PC
Chap.7
-2-


L'ORDRE MÉDIÉVAL EN MORCEAUX  1300-1600
La science se distingue de la philosophie par Copernic
 

 

 

 

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Le mot science lorsqu'il est employé au pluriel (les sciences ou même une science) peut désigner tout "ensemble de connaissances" dans les domaines religieux, philosophique ou scientifique. (voir épistémologie 1e).

Employé d'une manière absolue, "La science" désigne de nos jours un des trois domaines de la Pensée face aux Philosophies et aux Croyances. Des hommes sans culture générale, s'imaginent que "La Science" suffit à répondre à toutes les questions dans tous les domaines. (TP chap. 9).
Ils n'ont  pas encore compris que "La Science" ne pose que les questions qui concernent les êtres qui ne font pas de choix libres et qui sont entièrement déterminés (comme les astres, les atomes, les animaux, l'homme dans certains aspects de sa vie).
Lorsqu'au contraire nous posons la question  la plus importante de toute notre vie et de chacune de nos journées : "Que vais-je choisir pour devenir vraiment heureux ?", la "Science" ne nous sert à rien : elle atteint sa limite : la liberté qu'elle ne comprend pas.
Durant la troisième période, nous rencontrerons toute une série de penseurs qui s'enferment dans la Science et le Scientisme. Mais en 1300 la situation est totalement inverse. C'est la philosophie qui prétend répondre à toutes les questions et la Science est totalement intégrée dans la philosophie.
Ce qui est plus grave, c'est qu'on répond aux questions posées en s'appuyant sur des textes anciens, surtout ceux d'Aristote. Depuis plus de mille ans, on répète les sottises d'Aristote sur les "astres incorruptibles" au lieu de s'en tenir aux expériences.

LUTTE DE LIBÉRATION
Les premiers héros de la lutte de libération de la Science contre l'oppression de la Philosophie sont sans doute les Anglais dont la tradition est plus pragmatique que celle des latins...
Il faudrait citer Robert Grosseteste (1175-1253), Roger Bacon (1210-1292). Des français comme Pierre Pélerin de Maricourt et des disciples d'Ockham part également à l'enfantement de la science.
Nicolas d'Autrecourt (1347) ose affirmer que "pas une seule proposition d'Aristote ne peut être démontrée de manière certaine".
Jean Buridan, recteur de l'Université de Paris entre 1328 et 1366, explique le rôle de "l'élan" en  physique et rend inutiles les "Intelligences" chargées de mouvoir les astres d'après Aristote.
Nicolas Oresme (1325-1382) donne "plusieurs belles persuasions à montrer que la terre est mue de mouvement journal et le Ciel,  non !" "De telles considérations sont profitables pour notre foi" dit-il (car il est évêque de Lisieux). (Gilson  "La Philosophie au Moyen Âge" Vrin 1986- p. 683).
Ainsi donc la terre tourne, cela a été défendu plus tôt qu'on nous le dit.

RÉVOLUTION COPERNICIENNE
Cependant, c'est bien à Nicolas COPERNIC (1473-1543) que nous devons attribuer "l'acte de naissance" de la "Science" et non seulement l'héliocentrisme, c'est-à-dire que c'est le soleil qui est le centre du mouvement de la terre. Nous ne pouvons ici décrire son rôle dans la vie du diocèse dont il est le chanoine le plus puissant, dans la vie politique et dans la réflexion économique sur les monnaies.
Beaucoup d'auteurs attribuent la plus grande importance à ce qu'ils appellent la "révolution copernicienne". Ce n'est plus le soleil qui est présenté comme tournant autour de la terre. C'est la terre qui apparaît comme une des nombreuses planètes qui tournent autour du soleil.
Certains historiens de la pensée prétendent que l'homme perd ainsi sa place centrale. Darwin va plus tard lui prouver qu'il n'est qu'un animal à la suite des autres. Freud va lui enlever une dernière illusion : il est déterminé par son inconscient. Certains historiens nous présentent ces trois découvertes comme trois "défaites" pour l'homme !
On peut être convaincu que les découvertes de Copernic, Darwin et de Freud ne modifie en rien la nature profonde de chaque homme qui en 499 avant le Christ ou en 1543 et en 1993, récolte le bonheur ou le malheur, fruit de son choix, et que cette liberté de choix est sa caractéristique propre. Par contre, une ligne de la préface du livre sur "La révolution des astres" de 1543 est vraiment révolutionnaire. (Voir épistémologie 1e)
"Les mathématiques doivent être jugées par les mathématiciens", c'est-à-dire pas par les philosophes ni les théologiens. Il me semble que l'on peut considérer cette maxime comme "l'acte de naissance" de la Science. Cette proclamation est un écho à celle de Jésus: "Rendez à César ce qui est à César".

C'est Jacques Monod, dans "Le Hasard et la Nécessité" qui reconnaît que la naissance de la Science est due à la distinction chrétienne du sacré et du profane que l'Église à reçue de Jésus. L'Église a respecté insuffisamment cette distinction mais en dehors du monde chrétien elle n'existait pas du tout. Cette distinction première permet la distinction de la théologie, de la philosophie et de la science.
Nous avons montré que la distinction de la philosophie et de la théologie devient claire avec Albert le Grand  entre 1193 et 1280  PC chap.6
On peut dater de 1543 la naissance de "la Science" même s'il y a eu des préparation, même si les autorités ecclésiastique vont encore succomber à la confusion en proclamant en 1616 que les théories de Copernic et de Galilée sont "fausses en philosophie et contraires à la Sainte Écriture".
Le concile Vatican II dans "Gaudium et Spes" n°36 va regretter certaines attitudes du passé ne respectant pas la légitime autonomie de la Science...
Ce qu'on ne remarque pas suffisamment, (et c'est Monod qui le reconnaît) c'est que la distinction des domaines de la pensée est d'origine évangélique même si les autorités ecclésiastiques ont été sur ce point comme sur d'autres, infidèles à l'Évangile.

Peut-être faut-il rappeler les grands noms de cette première science : l'astronomie. Alors que les anciens vénéraient les astres tout en essayant de les connaître car ils étaient persuadés que les astres déterminaient leur avenir d'une manière irrésistible, les Mésopotamiens sont déjà des observateurs remarquables. En 2800 avant le Christ, des tablettes rapportent  des observations plus anciennes ! THALÈS, le premier des philosophes grecs avant Socrate est un spécialiste des astres. Alexandrie devient le centre de l'astronomie avec PTOLÉMÉE (127-151). Les Arabes prennent le relais puis c'est la stagnation. Plusieurs pays européens fournissent un astronome important à partir de 1500. Après le polonais COPERNIC (1473-1543), il y a le danois TYCHO BRAHE (1546-1601), l'allemand KEPLER (1571-1630), l'italien GALILÉE (1564-1642), l'anglais NEWTON (1643-1727) qui, dans le domaine scientifique opère une des plus grandes synthèses de l'Histoire mais garde une très grande simplicité : "Je ne sait" dit-il " quelle opinion le monde se fait de moi. Pour ma part, je crois avoir  été simplement un petit garçon qui joue sur une plage et trouve un coquillage plus beau que les autres. Mais le grand océan de la vérité m'est toujours inconnu".

EINSTEIN (1879-1955) va relativiser les lois de Newton. Jusqu'en 1935, il prend notre galaxie pour la totalité du Cosmos, tout comme les européens de 1492 qui ignoraient l'Amérique... Nous ignorons beaucoup de chose qui feront l'objet de découvertes futures. Mais AUGUSTIN et PASCAL nous ont fait comprendre que la connaissance ou l'ignorance de ces lois de la matière n'apportent aucune modification à la question centrale : "Que vais-je choisir pour devenir vraiment heureux ?".

suite PC chap 7-3