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Dès l'Exposé Préalable, les significations successives du mot philosophie
sont été brièvement rappelées. Ce rappel se terminait par une constatation : "le renouveau de
l'éthique" grâce à Biran, Schopenhauer, Kierkegaard, Nietzsche et Blondel. Plus
près de nous ce renouveau de l'éthique a été l'œuvre
de ceux que l'on a appelés les "existentialistes". En fait , le mot
"existentialisme" est une
étiquette que l'on a collée sur des philosophes très différents en leur donnant
comme ancêtre KIERKEGAARD qui avait eu le mérite d'exprimer clairement nos
questions vitales existentielles.
Trois degrés de profondeur humaine
Ils nous aident à accéder au troisième degré de profondeur humaine.
1/ Beaucoup d'homme vivent très longtemps à un premier degré : celui des
ÉVÉNEMENTS EXTÉRIEURS lointains ou prochains qu'ils veulent connaître "en
direct". La multiplication des "chaînes" de télévision "enchaînent" de plus en
plus d'esclaves à ce premier degré de profondeur.
2/ Quelques-uns essaient quand même de
COMPRENDRE LES CAUSES de ces événements extérieurs et leurs conséquences. Ils
accèdent ainsi au niveau des "problèmes". Et certains pensent encore que
la philosophie et même la théologie se situent à ce niveau. On y étudie les
"problèmes" de la connaissance, de la réalité du monde, de l'organisation de la
société, de Dieu même ! Tel est le second niveau de profondeur humaine.
3/ Comme je l'ai écrit dès la première page de
l'Introduction
générale, je pense que l'on ne devient vraiment une personne humaine que
dans la mesure où on pose une question plus sérieuse "que vais-je choisir pour
devenir vraiment heureux". Il ne s'agit plus de connaître en direct des
ÉVÉNEMENTS ni de COMPRENDRE des problèmes mais de poser des questions A LA
PREMIÈRE PERSONNE DU SINGULIER : mon bonheur, ma mort, mon
Sauveur.
Beaucoup d'hommes n'accèdent à ce troisième degrés que le jour où dans le regard
des autres -non pas dans leurs paroles hypocrites- ils liront : "tu n'en as plus
que pour quelques jours". Ce jour-là les événements perdront de leur intérêt,
les problèmes internationaux ou nationaux deviendront moins urgents (Introduction
: commencer par le 3° le choix morale, éthique).
Une lucidité nouvelle et aveuglante révélera à beaucoup que leur vie a été vide
comme le fait comprendre avec un talent inégalé le romancier russe TOLSTOÏ dans
"La mort d'Ivan Illich" (p52).
Ce qui est commun aux existentialistes c'est qu'ils remettent les "problèmes" à
leur deuxième place et dévoilent le caractère "mystérieux" des questions où "je"
suis "engagé".
Heidegger ? (1889-1976)
Faut-il présenter Heidegger. Puis-je le faire ?
- Je ne puis "digérer" le fait qu'il ait payé sa cotisation au parti nazi de
1933 à 1945. Avoir ainsi donné son accord au racisme et aux atrocité d'Hitler
révèle des convictions !
- Il prétend qu'on ne peut comprendre sa philosophie sans connaître la
langue allemande. Ce que j'en ai retenu ne suffisant pas, je remets donc à une
prochaine édition une présentation de sa pensée.
- Il reproche à Socrate d'avoir négligé l'ontologie au profit de l'éthique. Je
lui reproche d'avoir prétendu trouver la solution des PROBLÈMES ONTOLOGIQUES. Il
prétend remporter une victoire sur le "néant" en posant de nouveau la question :
"pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ?". Je pense que le "néant" et
le "rien" sont impensables, que l'existence de quelque chose est un fait et que
l'existence d'êtres contingents révèle un Être nécessaire. Je ne peux
sérieusement réellement, vitalement mettre entre parenthèse le principe de
causalité qui fait partie des structures mentales fondamentales de tout homme.
Le langage torturé de Heidegger semble écarter les vraies questions même s'il
décrit l'homme comme un "être pour la mort".
I. GABRIEL MARCEL
(1889-1973)
Comme je l'ai indiqué dans "Nouvelle introduction à la philosophie" (Fofipa
Tananarive 1982 et 1989) c'est la définition de la philosophie par Gabriel
Marcel que j'ai adopté. Ayant assisté à l'une ou l'autre de ses
conférences publiques dans ma jeunesse, j'ai sans doute subi son influence très
tôt, même si je l'ai assez peu lu.
1° Épistémologie marcellienne
Pour nous faire entrer en philosophie, Gabriel Marcel nous invite à distinguer
deux sortes de questions : les "PROBLÈMES et les MYSTÈRES".
- Un "PROBLÈME" est une question purement extérieure. Le problème est devant
moi. Je peux l'examiner avec une certaine méthode. Il est impersonnel et
peut-être résolu par n'importe qui et à la rigueur par un ordinateur. Nous
sommes en SCIENCE.
- Une question dans laquelle je suis engagé parce que mon bonheur dépend de la
réponse qui lui sera apportée, Gabriel Marcel propose de l'appeler un "MYSTÈRE".
Il ne s'agit plus du problème du mal en général mais du fait que "JE" souffre !
Pour m'approcher de ces "MYSTÈRES", l'art, la musique, le théâtre peuvent
m'aider plus que les théories abstraites. Il faut surtout beaucoup de
RECUEILLEMENT et de moins en moins de DIVERTISSEMENT.
2° Ontologie marcellienne
Une autre distinction est proposée en ontologie "l'être" et "l'avoir". Beaucoup
d'homme ne sont attentifs qu'à leur "avoir", aux objets qu'ils asservissent en
s'asservissant et en excluant les autres personnes de cette possession. Le désir
d'avoir, la peur de perdre, le désespoir de ne pas tout avoir, la prétention de
posséder, de "gérer" des idées, "d'avoir" la foi, face à ceux qui ne "l'ont"
pas, d'avoir un corps (sans comprendre que nous "sommes" aussi un corps (?)
autant d'obstacles qui nous empêche de connaître notre être. Si notre propre
être est un mystère insondable, à plus forte raison celui de Dieu ! Pour
certains, Dieu est un "problème". D'autres ont commencé à entrer en relation
avec Lui et comprennent la réflexion de Gabriel Marcel : "Quand on parle de
Dieu, ce n'est pas de Dieu qu'on parle".
3° Éthique marcellienne
Importante contribution également en éthique. Gabriel Marcel nous fait prendre
conscience qu'il ne s'agit pas seulement de choisir à chaque instant mais de
prendre un ENGAGEMENT pour l'avenir. ("Être et Avoir" 1991 Édition Universitaire
p. 56-80). BRUNSCHWICG avait déjà distingué la "fidélité à l'avenir" et la
"fidélité au passé". Et certes mes "sentiments" peuvent changer ! il ne faut pas
oublier aussi que par l'engagement je quitte le niveau du "on" en disant "tu" à
quelqu'un à qui "je" fais crédit, à qui je promets, avec qui je crée un "nous".
4° Eschatologie marcellienne
Si chacun de nous peut trouver en Gabriel Marcel un frère qui nous fait accéder
à un plus haut niveau d'humanité, c'est sans doute parce qu'il a osé poser la
question décisive de la mort. Il raconte lui-même "J'ai gardé le souvenir précis
d'une promenade, (je devais avoir 7 ou 8 ans), au cours de laquelle ma tante
m'ayant dit qu'on ne pouvait savoir si les morts étaient anéantis ou survivaient
en quelques manières, je m'écriais : Plus tard, moi, je chercherais à savoir".
La conclusion de Gabriel Marcel est de choisir de devenir chrétien catholique et
de demander le baptême.
De la philosophie à la foi
L'aveugle et le sourd doivent s'interdire de nier l'existence des couleurs et de
la musique. De même l'athée ou le déiste ne doivent rien dire de la foi.
Cependant la recherche philosophique profonde est "aimantée" par
l'expérience chrétienne et c'est l'inattention à la voix intérieure ou l'orgueil
de l'héroïsme qui empêchent beaucoup d'homme d'accueillir le don de la foi. Don
où je me découvre enveloppé de l'amour qui seul me rend apte à un engagement
absolu.
II. JEAN-PAUL SARTRE (1905-1980)
Jean-Paul Sartre lui-même affirme que sa philosophie n'est pas autre chose qu'un
effort pour tirer toutes les conséquences d'un athéisme totalement logique. Il
est donc intéressant de l'étudier malgré le vocabulaire imprécis qui
essaie d'entraîner le lecteur, par l'emploi d'image parfois très suggestives, là
où on devrait exiger des arguments.
1° Épistémologie sartrienne
Comme c'était le cas chez Nietzsche, le rejet moral de Dieu entraîne le rejet de
l'idée même de recherche de VÉRITÉ, car Sartre a
raison d'y voir déjà une forme de soumission à Dieu.
2° Ontologie
sartrienne
L'athéisme provoque ce que Sartre appelle la "nausée" le dégoût qu'inspire à la
contingence d'une chose qui est absurde.
Absurde puisque Sartre a exclu l'explication de cette existence par la création
par Dieu.
3° Éthique
sartrienne
Ce refus de Dieu entraîne "l'angoisse" car chacun est contraint d'après Sartre à
attribuer une valeur arbitraire à telle ou telle chose et ce choix apparaît
comme injustifiable. Il doit rester injustifiable ! les autres personnes
apparaissent aux yeux de Sartre comme étant un "enfer". Par leur "regard", dit
Sartre, je suis réduit à être un esclave, une chose ! Même la simple pluralité
des consciences est un "scandale", car je vis à "huis clos".
Variation et responsabilité
Pendant plusieurs dizaines d'années Sartre était à la mode. Des jeunes se
suicidaient logiquement après avoir lu ses livres. S'ils avaient patienté, ils
auraient appris qu'il y avait quand même une vérité ou plutôt plusieurs. Sartre
leur aurait appris que le "marxisme est l'horizon indépassable de notre
culture". Cependant cette option n'était plus libre car il précisait "je
suis un partisan convaincu de la peine de mort pour les dissidents". A la fin de
sa vie, nouvelles convictions ! Sartre se sent "mandaté" (par Dieu ?) pour
défendre les minorités ! il avait collé l'injure de "salaud" à celui qui
défendait des valeurs.
Devant ces variations infinies, on peut s'interroger sur la responsabilité de
Sartre. Pourquoi n'a-t-il pas été appelé devant un tribunal pour répondre du
suicide de certains lecteurs de ses livres.
Les chaises et la philosophie
Nous découvrons ainsi la différence entre un philosophe et un artisan qui
fabrique des chaises. Si les chaises s'effondrent sous le client, l'artisan perd
ses clients. Si un "philosophe" (?) écrit des stupidité avec un beau style et
les applaudissements des médias, s'il change d'air tous les deux ou trois ans,
il gagnera beaucoup d'argent tout en entraînant des lecteurs dans le désespoir !
mais il ne perdra pas ses clients ! Il revient à chacun de nous de ne pas
attribuer d'importance à un auteur pour le seul motif que les médias en parlent.
III. KARL JASPERS
(1883-1969)
"L'introduction à la Philosophie" de Karl Jaspers peut-être une bonne entrée
dans une recherche personnelle et profonde. Les enfants qui posent des
"pourquoi" qui embarrassent les adultes sont, d'après Jaspers, plus philosophes
que beaucoup de professeurs de philosophie.
D'après lui, l'âge d'or de la philosophie se situe plusieurs siècles avant
Jésus-Christ avec le Bouddha et Socrate, mais les hommes en général évitent la
réflexion philosophique.
Heureusement les échecs, les souffrances, toutes les situations où nous
rencontrons nos "limites" peuvent nous éveiller du grand divertissement moderne
et nous inviter à "croire" à un sens, c'est-à-dire à Dieu qui , d'après Jaspers,
ne peut être connu par l'intelligence mais peut être atteint par une foi nue
sans dogme, sans concepts, sans Église...
****
Pluralisme
Ces trois philosophes existentialistes sont donc très différents. Et nous
découvrons ainsi la principale caractéristique de la Pensée contemporaine : le
PLURALISME. Plusieurs opinions sont désormais proposées d'une manière très
vivante à un nombre d'hommes de plus en plus grand. Ce PLURALISME est un FAIT.
il est accentué par les moyens modernes de communication sociale de masse : les
MEDIAS.
Ce FAIT a des aspects positifs : il permet un choix plus large.
Mais il entraîne la tentation du SCEPTICISME en épistémologie,
de l'AMORALISME en éthique,
et de l'ANARCHIE en politique.
Il permet aussi à une idéologie méconnue de s'imposer partout : l'ÉCONOMISME.
C'est ce que nous dévoilerons dans le dernier chapitre.
suite
TP chap 12
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