TP
Chap 11


LES EXISTENTIALISMES
MARCEL, SARTRE, JASPERS

 

 

 

Sommaire

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

fr.wikipedia.org/wiki/
Martin_
Heidegger

 

 

 

 

 

 

 

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Gabriel
_
Marcel

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Jean
-Paul_
Sartre

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

fr.wikipedia.org/wiki/
Karl
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Jaspers

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

sommaire

 
Dès l'Exposé Préalable, les significations successives du mot philosophie sont été brièvement rappelées. Ce rappel se terminait par une constatation : "le renouveau de l'éthique" grâce à Biran, Schopenhauer, Kierkegaard, Nietzsche et Blondel. Plus près de nous ce renouveau de l'éthique a été l'œuvre de ceux que l'on a appelés les "existentialistes". En fait , le mot "existentialisme" est une étiquette que l'on a collée sur des philosophes très différents en leur donnant comme ancêtre KIERKEGAARD qui avait eu le mérite d'exprimer clairement nos questions vitales existentielles.

Trois degrés de profondeur humaine
Ils nous aident à accéder au troisième degré de profondeur humaine.
1/ Beaucoup d'homme vivent très longtemps à un premier degré : celui des ÉVÉNEMENTS EXTÉRIEURS lointains ou prochains qu'ils veulent connaître "en direct". La multiplication des "chaînes" de télévision "enchaînent" de plus en plus d'esclaves à ce premier degré de profondeur.

2/ Quelques-uns essaient quand même de COMPRENDRE LES CAUSES de ces événements extérieurs et leurs conséquences. Ils accèdent ainsi au  niveau des "problèmes". Et certains pensent encore que la philosophie et même la théologie se situent à ce niveau. On y étudie les "problèmes" de la connaissance, de la réalité du monde, de l'organisation de la société, de Dieu même ! Tel est le second niveau de profondeur humaine.

3/ Comme je l'ai écrit dès la première page de l'Introduction générale, je pense que l'on ne devient vraiment une personne humaine que dans la mesure où on pose une question plus sérieuse "que vais-je choisir pour devenir vraiment heureux". Il ne s'agit plus de connaître en direct des ÉVÉNEMENTS ni de COMPRENDRE des problèmes mais de poser des questions A LA PREMIÈRE PERSONNE DU SINGULIER : mon bonheur, ma mort, mon Sauveur.
Beaucoup d'hommes n'accèdent à ce troisième degrés que le jour où dans le regard des autres -non pas dans leurs paroles hypocrites- ils liront : "tu n'en as plus que pour quelques jours". Ce jour-là les événements perdront de leur intérêt, les problèmes internationaux ou nationaux deviendront moins urgents (Introduction : commencer par le 3° le choix morale, éthique).
Une lucidité nouvelle et aveuglante révélera à beaucoup que leur vie a été vide comme le fait comprendre avec un talent inégalé le romancier russe TOLSTOÏ dans "La mort d'Ivan Illich" (p52).

Ce qui est commun aux existentialistes c'est qu'ils remettent les "problèmes" à leur deuxième place et dévoilent le caractère "mystérieux" des questions où "je" suis "engagé".

Heidegger ? (1889-1976)
Faut-il présenter Heidegger. Puis-je le faire ?
- Je ne puis "digérer" le fait qu'il ait payé sa cotisation au parti nazi de 1933 à 1945. Avoir ainsi donné son accord au racisme et aux atrocité d'Hitler révèle des convictions !
- Il prétend qu'on ne  peut comprendre sa philosophie sans connaître la langue allemande. Ce que j'en ai retenu ne suffisant pas, je remets donc à une prochaine édition une présentation de sa pensée.
- Il reproche à Socrate d'avoir négligé l'ontologie au profit de l'éthique. Je lui reproche d'avoir prétendu trouver la solution des PROBLÈMES ONTOLOGIQUES. Il prétend remporter une victoire sur le "néant" en posant de nouveau la question : "pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ?". Je pense que le "néant" et le "rien" sont impensables, que l'existence de quelque chose est un fait et que l'existence d'êtres contingents révèle un Être nécessaire. Je ne peux sérieusement réellement, vitalement mettre entre parenthèse le principe de causalité qui fait partie des structures mentales fondamentales de tout homme. Le langage torturé de Heidegger semble écarter les vraies questions même s'il décrit l'homme comme un "être pour la mort".

I. GABRIEL MARCEL (1889-1973)
Comme je l'ai indiqué dans "Nouvelle introduction à la philosophie" (Fofipa Tananarive 1982 et 1989) c'est la définition de la philosophie par Gabriel Marcel que j'ai adopté. Ayant assisté à  l'une ou l'autre de ses conférences publiques dans ma jeunesse, j'ai sans doute subi son influence très tôt, même si je l'ai assez peu lu.
1° Épistémologie  marcellienne
Pour nous faire entrer en philosophie, Gabriel Marcel nous invite à distinguer deux sortes de questions : les "PROBLÈMES et les MYSTÈRES".
- Un "PROBLÈME" est une question purement extérieure. Le problème est devant moi. Je peux l'examiner avec une certaine méthode. Il est impersonnel et peut-être résolu par n'importe qui et à la rigueur par un ordinateur. Nous sommes en SCIENCE.
- Une question dans laquelle je suis engagé parce que mon bonheur dépend de la réponse qui lui sera apportée, Gabriel Marcel propose de l'appeler un "MYSTÈRE". Il ne s'agit plus du problème du mal en général mais du fait que "JE" souffre ! Pour m'approcher de ces "MYSTÈRES", l'art, la musique, le théâtre peuvent m'aider plus que les théories abstraites. Il faut surtout beaucoup de RECUEILLEMENT et de moins en moins de DIVERTISSEMENT.
2° Ontologie marcellienne
Une autre distinction est proposée en ontologie "l'être" et "l'avoir". Beaucoup d'homme ne sont attentifs qu'à leur "avoir", aux objets qu'ils asservissent en s'asservissant et en excluant les autres personnes de cette possession. Le désir d'avoir, la peur de perdre, le désespoir de ne pas tout avoir, la prétention de posséder, de "gérer" des idées, "d'avoir" la foi, face à ceux qui ne "l'ont" pas, d'avoir un corps (sans comprendre que nous "sommes" aussi un corps (?) autant d'obstacles qui nous empêche de connaître notre être. Si notre propre être est un mystère insondable, à plus forte raison celui de Dieu ! Pour certains, Dieu est un "problème". D'autres ont commencé à entrer en relation avec Lui et comprennent la réflexion de Gabriel Marcel : "Quand on parle de Dieu, ce n'est pas de Dieu qu'on parle".
3° Éthique marcellienne
Importante contribution également en éthique. Gabriel Marcel nous fait prendre conscience qu'il ne s'agit pas seulement de choisir à chaque instant mais de prendre un ENGAGEMENT pour l'avenir. ("Être et Avoir" 1991 Édition Universitaire p. 56-80). BRUNSCHWICG avait déjà distingué la "fidélité à l'avenir" et la "fidélité au passé". Et certes mes "sentiments" peuvent changer ! il ne faut pas oublier aussi que par l'engagement je quitte le niveau du "on" en disant "tu" à quelqu'un à qui "je" fais crédit, à qui je promets, avec qui je crée un "nous".
4° Eschatologie marcellienne
Si chacun de nous peut trouver en Gabriel Marcel un frère qui nous fait accéder à un plus haut niveau d'humanité, c'est sans doute parce qu'il a osé poser la question décisive de la mort. Il raconte lui-même "J'ai gardé le souvenir précis d'une promenade, (je devais avoir 7 ou 8 ans), au cours de laquelle ma tante m'ayant dit qu'on ne pouvait savoir si les morts étaient anéantis ou survivaient en quelques manières, je m'écriais : Plus tard, moi, je chercherais à savoir". La conclusion de Gabriel Marcel est de choisir de devenir chrétien catholique et de demander le baptême.

De la philosophie à la foi
L'aveugle et le sourd doivent s'interdire de nier l'existence des couleurs et de la musique. De même l'athée ou le déiste ne doivent rien dire de la foi. Cependant  la recherche philosophique profonde est "aimantée" par l'expérience chrétienne et c'est l'inattention à la voix intérieure ou l'orgueil de l'héroïsme qui empêchent beaucoup d'homme d'accueillir le don de la foi. Don où je me découvre enveloppé de l'amour qui seul me rend apte à un engagement absolu.


II. JEAN-PAUL SARTRE (1905-1980)
Jean-Paul Sartre lui-même affirme que sa philosophie n'est pas autre chose qu'un effort pour tirer toutes les conséquences d'un athéisme totalement logique. Il est donc intéressant  de l'étudier malgré le vocabulaire imprécis qui essaie d'entraîner le lecteur, par l'emploi d'image parfois très suggestives, là où on devrait exiger des arguments.
1° Épistémologie sartrienne
Comme c'était le cas chez Nietzsche, le rejet moral de Dieu entraîne le rejet de l'idée même de recherche de VÉRITÉ, car Sartre a raison d'y voir déjà une forme de soumission à Dieu.
2° Ontologie
sartrienne
L'athéisme provoque ce que Sartre appelle la "nausée" le dégoût qu'inspire à la contingence d'une chose qui est absurde.
Absurde puisque Sartre a exclu l'explication de cette existence par la création par Dieu.
3° Éthique
sartrienne
Ce refus de Dieu entraîne "l'angoisse" car chacun est contraint d'après Sartre à attribuer une valeur arbitraire à telle ou telle chose et ce choix apparaît comme injustifiable. Il doit rester injustifiable ! les autres personnes apparaissent aux yeux de Sartre comme étant un "enfer". Par leur "regard", dit Sartre, je suis réduit à être un esclave, une chose ! Même la simple pluralité des consciences est un "scandale", car je vis à "huis clos".
Variation et responsabilité
Pendant plusieurs dizaines d'années Sartre était à la mode. Des jeunes se suicidaient logiquement après avoir lu ses livres. S'ils avaient patienté, ils auraient appris qu'il y avait quand même une vérité ou plutôt plusieurs. Sartre leur aurait appris que le "marxisme est l'horizon indépassable de notre culture". Cependant  cette option n'était plus libre car il précisait "je suis un partisan convaincu de la peine de mort pour les dissidents". A la fin de sa vie, nouvelles convictions ! Sartre se sent "mandaté" (par Dieu ?) pour défendre les minorités ! il avait collé l'injure de "salaud" à celui qui défendait des valeurs.
Devant ces variations infinies, on peut s'interroger sur la responsabilité de Sartre. Pourquoi n'a-t-il pas été appelé devant un tribunal pour répondre du suicide de certains lecteurs de ses livres.
Les chaises et la philosophie
Nous découvrons ainsi la différence entre un philosophe et un artisan qui fabrique des chaises. Si les chaises s'effondrent sous le client, l'artisan perd ses clients. Si un "philosophe" (?) écrit des stupidité avec un beau style et les applaudissements des médias, s'il change d'air tous les deux ou trois ans, il gagnera beaucoup d'argent tout en entraînant des lecteurs dans le désespoir ! mais il ne perdra pas ses clients ! Il revient à chacun de nous de ne pas attribuer d'importance à un auteur pour le seul motif que les médias en parlent.

III. KARL JASPERS (1883-1969)
"L'introduction à la Philosophie" de Karl Jaspers peut-être une bonne entrée dans une recherche personnelle et profonde. Les enfants qui posent des "pourquoi" qui embarrassent les adultes sont, d'après Jaspers, plus philosophes que beaucoup de professeurs de philosophie.
D'après lui, l'âge d'or de la philosophie se situe plusieurs siècles avant Jésus-Christ avec le Bouddha et Socrate, mais les hommes en général évitent la réflexion philosophique.
Heureusement les échecs, les souffrances, toutes les situations où nous rencontrons nos "limites" peuvent nous éveiller du grand divertissement moderne et nous inviter à "croire" à un sens, c'est-à-dire à Dieu qui , d'après Jaspers, ne peut être connu par l'intelligence mais peut être atteint par une foi nue sans dogme, sans concepts, sans Église...

                                                                                          ****

Pluralisme
Ces trois philosophes existentialistes sont donc très différents. Et nous découvrons ainsi la principale caractéristique de la Pensée contemporaine : le PLURALISME. Plusieurs opinions sont désormais proposées d'une manière très vivante à un nombre d'hommes de plus en plus grand. Ce PLURALISME est un FAIT. il est accentué par les moyens modernes de communication sociale de masse : les MEDIAS.
Ce FAIT a des aspects positifs : il permet un choix plus large.
Mais il entraîne la tentation du SCEPTICISME en épistémologie,
                                         de l'AMORALISME  en éthique,
                                         et de l'ANARCHIE en politique.
Il permet aussi à une idéologie méconnue de s'imposer partout : l'ÉCONOMISME.
C'est ce que nous dévoilerons dans le dernier chapitre.

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