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Le mot science lorsqu'il est employé au pluriel
(les sciences ou même une science) peut désigner tout "ensemble de
connaissances" dans les domaines religieux, philosophique ou scientifique.
(voir
épistémologie 1e).
Employé d'une manière absolue, "La science" désigne de nos jours un des trois
domaines de la Pensée face aux Philosophies et aux Croyances. Des hommes sans culture
générale, s'imaginent que "La Science" suffit à répondre à toutes les questions
dans tous les domaines. (TP chap. 9).
Ils n'ont pas encore compris que "La Science" ne pose que les questions
qui concernent les êtres qui ne font pas de choix libres et qui sont entièrement
déterminés (comme les astres, les atomes, les animaux, l'homme dans certains
aspects de sa vie).
Lorsqu'au contraire nous posons la question la plus importante de toute
notre vie et de chacune de nos journées : "Que vais-je choisir pour devenir
vraiment heureux ?", la "Science" ne nous sert à rien : elle atteint sa limite :
la liberté qu'elle ne comprend pas.
Durant la troisième période, nous rencontrerons toute une série de penseurs qui
s'enferment dans la Science et le Scientisme. Mais en 1300 la situation est
totalement inverse. C'est la philosophie qui prétend répondre à toutes les
questions et la Science est totalement intégrée dans la philosophie.
Ce qui est plus grave, c'est qu'on répond aux questions posées en s'appuyant sur
des textes anciens, surtout ceux d'Aristote. Depuis plus de mille ans, on répète
les sottises d'Aristote sur les "astres incorruptibles" au lieu de s'en tenir
aux expériences.
LUTTE DE LIBÉRATION
Les premiers héros de la lutte de libération de la Science contre l'oppression
de la Philosophie sont sans doute les Anglais dont la tradition est plus
pragmatique que celle des latins...
Il faudrait citer Robert Grosseteste (1175-1253), Roger Bacon (1210-1292). Des
français comme Pierre Pélerin de Maricourt et des disciples d'Ockham part
également à l'enfantement de la science.
Nicolas d'Autrecourt (1347) ose affirmer que "pas une seule proposition
d'Aristote ne peut être démontrée de manière certaine".
Jean Buridan, recteur de l'Université de Paris entre 1328 et 1366, explique le
rôle de "l'élan" en physique et rend inutiles les "Intelligences" chargées
de mouvoir les astres d'après Aristote.
Nicolas Oresme (1325-1382) donne "plusieurs belles persuasions à montrer que la
terre est mue de mouvement journal et le Ciel, non !" "De telles
considérations sont profitables pour notre foi" dit-il (car il est évêque de
Lisieux). (Gilson "La Philosophie au Moyen Âge" Vrin 1986- p. 683).
Ainsi donc la terre tourne, cela a été défendu plus tôt qu'on nous le dit.
RÉVOLUTION COPERNICIENNE
Cependant, c'est bien à Nicolas COPERNIC (1473-1543) que nous devons attribuer
"l'acte de naissance" de la "Science" et non seulement l'héliocentrisme,
c'est-à-dire que c'est le soleil qui est le centre du mouvement de la terre.
Nous ne pouvons ici décrire son rôle dans la vie du diocèse dont il est le
chanoine le plus puissant, dans la vie politique et dans la réflexion économique
sur les monnaies.
Beaucoup d'auteurs attribuent la plus grande importance à ce qu'ils appellent la
"révolution copernicienne". Ce n'est plus le soleil qui est présenté comme
tournant autour de la terre. C'est la terre qui apparaît comme une des
nombreuses planètes qui tournent autour du soleil.
Certains historiens de la pensée prétendent que l'homme perd ainsi sa place
centrale. Darwin va plus tard lui prouver qu'il n'est qu'un animal à la suite
des autres. Freud va lui enlever une dernière illusion : il est déterminé par
son inconscient. Certains historiens nous présentent ces trois découvertes comme
trois "défaites" pour l'homme !
On peut être convaincu que les découvertes de Copernic, Darwin et de Freud ne
modifie en rien la nature profonde de chaque homme qui en 499 avant le Christ ou
en 1543 et en 1993, récolte le bonheur ou le malheur, fruit de son choix, et que
cette liberté de choix est sa caractéristique propre. Par contre, une ligne de
la préface du livre sur "La révolution des astres" de 1543 est vraiment
révolutionnaire. (Voir
épistémologie 1e)
"Les mathématiques doivent être jugées par les mathématiciens",
c'est-à-dire pas par les philosophes ni les théologiens. Il me semble que
l'on peut considérer cette maxime comme "l'acte de naissance" de la Science.
Cette proclamation est un écho à celle de Jésus: "Rendez à César ce qui est à
César".
C'est Jacques Monod, dans "Le Hasard et la
Nécessité" qui reconnaît que la naissance de la Science est due à la distinction
chrétienne du sacré et du profane que l'Église à reçue de Jésus. L'Église a
respecté insuffisamment cette distinction mais en dehors du monde chrétien elle
n'existait pas du tout. Cette distinction première permet la distinction de la
théologie, de la philosophie et de la science.
Nous avons montré que la distinction de la philosophie et de la théologie
devient claire avec Albert le Grand entre 1193 et 1280
PC
chap.6
On peut dater de 1543 la naissance de "la Science" même s'il y a eu des
préparation, même si les autorités ecclésiastique vont encore succomber à la
confusion en proclamant en 1616 que les théories de Copernic et de Galilée sont
"fausses en philosophie et contraires à la Sainte Écriture".
Le concile Vatican II dans "Gaudium et Spes" n°36 va regretter certaines
attitudes du passé ne respectant pas la légitime autonomie de la Science...
Ce qu'on ne remarque pas suffisamment, (et c'est Monod qui le reconnaît) c'est
que la distinction des domaines de la pensée est d'origine évangélique même si
les autorités ecclésiastiques ont été sur ce point comme sur d'autres, infidèles
à l'Évangile.
Peut-être faut-il rappeler les grands noms de
cette première science : l'astronomie. Alors que les anciens vénéraient les
astres tout en essayant de les connaître car ils étaient persuadés que les
astres déterminaient leur avenir d'une manière irrésistible, les Mésopotamiens
sont déjà des observateurs remarquables. En 2800 avant le Christ, des tablettes
rapportent des observations plus anciennes !
THALÈS, le premier des
philosophes grecs avant Socrate est un spécialiste des astres. Alexandrie devient le centre de
l'astronomie avec PTOLÉMÉE (127-151). Les Arabes prennent le relais puis c'est
la stagnation. Plusieurs pays européens fournissent un astronome important à
partir de 1500. Après le polonais COPERNIC (1473-1543), il y a le danois TYCHO
BRAHE (1546-1601), l'allemand KEPLER (1571-1630), l'italien GALILÉE (1564-1642),
l'anglais NEWTON (1643-1727) qui, dans le domaine scientifique opère une des
plus grandes synthèses de l'Histoire mais garde une très grande simplicité : "Je
ne sait" dit-il " quelle opinion le monde se fait de moi. Pour ma part, je crois
avoir été simplement un petit garçon qui joue sur une plage et trouve un
coquillage plus beau que les autres. Mais le grand océan de la vérité m'est
toujours inconnu".
EINSTEIN (1879-1955) va relativiser les lois de
Newton. Jusqu'en 1935, il prend notre galaxie pour la totalité du Cosmos, tout
comme les européens de 1492 qui ignoraient l'Amérique... Nous ignorons beaucoup
de chose qui feront l'objet de découvertes futures. Mais
AUGUSTIN et
PASCAL nous
ont fait comprendre que la connaissance ou l'ignorance de ces lois de la matière
n'apportent aucune modification à la question centrale : "Que vais-je choisir
pour devenir vraiment heureux ?".
suite PC chap 7-3
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