus, dans les évangiles et même dans l'Église catholique. Newman est anglican mais il "se porte, quoi qu'il en coûte, vers le point où il y a le plus de raison et de lumière", même s'il y a là encore de l'ombre. Il devient catholique. À un moment, on a l'intuition ("illiative sense") de la convergence des arguments les plus forts, en faveur d'un choix, en faveur d'une foi.

Jean GUITTON
Après avoir mentionné ces cinq grands noms de l'Histoire de la théologie fondamentale je prends le risque de choisir un auteur contemporain : Jean Guitton. Même si certains de ses livres récents sont d'inégale valeur, c'est la lecture de son meilleur livre qui a joué un rôle décisif pour me convaincre que la transformation chrétienne de la pensée telle que Guardini l'explicitait pouvait être un acte raisonné et raisonnable.
Le tire en est simplement "Jésus". Il a été édité par Grasset en 1957. Je l'ai lu en 1958. Une deuxième lecture 36 ans plus tard (en 1994) m'a persuadé qu'il y a là un livre très solide.

Choix individuel
Après s'être étonné (avec raison) de voir le peu de soin et de temps que les intellectuels chrétiens consacrent à examiner les motifs du choix de la foi, Jean Guitton explique que le choix est finalement individuel. Avant de faire ce choix (écrit-il) "j'ai cru longtemps qu'il existait en ce domaine un "MAÎTRE" et qu'il n'y aurait qu'à s'asseoir à ses pieds. Sa parole, appuyée sur une vie de recherche ferait cesser toute oscillation en mon esprit. La réflexion m'a fait comprendre que ce MAÎTRE n'existerait jamais car il y aura toujours ombre et lumière."
"Parce que nu être, si élevé qu'il soit en érudition en savoir, en profondeur ne pourra jamais se substituer à moi et que, par conséquent, il ma fallait, en fin de compte, prendre une DÉCISION après avoir rassemblé MES connaissance et MES expériences.
Et l'on pense au "Pari" de Pascal, qui montre que le choix est inévitable. Attendre c'est "choisir" de ne pas croire, c'est risquer de prendre la responsabilité de son propre malheur.

Un fait, trois explications
Si donc, Jean Guitton ne peut se substituer à moi pour ce choix que je vais faire (de croire ou de ne pas croire) il peut m'aider à choisir comme POINT DE DÉPART de ma réflexion un fait scientifiquement vérifiable par chacun, indiscutable et dont j'ai déjà souligné l'importance dès la quatrième partie de l'Exposé Préalable (où j'ai déjà abordé ce passage du philosophe qui devient chrétien). Ce FAIT de base, chacun peut le "prendre en main". C'est le Nouveau Testament dont une partie est écrite quelques vingt ans après la mort de Jésus seulement.
Nous y constatons, que très peu de temps après sa mort sur une croix comme un homme "maudit par Dieu" (d'après le Deutéronome (21/23) cité en Galates 3/13) Jésus est adoré à l'égal de Dieu (Phil2.) par des juifs dont la culture (semblable à celle des musulmans de nos jours) est déterminée par le commandement "tu n'auras pas d'autre Dieu que moi".
Cette attitude anormale, inconcevable qui devient un fait vérifiable a reçu au long des siècles trois explications exposées par Jean Guitton.
    - Certains historiens ont essayé de démontrer que nous n'avons ici qu'un cas parmi d'autres d'un homme vénéré et ensuite "déifié" par ses disciples. Mais cette attitude est inconcevable chez des juifs. Même si certains peuples ont déifié leurs empereurs, cela supposait toujours la réussite finale non la fin sur une croix !
    - Deuxième explication rejetée par Guitton. Celle de ceux qui veulent démontrer que nous avons ici un cas parmi d'autres d'un "mythe" revêtu d'une apparence historique. Pour rejeter cette explication, chaque lecteur des évangiles peut constater que les paroles qui disent en fait la divinité de Jésus ne sont pas perçues dans leur richesse par les auditeurs immédiats. Si comme certains le répètent sans fin, ces textes avaient été "inventés" par des croyants, ils seraient explicites. Ils ne contiendraient pas de multiples contradictions apparentes. Ils ne seraient pas insérés dans des récits de vie ordinaire avec de multiples détails anecdotiques.
    - La troisième explication est celle donnée par les apôtres eux-mêmes. Ils ont rencontrés Jésus non seulement vivant mais dans la gloire de Dieu dans une expérience qu'ils essaient d'exprimer avec des mots assez divers.

A chacun ses motifs
En essayant de résumer ainsi le livre de Jean Guitton qui est nuancé et pas toujours très clair, je me rends compte que cette démonstration, pour être comprise suppose une culture exégétique qui n'est pas fréquente, une connaissance des mythes et des mentalités anciennes.
Le livre d'un journaliste Italiens (converti de l'athéisme au catholicisme) est plus facile à comprendre. Il s'agit du livre "Hypothèses sur Jésus" de MESSORI (Mame 1979).
En fait, chacun a ses motifs pour choisir de croire ou de ne pas croire.
Dans le livre même Jean Guitton, il y a plusieurs interventions d'une certaine "Hélèna" qui reste insensible aux démonstrations savantes de l'auteur. Elle est sûre de son intuition. En lisant directement les quatre évangiles, elle sait qu'ils sonnent "vrais".
J'ai rencontré beaucoup de chrétiens (dont un agrégé de philosophie) dont le choix de croire, (comme pour Hélèna) est surtout déterminé par la lecture directe des quatre évangiles.
Pour moi également, le contact quotidien avec les paroles de Jésus est devenu une des sources de mes convictions plus importante que les démonstrations de Jean Guitton (même si celle-ci paraissent solides.) Plus importante encore est la double expérience spirituelle que chacun peut faire soi-même ou qu'il peut percevoir chez les autres.
    - Dans la mesure où je réponds vraiment aux exigence des évangiles, mon bonheur augmente, même au milieu des épreuves.
    - Dans la mesure où (trop souvent) je m'éloigne de Jésus par mon comportement, je perds un peu de mon bonheur.
Même ceux qui n'ont pas encore fait eux-mêmes cette double expérience peuvent déjà percevoir qu'un tel est profondément heureux au milieu des épreuves et que tel autre est profondément malheureux au milieu du luxe. Dès les premières pages de l'introduction générale, j'ai souligné ce rôle des "témoins" tout en rappelant le rôle des "livres".

Diversité des objections
S'il y a une diversité infinie dans les motifs pour le choix de croire, il y a également diversité dans les objections de ceux qui choisissent de ne pas croire.
    - Un tel est impressionné par le grand nombre des incroyants. Il oublie que, lorsqu'un savant fait une découverte, il est seul face au grand nombre de ses collègues qui sont encore dans l'erreur.
    - Un tel est impressionné par tel savant qui proclame son athéisme. Il oublie qu'on peut être compétent dans un domaine et nul pour ce qui est du choix du bonheur.
    - Un tel proclame que toutes les religions se valent. Cette gentille naïveté est à la mode chez beaucoup de théologien qui n'ont pas eu de contact directs avec les autres religions.
    - Un tel est scandalisé par le comportement de tel prêtre, de tel évêque ou de tel pape que l'histoire nous fait connaître alors qu'un autre (tout aussi informé des faiblesses des autorités ecclésiastiques dans le passé et dans le temps présent) discerne un vrai miracle divin dans la capacité de réforme incessante de l'Église.
    - Un tel trouve illusoire (et stupide même) le dévouement purement désintéressé que lui proposent certains chrétiens. Avec Pascal il a raison de penser que tout homme cherche en fait son propre bonheur.
Il ne sait pas que l'évangile n'est pas ce désintéressement orgueilleux que lui présentent ces chrétiens mais le choix d'un vrai bonheur éternel en renonçant (il est vrai) à certains petits plaisirs immédiats. (voir PCchap1 - 7. les paradoxes de l'amour : Bonheur et Souffrance.)
l'énumération des motivations qui conduisent au choix de croire ou ne pas croire peut s'allonger sans fin selon les contextes dans le temps et dans l'espace.
Une fois de plus, nous voilà tiraillé entre les deux questions : trop ? trop peu ?
A la limite, cette étude de tout ce qui peut contribuer ou empêcher le choix de passer à la foi théologique, cette étude peut englober tous les domaines de la pensée.

Originalité chrétienne
Cette étude est très importante et constitue une originalité des chrétiens. Les autres religions n'ont pas encore vraiment affronté la "modernité" et il n'y a pas de réflexion développée pour justifier un choix de devenir hindou ou musulman. Même le bouddhisme que nous avons présenté comme le sommet de la Pensée rationnelle est, en pratique, mélangé avec des croyances animistes et des pratiques magiques. Toutes les croyances qui semblent revivre (en fusionnant avec des revendications nationales ou raciales) sont sans doute condamnées à plus au moins long terme sauf la forme philosophique du bouddhisme. Seule la foi théologique chrétienne peut-être présentée comme le fruit d'un choix raisonné et raisonnable.

Cinq parties
Cette justification est le rôle de la théologie fondamentale. En voici pour conclure les cinq parties
    - 1. Il faut d'abord écarter toutes les idéologies c'est à dire les systèmes de pensée les plus divers acceptés comme une réponse suffisante pour répondre à toutes les questions : traditionalisme, rationalisme, scientisme. Ces idéologies sont des obstacles pour la foi.
    -2. Il faut ensuite prendre conscience que des attitudes morales conditionnent l'accueil de la Révélation :
        - profondeur humaine : (non plus seulement s'informer, non plus seulement essayer de comprendre, mais poser les questions de Mon bonheur, de Ma mort, Mons Sauveur (voir TPchap11)
        - soif d'un bonheur absolu,
        - perception de nos limites humaines (ignorances relatives, faiblesse morale, sens de la mortalité).
    -3. Approfondissement des cinq questions de la philosophie telles que nous les avons examinées dans l'Exposé Préalable
    -4. Appréciation des philosophes et des croyances les plus diverses grâce à une Histoire de la Pensée" qui peut donc jouer un rôle important dans le choix de croire ou de ne pas croire.
    -5. Connaissance savoureuse des évangiles, témoignage de vie spirituelle d'autres chrétiens, expériences de vie spirituelle personnelle.
Les lecteurs qui veulent étudier cette "théologie fondamentale" feront bien de lire "vérité du christianisme" d'Henri Bouillard (Desclée de Brouwer 1989).

III. LA THÉOLOGIE... UN SYSTÈME ?
La "théologie fondamentale" que je viens de résumer dans la deuxième partie de ce chapitre ne constitue qu'une porte d'"entrée" dans la théologie elle-même.
Celle-ci comporte des "traités" que nous pouvons classer en fonction des cinq questions qui ont servi de cadre pour toute cette "Histoire de la Pensée".
    1° En réponse à  l'épistémologie il y aura l'étude de la Révélation : Bible, Tradition, Magistère, foi, liturgie, critère de foi.
    2° Face à l'ontologie, il y aura la Création, la Trinité, la condition de l'homme avant et après la chute, la CHRISTOLOGIE avec le mystère de l'incarnation et le rôle de Marie mère le Dieu, le baptême.
    3° la Rédemption, la Grâce, le mystère de Pâques, la morale chrétienne la spiritualité de la charité, les sacrements de l'Eucharistie, de la réconciliation, répondent à l'Éthique.
    4° Le rôle de l'Esprit Saint dans l'Église et les sacrements des ministères et du mariage, correspondent à  l'animation de la société.
    5° La résurrection et les fins dernières, l'Histoire du Salut, l'onction des malades, constituent une eschatologie théologique.
Il est possible que certains théologiens, si quelqu'un leur fait lire cette initiation qui n'a pas été écrite pour eux, refusent ce "système". Voilà pourquoi il y a un point d'interrogation ci-dessus. Cette énumération n'a d'autre but que de donner une première idée de ce qu'on peut appeler théologie.
Personnellement je suis plutôt tenté par l'excès inverse. Non seulement je me méfie de tout "système" théologique mais je "rêve" parfois d'un retour au seul texte des quatre évangiles. Je sais cependant que c'est un "rêve" et je montrerai dans les chapitres qui suivent que la théologie est inévitable.

IV. LES THÉOLOGIES DANS LE TEMPS ET DANS L'ESPACE
En s'inspirant d'un panorama historique de Hans-Kung dans "Une théologie pour le troisième millénaire" (Seuil 89), on peut énumérer les accents successifs suivants :
1. Pendant un certain temps,  la tension ESCHATOLOGIQUE a été primordiale, elle est la plus nette dans les premiers textes chrétiens : les deux Épîtres aux Thessaloniciens.
2. Si nous prenons comme deuxième repère Irénée, c'est la TRANSMISSION TRADITIONNELLE et fidèle qu domine et qui gardera une importance primordiale chez les chrétiens de culture grecque.
3. Peu à peu, l'insistance va porter sur des FORMULATIONS  DOGMATIQUES conciliaires avec parfois le rôle de "Pierre qui a parlé par Léon" comme nous le verrons plus loin.
4. Chez les latins, c'est Augustin qui exercera une grande influence avec l'insistance sur la GRÂCE et même sur la prédestination.
5. Ce n'est que vers le 13è siècle que l'idée d'une science théologique complète va s'organiser avec Thomas d'Aquin. (PC chap.6)
6. Luther va réagir avec le rêve d'un retour A LA SEULE BIBLE.
7. Après 1600, comme nous le verrons dans la Troisième Période, des sciences de plus en plus nombreuses vont se constituer et la théologie sera invitée à se situer face à elles : les sciences exactes avec l'affaire Galilée, les SCIENCES HUMAINES avec les critiques textuelles littéraires, historiques.
Mais nous reverrons la succession des théologies dans le temps au long des chapitres des deux périodes que  nous devons encore découvrir.

De nos jour, les théologies se diversifient dans l'ESPACE car les AFRICAINS, les ASIATIQUES et les autres chrétiens ne peuvent devenir vraiment chrétiens qu'en prenant comme point de départ et d'expression leurs diverses CULTURES.

V. INTERFERENCES INCESSANTES ENTRE THEOLOGIE ET PHILOSOPHIES
Un aperçu rapides des significations du mot théologie, de l'entrée en théologie par la "théologie fondamentale" des principaux sujets traités et des accents dominants au long des siècles, était sans doute utile pour comprendre plus facilement l'influence réciproque qui va désormais s'exercer entre les théologies et les philosophies, plus particulièrement pendant la deuxième période de l'Histoire de la Pensée.

Mouvements en deux sens
Cette influence va s'exercer à l'occasion de mouvements en deux sens.
    - Des chrétiens vont s'adresser à des philosophes
    - Des philosophes vont marcher vers la foi
    - Plus tard, des chrétiens (isolés) redécouvriront la philosophie.
Ces divers mouvements vont être bénéfiques autant pour la philosophie que pour la théologie. Avant de revoir ces évolutions à partir du chapitre quatre jusqu'au chapitre 7, il sera bon d'en faire une rapide synthèse en réfléchissant sur ce qui se produit dans tout dialogue.

Dialogues
    (2) Parler, c'est dire quelque chose de plus ou moins NOUVEAU
    (1) à quelqu'un qui a déjà auparavant accumulé quelques idées ANCIENNES et surtout un certain vocabulaire.
    (3) Celui qui a écouté peut à son tout redire la NOUVEAUTÉ qu'il vient d'entendre en employant d'autres mots et en l'adaptant à ses réflexions PRÉCÉDENTES.

    (2) La révélation évangélique est cette NOUVEAUTÉ.
    (1) Les idées ANCIENNES et le vocabulaire ANTÉRIEUR ce sont les PHILOSOPHIES ANTIQUES et les RELIGIONS ANTÉRIEURES à Jésus.
    (3) Les théologies chrétiennes redisent LA NOUVEAUTÉ ÉVANGÉLIQUE en employant le vocabulaire des PHILOSOPHES ANTIQUES et des RELIGIONS ANTÉRIEURES.
C'est ce qu'on appelle l'INCULTURATION de l'évangile.

Cinq étapes
1. Le premier mouvement de cette évangélisation jamais achevée avait été bien sût la prédication de JÉSUS marchant vers les foules de Galilée. Jésus utilise en partie le vocabulaire de l'Ancien Testament mais apporte tellement d'éléments "nouveaux" qu'on parle de Bonne "Nouvelle". Parfois il souligne la continuité : "Je ne suis pas venu abroger la Loi et les Prophètes" Mt 5/17. Souvent il souligne l'opposition : "On vous a dit... Moi, au contraire, je vous dis" Mt 5/21-44
2. Les apôtres s'adressent aux juifs hellénisés et déjà une tension surgit entre Jacques accroché aux traditions et Paul qui souligne la nouveauté de la foi chrétienne (Actes 6 à 15).
3. PAUL S'ADRESSE AUX PHILOSOPHES ÉPICURIENS ET STOÏCIENS (actes 17/18)
    - A Athènes, il insiste sur la continuité (Actes 17/22-28)
    - En 1Co I/19-23; I Co 2/2-1; 1 Tim 4/3-4; Tite 1/14; Paul souligne l'opposition entre foi et philosophie.
    - En Rom 1 et 2, il a position plus mesurée.
4. Le quatrième mouvement est inverse. Ce sont DES PHILOSOPHES QUI MARCHENT VERS LA FOI.
De nouveau trois attitudes :
- Optimisme maintenu envers la philosophie avec JUSTIN et CLÉMENT d'Alexandrie (voir la table des auteurs). "La philosophie est un travail préparatoire, elle ouvre la voie à celui que le Christ rend parfait, elle fait son éducation pour aller au Christ".
- Pessimisme envers la philosophie, l'exemple  le plus célèbre sera TERTULLIEN. "Qu'est-ce qu'Athènes a à faire avec Jérusalem ?".
- L'équilibre sera celui d'AUGUSTIN avec ses deux formules du sermon 43 "Intellige ut credas". réfléchis pour comprendre il faut croire. "Crede ut intellige". Donne ta foi à Jésus et tu comprendras la vie humaine. (C'est plus tard qu'ANSELME ajoutera une troisième formule "fides quaerens intellectum", la foi à  la recherche d'une compréhension de son contenu).
5. DES THÉOLOGIENS REDÉCOUVRENT LA PURE PHILOSOPHIE ANCIENNE.
C'est beaucoup plus tard qu'un cinquième mouvement va provoquer une nouvelle évolution des philosophies et des théologies.
Vivant en chrétienté isolée, de 88 à 1200, les théologiens auront tendance à considérer l'expression traditionnelle de la foi comme une évidence rationnelle.
Des contacts avec les philosophes arabes permettront vers 1200 une redécouverte de la rationalité philosophique.
Trois réactions :
- Thomas d'Aquin réussit à situer philosophie et théologie (Équilibre)
- Dès cette époque, des écrivains seront tentés de s'enfermer dans la philosophie purement rationnelle (rationalisme).
- Des théologiens vont, au contraire, dénier toute possibilité de connaître par la raison (fidéisme) (PCchap1)

Étienne GILSON
Un livre d'Étienne Gilson : "L'esprit de la Philosophie Médiévale" (Vrin, Paris 1983) permet un premier bilan de cette influence réciproque pendant la seconde période et plus précisément pendant la période médiévale.
Avant de passer en revue les cinq questions de la philosophie pour mentionner rapidement les conséquences pour chacune d'entre elles de la rencontre avec la révélation évangélique, il me semble que je dois exprimer ma reconnaissance envers Étienne Gilson mais aussi  un certain désaccord avec lui. Personnellement j'évite autant que possible l'expression "philosophie chrétienne" même si je constate que des hommes compétents l'emploient avec trois significations différentes.
    1. On peut parler de "philosophie chrétienne" pour désigner une sagesse qui intègre explicitement la révélation évangélique. Cette manière de parler est fréquente chez les Pères, mais  nous devons, de nos jours, l'éviter".
    2. Gilson désigne plutôt par "philosophie chrétienne" des thèses rationnelles mais qui historiquement n'ont été défendues qu'après l'influence de la révélation évangélique.
    3. Dans une thèse de maîtrise qu'il m'a fait lire, un professeur français, M. Stéphane Fringant, m'a fait connaître une troisième signification. On pourrait qualifier de "chrétienne" toute philosophie "insuffisante" et donc "ouverte" à une éventuelle révélation. Pensons au "désir naturel d'une union surnaturelle avec Dieu" chez Thomas d'Aquin ou à la philosophie de Blondel...
Mais laissons cette question trop délicate et posons une fois de plus les cinq questions de la philosophie pour résumer les évolutions qui sont produites pour chacune d'elles pendant la deuxième période de l'Histoire de la Pensée.

1° ÉPISTÉMOLOGIES MÉDIÉVALES
(Le lecteur qui en sent l'utilité peut revoir rapidement dans l'Exposé préalable les formulations et les diverses réponses des questions 1°a, 1°b, 1°c)
1°a. La conviction des chrétiens selon laquelle le Fils de Dieu s'est fait chair aura une répercussion sur la question de l'origine de la connaissance en valorisant la connaissance sensible et donc la 3ème réponse : l'abstractionnisme (Thomas d'Aquin).
- Auparavant, AUGUSTIN avait adopté la 2e réponse (idéalisme épistémologique), celle de Platon mais en la modifiant : les modèles idéaux sont en Dieu. En nous, la connaissance est le fruit d'une illumination divine. Nous retrouverons cette explication chez DESCARTES.

1°b. La question de la valeur de nos idées devient pendant cette deuxième période une question de relation entre révélation et connaissance rationnelle. Toutes les positions sont défendues :
- la quasi confusion avec ANSELME,
- l'optimisme pour la raison et l'équilibre avec THOMAS D'AQUIN,
- la renonciation à la philosophie pure avec AUGUSTIN qui s'appuie sur la Bible,
- l'acharnement contre les possibilités de la raison avec OCKHAM,
- la condamnation de la philosophie avec PIERRE D'AMIEN et LUTHER.
Même si toutes ces postions sont défendues dans l'Église catholique, il y a toujours une défense des possibilités de la raison. C'est quand même la raison qui juge de la crédibilité de la Révélation.
Dans l'Église catholique, on trouve une tendance à donner trop d'importance à des formules dogmatiques. Chez les Grecs, cette tendance va stériliser le mouvement de la pensée.

1°c. C'est ici, dans ce deuxième chapitre de la Période centrale que devrait se situer peut-être ce qui a été écrit dans l'exposé préalable sur le "rapport des concepts et de la réalité" avec les trois réponses : le nominalisme, le réalisme absolu, le conceptualisme. (voir page d'accueil : Épistémologie) (En utilisant la table alphabétique des auteurs, le lecteur peut faire l'histoire de ce débat des idées universelles et des universaux.)
        1/ PORPHYRE 233-304 soulève ce problème;
        2/ BOÈCE 470-525 transmet les données en latin;µ
        3/ ROSCELIN 1050-1120 aboutit au trithéisme;
        4/ ABÉLARD 1079-1142 formule le conceptualisme;
        5/ OCKAM 1300-1350 renouvelle le nominalisme qui est encore de nos jours la position dominante sur cette question.
Comment utiliser l'ancien testament ?
Une question épistémologique particulière se pose durant cette deuxième Période de l'Histoire de la Pensée. Comment les chrétiens doivent-ils utiliser l'Ancien Testament ?
        A- LE PROBLÈME QUI SE POSE est l'opposition entre de nombreux textes de l'Ancien Testament et certaines paroles de Jésus.
             (voir PPchap2,III, l'Espérance d'Israël et PCchap1)
            * Dans l'Ancien Testament, il faut massacrer tous les ennemis sans en épargner un seul.
            * Jésus nous demande d'aimer nos ennemis et de présenter l'autre joue.
        B- TROIS SOLUTIONS ont été proposée :
            * le REJET de l'Ancien Testament en bloc, par de nombreux hérétiques;
            * L'INTERPRÉTATION ALLÉGORIQUE. Comme les philosophes grecs avaient "sauvé" les textes d'Homère, comme Paul interprète les deux femmes d'Abraham en Gal 4/21-31; les théologiens pendant des siècles vont utiliser l'Ancien Testament sans trop se soucier de sa première signification. Pendant toute cette période, le texte le plus commenté sera d'ailleurs le Cantique qui donne le sens de tout l'Ancien Testament : une histoire d'amour entre Dieu et Israël.
            * Par contre, à partir de 1600, la question principale va devenir : "HISTORIQUEMENT, que c'est-il passé ? où ? Quand ?". Et bien sûr le Cantique sera délaissé.
        C- Quand à nous, il nous reste à constater un fait : Dieu  n'a fait connaître sa Parole que PROGRESSIVEMENT comme le dit Héb 1/1-2. Prenons dans l'Ancien Testament ce qui est en accord avec les paroles de Jésus. Sachons apprécier les textes patristiques sans nous arrêter à leur manière d'utiliser l'Ancien Testament. (exemple 10e mercredi, Office des lectures).

2° ONTOLOGIES MÉDIÉVALES
En ontologie, il y a un très grand progrès philosophique. Une nouvelle question est progressivement formulée. Non plus seulement quelle est la cause de l'ordre du monde ? Mais, quelle est la cause de l'existence du monde et de chaque être que nous découvrons ? ce qui a favorisé cet approfondissement c'est la traduction grecque de Exode 3, 14.
        - La traduction de l'hébreu est sans doute  : "Je suis ce que je suis" c'est-à-dire inconnaissable.
        - La traduction grecque fait dire à Dieu : "Je suis celui qui est" en insistant sur l'existence.
Les philosophes arabes, nous le verrons, vont distinguer l¨'Être nécessaire et les être contingents (c'est-à-dire qui auraient pu ne pas exister) et Thomas d'Aquin donnera  une formulation philosophique de la création (voir PCchap6)
Les "physiques" médiévales sont très liées aux opinions d'Aristote. Chez beaucoup d'auteurs on trouve encore une  influence des astres... etc.

3° ÉTHIQUE MÉDIÉVALES
C'est bien sûr, en éthique que les bouleversements sont les plus grand. BERNARD fait écho à la recommandation de Socrate : "Connais-toi toi-même". A la lumière de l'Évangile, il montre que l'homme se méconnaît pour deux motifs (voir PCchap5 - Bernard de Clairvaux).
        - A cause d'une "timidité" qui ignore l'appel de Dieu qui veut en faire un fils,
        - A cause d'une "témérité" qui ignore ses faiblesse.
Seul, l'Évangile qui révèle à l'homme son néant mais aussi sa vocation divine peut lui permettre de CHOISIR LE VRAI BONHEUR.
1. Les cinq libertés
C'est également BERNARD qui distingue le plus clairement les significations du mot liberté.
a/ Il y avait la liberté politique : le fait de ne pas être contraint par une violence extérieure.
b/ IL y avait la liberté stoïcienne : liberté intérieure d'acquiescer à la nécessité du Tout.
BERNARD de CLAIRVAUX distingue trois autres sens :
c/ il y a la "libertas a necessitate" le libre arbitre, la possibilité du choix (vouloir ou ne pas vouloir) (vouloir le vrai bonheur ou un plaisir passager)
d/ Il y a la "libertas a peccato" la capacité réelle de ne pas pécher, la libération par rapport au péché.
e/ Il y a la "libertas a miseria et morte" qui consiste à être libéré de toute souffrance et de la mort.
2. Le mal subi et le mal commis
Les théologiens et philosophes du Moyen-Âge doivent réagir au dualisme perse dont nous avons parlé au 2e chapitre de la 1ère Période (PPchap2) et qui parle d'un dieu du mal. Il considère le mal comme une limite de la créature ou le fruit du péché qui n'est jamais un mal absolu mais "desertio meliorum", l'abandon de ce qui était un meilleur bonheur pour un plaisir moindre". (AUGUSTIN)
3. Le bonheur final de l'homme et la hiérarchie des désirs
Même s'il n'est pas le seul, c'est AUGUSTIN qui donne le ton en éthique. Le mot "Amor" signifie presque toujours chez lui un désir mais ce désir se subdivise en "cupiditas" : désir d'une créature et "caritas": désir de Dieu qui produit la "dilection", le dévouement envers les autres  hommes.
4. Le sommet de l'éthique
L'histoire de l'éthique atteint un sommet quand AUGUSTIN fait la synthèse de l'échec des éthiques de l'antiquité avec la nouveauté évangélique.
        - aussi longtemps que nous chercherons dans les créatures un bonheur absolu qui n'y est pas, nous sommes déçus.
        - "Tu nous a créés ayant soif de toi et notre coeur n'est pas rassasié tant qu'il ne se repose en toi".
        - "Nous aurions désespéré si tu ne nous avais pas envoyé le Médiateur Jésus".
5. L'amour multiforme
BERNARD également contribue à exprimer l'éthique évangélique en distinguant cinq aspects dans notre amour envers Dieu, le désir, la reconnaissance, l'obéissance, le dévouement, l'extase.
(voir aussi  Exposé Préalable - Période Centrale).
6. L'obligation envers Dieu
Alors que les morales antiques proposent des VERTUS en elles-mêmes, les morales chrétiennes vont les RELIER à Dieu. La droiture du coeur dit Thomas est de vouloir ce que Dieu veut : "que ta volonté soit faite sur la terre".

7. Intention intérieure de la conscience
Alors que les morales  se contentaient du comportement extérieur, les morales médiévales vont insister et parfois se réduire à l'intention intérieure de la conscience. (voir PCchap5 Abélard)

4° THÉOLOGIES POLITIQUES MÉDIÉVALES
Si en éthique et en réflexion philosophique, la révélation évangélique occasionne des progrès, il n'en est pas de même dans la réflexion sur l'organisation des sociétés, même si l'esclavage disparaît au profit du servage pour réapparaître avec la célèbre "Renaissance" de l'antiquité.
Pendant cette deuxième période de l'Histoire de la Pensée, ce que Jésus a dit sur ce point et qui a été rappelé au premier chapitre (4°) (PCchap1) semble ignoré. La grande question disputée est de savoir qui a le pouvoir absolu :  l'empereur ou le pape.
Voici quelques dates et quelques positions appelées "théologiques" mais qui s'opposent parfois aux paroles de Jésus !!!
     - 313            : l'Empereur Constantin se convertit, mais dirige les affaires de l'Église.
     - 410            : Rome est saccagés et souvent les évêques sont les seules autorités qui sont encore efficaces pour protéger le peuple.
     -  492-496    : Le Pape Gelase distingue deux pouvoirs, celui des pontifes et celui des rois. Il sera cité mais non imité.
     -  800            : Charlemagne est couronné empereur par le Pape, mais c'est lui et ses successeurs qui dirigent l'Église.
     -  1075          : Le pape Grégoire VII non seulement reprend l'autonomie de l'Église mais impose le pouvoir du pape. "Le pape est le seul homme
                           dont  tous les princes baisent les pieds".
     - 1302          : Boniface VIII prétend que l'autorité temporelle doit être soumise à l'autorité spirituelle
                           mais dans les faits il est humilié par le roi de France.
     - 1323          : Deux philosophes Marsile de Padoue et Jean de Jandum défendent la théorie inverse d'un pouvoir absolu des rois.
     - 1492-1546: Francisco de Vitoria, dominicain espagnol, dénie tout pouvoir temporel au pape
                          alors qu'Alexandre VI a partagé l'Amérique entre Espagnols et Portugais.
Ces faits et ces théories montrent que le plus souvent les théologies et philosophies médiévales sont plutôt en opposition avec les Évangiles.
Une EXCEPTION : FRANÇOIS D'ASSISE,  pauvrement vêtu se présente au chef des armées musulmanes pendant la croisade pour obtenir la paix ! (voir PCchap5 le témoignage des saints)

5° ESCHATOLOGIE MÉDIÉVALE
Alors que les PSAUMES rappellent à Dieu que "les morts ne  peuvent te célébrer", que SOCRATE envisage la mort comme un sommeil total, que PLATON demande de "croire" au mythes, qu'ARISTOTE n'envisage que la survie d'un Intellect commun à tous et que MARC AURÈLE constate l'inanité passagère de tout, la Révélation Évangélique annonce un BONHEUR PARFAIT après la résurrection.
Il ne semble pas que les théologiens aient ajouté quoi que ce soit d'important à la Révélation Évangélique elle-même, mais il y a de très belles expressions de l'ESP

5° ESCHATOLOGIE MÉDIÉVALE
Alors que les PSAUMES rappellent à Dieu que "les morts ne  peuvent te célébrer", que SOCRATE envisage la mort comme un sommeil total, que PLATON demande de "croire" au mythes, qu'ARISTOTE n'envisage que la survie d'un Intellect commun à tous et que MARC AURÈLE constate l'inanité passagère de tout, la Révélation Évangélique annonce un BONHEUR PARFAIT après la résurrection.
Il ne semble pas que les théologiens aient ajouté quoi que ce soit d'important à la Révélation Évangélique elle-même, mais il y a de très belles expressions de l'ESPÉRANCE qui entraîne l'ASCÈSE. "Toute la joie n'entrera pas en ceux qui se réjouiront", dit AUGUSTIN, "mais ils entreront tout entiers dans la joie". THOMAS D'AQUIN emploie une série d'expressions latines difficilement traduisibles "lux vera, satietas plena, gaudium sempiternum, juncunditas consummata, felicitas perfecta."

Sécularisation
Un bilan même très rapide de l'eschatologie médiévale doit signaler un moine : JOACHIM DE FLORE (1130-1202). Il annonce un avènement certain décisif, fatal et irréversible, le passage à un temps nouveau où il n'y aura plus de dualité État-Église mais l'inspiration d'un ordre d'élites...". Henri de Lubac a étudié la suite de cette doctrine qui aboutira à la sécularisation de l'Espérance. Elle deviendra une  croyance au "Progrès". Il avait pris la forme du socialisme marxiste et il se conserve dans la croyance en un Bonheur purement économique, même si le désespoir de l'antiquité païenne gagne du terrain chez ceux qui n'accueillent pas la révélation évangélique.

RANCE qui entraîne l'ASCÈSE. "Toute la joie n'entrera pas en ceux qui se réjouiront", dit AUGUSTIN, "mais ils entreront tout entiers dans la joie". THOMAS D'AQUIN emploie une série d'expressions latines difficilement traduisibles "lux vera, satietas plena, gaudium sempiternum, juncunditas consummata, felicitas perfecta."

Sécularisation
Un bilan même très rapide de l'eschatologie médiévale doit signaler un moine : JOACHIM DE FLORE (1130-1202). Il annonce un avènement certain décisif, fatal et irréversible, le passage à un temps nouveau où il n'y aura plus de dualité État-Église mais l'inspiration d'un ordre d'élites...". Henri de Lubac a étudié la suite de cette doctrine qui aboutira à la sécularisation de l'Espérance. Elle deviendra une  croyance au "Progrès". Il avait pris la forme du socialisme marxiste et il se conserve dans la croyance en un Bonheur purement économique, même si le désespoir de l'antiquité païenne gagne du terrain chez ceux qui n'accueillent pas la révélation évangélique.

Mais nous n'en sommes pas encore là.
Dans une TROISIÈME CHAPITRE, nous allons tout d'abord rappeler les grandes lignes du CONTEXTE HISTORIQUE avec un fait important, la naissance de l'Islam.
Et du chapitre QUATRIÈME au chapitre SEPTIÈME, nous passerons en revue les grandes doctrines et donnerons les noms des philosophes et des théologiens les plus importants de la deuxième période.

suite PCchap3