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J'ai fini par comprendre qu'un minimum de recul est nécessaire pour discerner les
philosophes importants d'une époque. J'ai donc renoncé à faire une sélection
trop subjective des noms importants de la philosophie contemporaine, même si
certains philosophes contemporains ont été présentés dans les cinq chapitres
précédents.
Pour donner quand même une première idée de la Pensée contemporaine, j'ai choisi
d'en décrire la caractéristique principale, le pluralisme et trois tendances
importantes, l'amoralisme, l'économisme et le personnalisme.
I. PLURALISME CONTEMPORAIN
Venant d'un mot latin qui signifie "plusieurs" le mot "PLURALISME désigne le
fait que de plus en plus souvent, chaque personne prend directement contact avec
un fait, une évolution qui va s'accentuer, qu'il faut constater avant d'en
montrer les aspects positifs et les aspects négatifs.
Le fait
Bien sûr on pense à la radio, à la télévision, aux vidéos qui pénètrent même dans
les derniers pays qui veulent interdire certaines opinions. Mais les contacts
les plus profonds sont les contacts direct, de vive voix, avec des personnes
vivantes ayant des convictions de plus en plus diverses. Tous ces contacts
provoquent partout et toujours un doute sur la valeur des convictions et des
comportements qui avaient semblé évidents. La recherche philosophique
personnelle est donc stimulée plus souvent.
Dose variable
Cette variété d'opinions est bien sûr plus accentuée dans le métro de Paris que
dans tel village de France où tous les habitants de cette fin du XXe siècle
veulent encore être "enterré à l'église". Elle est plus grande à l'Hôtel
Hilton de Tananarive qu'à Tanandava, petit village malgache à 50 km de Vohipeno,
elle est plus grande à Pékin qu'en Mongolie intérieure.
Aspects négatifs
Il faudrait cependant être aveugle pour ne pas constater les aspects négatifs de
ce pluralisme contemporain. De plus en plus de jeunes rencontrent très vite des
opinions et des comportements tellement diverses qu'il leur est impossible de
les ordonner et d'en discerner la valeur. Cela provoque en eux la
souffrance d'un désarroi profond. Ils demandent qu'on leur donne des repères.
Pour les siècles précédents, on doit regretter le manque de liberté qui était
accordée aux personnes individuelles, dans presque toutes les sociétés.
Désormais, on doit regretter l'absence inverse, l'absence de régulation
collective des désirs humains. C'est ce qu'on appelle "l'a-moralisme".
II. A-MORALISME
- La lettre "a" avant un mot signifie une privation, un manque ("a"
privatif grec).
- Les morales sont les diverses systèmes de régulation des désirs humains.
≻ "l'a
moralisme" peut donc désigner un fait : l'absence de régulation
collective des désirs humains dans une société, l'absence de valeurs,
d'obligation et d'interdits collectifs.
("l'a-moralisme" peut désigner également une théorie qui refuse l'idée même
d'une régulation objective de ces devoirs comme l'a enseigné
Sartre
Un fleuve peut être la réunion de cinq rivières. De même l'amoralisme
contemporain est nourri par cinq tendances philosophiques antérieures qui
parfois s'opposent mais contribuent à dire : il n'y a pas de morale possible.
a. Les cinq sources de
l'amoralisme
1. Le nouveau
scientisme
Alors que le scientisme ancien consistait à s'imaginer que la science allait
bientôt répondre à toutes les questions, les découvertes scientifiques
incessantes ont fait comprendre que toute thèse scientifique est partielle et
provisoire. Elle est menacée de contradiction par la découverte scientifique
suivante. Le nouveau scientisme consiste donc à dire que, non seulement en
science, mais également dans le domaine philosophique, moral et religieux,
personne ne doit jamais rien affirmer de certain et qu'il faut attendre la
prochaine théorie nouvelle sans fin.
TP chap.9
2. Le pessimisme individualiste
La deuxième source de l'amoralisme est également une réaction excessive à une
idéologie ancienne. Alors que jusqu'en 1975, dans certains pays, la mode
marxiste conduisait les intellectuels naïfs vers un optimisme collectiviste,
c'est un pessimisme individualiste qui déferle depuis la révolution européenne
de 1989. Les philosophes
épicuriens et
stoïciens sont
réédités !
3. Le relativisme culturel
Depuis 1960, dans plusieurs pays colonisés et même
encore aujourd'hui, chez certains dirigeants européens qui défendent
"l'exception culturelle", on a voulu réagir à tel ou tel impérialisme culturel
en retournant à une culture nationale. Beaucoup n'avaient pas compris que TOUTES
LES CULTURES : NATIONALE OU ÉTRANGÈRE, ANCIENNE OU MODERNE, CELLE DES
PRIVILÉGIÉS ET CELLE DE LA MASSE, COMPORTENT DES ASPECTS POSITIFS ET DES ASPECTS
NÉGATIFS et que les barrières pour protéger une culture en danger sont
dérisoires. La seule solution est d'aider chaque personne à se cultiver,
c'est-à-dire à construire sa propre culture sur des principes cohérents en
choisissant une référence fondamentale et en assimilant les éléments
positifs venus de tous les horizons et de tous les temps.
En tous cas, le nationalisme culturel ancien est condamné. Il sera
remplacé ou par le relativisme culturel incohérent ou par une éducation à une
recherche culturelle personnelle.
4. Le
structuralisme
Les diverses structuralisme sont étudiés au neuvième chapitre de cette troisième
période. Selon ces théories nous ne sommes pas libres mais entièrement
déterminés par des structures : sociales, culturelles, ou inconscientes. Il n'y
a donc pas de place pour une régulation volontaire et libre de nos désirs,
puisque nous sommes déterminés.
TP chap.9
(voir 8 et suivant F. de SAUSSURE...)
5. L'existentialisme
Cinquième source de l'a-moralisme contemporain la théorie opposé, de Sartre et
avant lui de Nietzsche selon laquelle
chaque personne doit et peut réguler ses désirs d'une manière absolument
indépendante. Il n'y a donc pas d'après eux de régulation objective et
collective possible mais seulement une liberté individuelle arbitraire avec le
refus de l'idée d'un vrai bonheur objectif pour tous. Le monde n'a pas de sens.
TP chap.11
b. Les trois thèmes dominants
1. Les cinq tendances philosophique de la mentalité moderne convergent pour
nourrir en épistémologie un scepticisme radical
: personne ne connaît jamais rien de certain : il faut donc attendre sans fin
une théorie nouvelle... et provisoire.
≻ Ce
scepticisme, il faut le reconnaître, peut-être valable dans la
connaissance des êtres déterminés c'est-à-dire en science. Rien d'urgent en ce
domaine.
- Mais à la question centrale de la philosophie exprimée dès l'introduction
générale "que vais-je choisir pour devenir vraiment heureux ?", non
seulement on ne peut remettre sans fin de répondre, mais, par ses actes, chaque
personne, chaque jour y répond en fait d'une manière ou d'une autre, et en
retire joie ou déception progressivement.
2. Deuxième thème dominant de l'a-moralisme contemporain :
l'idéologie libertaire : la liberté est absolue,
elle n'est pas relative à la vérité. Elle décide !
≻
Certes c'est le choix libre qui distingue l'homme de l'animal.
- Mais la liberté du choix est une condition du bonheur, elle ne suffit pas à
rendre heureux. Encore faut-il que chacun choisisse le vrai bonheur. Le
bien objectif. C'est ce rapport entre liberté et vérité, entre choix
libre et vrai bonheur que Jean-Paul II a voulu rappeler dans son encyclique "Veritatis
splendor" que l'on peut traduire par "la beauté du vrai bonheur".
Dans le premier chapitre
qui est le plus important, Jean Paul II montre la connection entre le vrai
bonheur, l'amour que Dieu nous a témoigné en Jésus, le salut qu'il
nous a proposé, la responsabilité de chacun et en conséquence les
obligations, les devoirs et les interdits que chacun doit
avoir à l'esprit s'il veut être vraiment heureux.
3. Troisième thème de l'a-moralisme contemporain :
l'individualisme.
≻ Il
est vrai que la personne individuelle l'emporte sur la société, que tout homme
cherche son bonheur même s'il va se pendre" et que le désintéressement absolu
est une illusion prétentieuse ou innocente et naïve.
- Mais tôt ou tard la PERSONNE individuelle qui cherche son propre bonheur doit
comprendre qu'elle ne trouve son bonheur ni en elle-même, ni en utilisant le
corps ou le coeur des autres personnes, ni même dans une affection humaine
mutuelle. Le cœur humain n'est comblé éternellement que par l'amour de Jésus
pour chacun de nous et cet amour nous rend altruiste. S'il choisit ce vrai
bonheur, le chrétien est conduit à se dévouer de plus en plus pour "chacun de
ces plus petits qui sont les frères" de Jésus lui-même (Math. 25/40). Ainsi le
PERSONNALISME, éclairé par la Révélation évangélique aboutit au plus grand
dévouement, à l'altruisme, à l'ouverture à une communion universelle absolument
opposée au repli malheureux sur soi-même.
c.
La philosophie, une nécessité urgente
L'a-moralisme dont nous avons rappelé les cinq sources et les trois thèmes est
une maladie mortelle pour les individus et les sociétés. Celui qui ne régule pas
ses désirs est condamné à une souffrance perpétuelle.
Les 11000 suicides et les 130.000 tentatives de suicides enregistrées en France
en 1992 donnent une première idée de cette souffrance.
Mais cet a-moralisme est également une maladie pour les sociétés.
JEAN FOURASTIÉ (TP chap. 9) m'expliquait qu'une société
observait encore pendant une génération ou deux une morale dont les bases
métaphysiques ou religieuses avaient été délaissées mais qu'ensuite elle se
désintégrait.
JACQUES JULLIARD, le 23 mai 1990, dans un hebdomadaire (qui ne mérite plus une
telle plume) constatait les disparitions en France des valeurs collectives et
des relais sociaux qui devraient les transmettre aux nouvelles générations : les
familles, les écoles, les Églises, les partis, les syndicats, les associations,
les mouvements de jeunesse. La dissidence, disait-il devient un devoir.
Chacun de nous doit donc revenir à l'école de SOCRATE, prêt à résister à la
mentalité ambiante, même seul dans son propre milieu, en invitant tout ceux
qu'il rencontre à s'arrêter, à réfléchir, à choisir vraiment le vrai bonheur.
Chacun de nous doit comprendre et montrer aux autres que cet amoralisme, cette
absence de régulation consciente des désirs, permet à une autre idéologie
contemporaine de manipuler les milliards d'hommes : ils s'agit de l'ÉCONOMISME.
III. ÉCONOMISME
L'économisme est l'organisation de (1) la production (2) des échanges et (3) de
la répartition des biens matériels dans une famille (économie domestique) dans
un état (économie politique) et dans le monde (économie internationale).
Comme la plupart des mots en "isme", l'économisme désigne la tendance à
donner trop d'importance aux aspects économiques de la vie ou même à réduire le
bonheur de l'homme à ces aspects.
On peut même aller plus loin et parler d'une nouvelle "religion" collective avec
une croyance, des rites et une morales, même si ceux qui les ont adoptés n'en
sont pas conscients et se proclament encore chrétiens, musulmans, hindouistes
etc...
1. Une croyance
Une croyance "trinitaire" rarement exprimée mais très répandue dans les cœurs et
les mentalités consiste à penser sans s'en rendre compte : "Je crois au PROGRÈS
de (1) la science, (2) la technique, (3) et de l'économie". Cette nouvelle
religion a son catéchisme : la publicité omniprésente avec ses formules simples
et ses images suggestives.
2. Des rites
Comme les autres croyances, l'économisme a également sa liturgie. Le
"tabernacle" qui permet d'assister plusieurs heures par jour aux cérémonies de
cette "religion" c'est l'appareil de télévision où l'on célèbre des grand-messe
(l'expression est employée) pour les "dieux" du sport, de la chanson, et de la
politique.
3. Une morale
Lorsque j'écrivais qu'il n'y a plus de morale, plus de régulation des désirs, je
me trompais ! l'économisme a imposé à plusieurs milliard d'homme des
commandements nouveaux : "Tu produiras et tu achèteras vite, beaucoup de
marchandises toujours nouvelles".
Cette nouvelle religion qui ne figure pas souvent dans les listes des croyances
religieuses occupe en fait le cœur de la majorité de ceux qui sont
officiellement comptabilisés dans les autres religions.
4. Un vocabulaire
La réduction de la vie à ses aspects économiques pénètre tous les milieux, même
les journaux officiellement chrétiens. Peu à peu les mots changent de sens. A
quand un nouveau dictionnaire pour comprendre le nouveau vocabulaire ?
- La "société" : espace de
circulation des marchandises.
- Le "temps" doit être
accéléré pour pouvoir multiplier le nombre de besoins satisfaits
- La "vie" : un combat où il
faut battre les autres. Dans tel pays asiatique, les étudiants travaillent sept
jours sur sept de 7h du matin à 11 h du soir.
- Les "autres" : des clients,
des patrons, des salariés, des concurrents, en tous cas des ennemis.
- La "Démographie" : la
planification de la production des animaux humains.
- La "Religion" méthode de
gestion des énergies intimes
5.Multiplication des souffrances
Ce dont il faut surtout prendre conscience c'est que cette nouvelle religion
avec ses deux variantes : socialiste et libérales, au lieu de diminuer les
souffrances, les multiplie sans fin en multipliant les besoins par la publicité.
Car il ne s'agit plus de satisfaire des besoins réels mais de fabriquer
n'importe quoi (inutile ou même nuisible) et d'en créer ensuite le besoin dans
le coeur des téléspectateurs.
Remèdes à cette idéologie néfaste.
Le premier pour les non-chrétiens serait le bouddhisme qui consiste à prendre
conscience que tout désir aboutit à une déception et, à tuer tout désir, ou en
tout cas à les modérer. Premier pas dans ce sens : diminuer nos besoins et ne
plus les multiplier. (PP.
chap.2-6)
Deuxième remède avec Augustin et toute la tradition des saints que nous avons
passée en revue dans cette Histoire de la Pensée : dire à Dieu : "Tu nous as
créés ayant soif de toi et notre cœur est inquiet aussi longtemps qu'il ne
commence pas à être fixé à toi", et donc chercher son premier bonheur en Dieu.
D'une manière plus large, la réaction aux deux idéologies que nous venons de
décrire c'est "personnalisme" que nous allons décrire en quelques lignes pour
conclure ce chapitre.
IV. PERSONNALISME
Le personnalisme est un courant de pensée qui s'est surtout exprimé dans la
revue "Esprit" à partir de 1932 avec Etienne BORNE, Pierre-Henri SIMON, Emmanuel
MOUNIER, Jean LACROIX, Jean-Marie DOMENACH...
Ces auteurs, dont je me souviens avoir lu plusieurs livres avec passion dans ma
jeunesse, s'opposent à tous les COLLECTIVISMES qui subordonnent la PERSONNE
individuelle à un ensemble : la cité, la nation, le parti, l'humanité, la
nature. Aux yeux des PERSONNALISTES, chaque personne individuelle a une
originalité, une autonomie et surtout une dignité absolues qui s'opposent
à tous ceux qui voudraient en faire un moyen pour le profit d'une collectivité
quelconque.
Mais le personnalisme s'oppose aussi à l'INDIVIDUALISME en montrant que la
personne individuelle ne devient progressivement HEUREUSE qu'en
entrant en relation avec d'autres personnes, en luttant pour que toute personne
dans l'univers soit respectée.
Emmanuel MOUNIER parlait d'une révolution personnaliste et communautaire et la
revue "Esprit" animait la résistance au racisme des nazis. A cette tendance on
peut joindre Emmanuel LÉVINAS. Nous pouvons également rapprocher de ce combat
celui du Mahatma GANDHI le plus grand homme
du XXe siècle.
les 93 communautés de l'Arche de Jean VANIER, les 850 communautés de Foi et
Lumière sont une des plus belles réalisations de ce personnalisme communautaire
puisqu'elles réunissent des hommes et des femmes de convictions différentes et
des personnes qui souffrent d'un handicap mental parfois très profond.
En intégrant Jean Vanier après d'autres prophètes de l'amour dans ce panorama,
l'idée m'est venue qu'un autre titre de cette initiation pourrait être choisi
"Histoire de la recherche du vrai Bonheur dans l'Amour".
Le livre de Jean Vannier "La communauté lieu du pardon et de la fête", Fleurus
1997 est un guide précieux pour ceux qui comprennent que les communautés sont
des lieux d'équilibre.
V. PÉLERINAGE AUX SOURCES
Et nous terminerons ainsi le panorama de la troisième période de l'histoire de
la Pensée en retrouvant LA PLACE CENTRALE DE LA RÉVÉLATION ÉVANGÉLIQUE.
Une première présentation en a été faite dès le
premier chapitre de la Période
Centrale.
L'étude des réductions naturalistes modernes nous permet, grâce à la
comparaison, de comprendre que les Évangiles contiennent des réponses
inattendues surabondantes et encore méconnues aux cinq questions qui nous ont
accompagnés pendant ces dizaines de pages et qui avaient été exprimées le plus
simplement possible dans l'exposé
préalable.
Ce long voyage de deux mille ans nous encourage à faire sans cesse un pèlerinage
aux sources évangéliques. Les versets 9 à 17 du quinzième chapitre de l'Évangile
de Jean peuvent nous servir de point d'orgue. (Jean
15). Nous y trouvons une symphonie des cinq amours : l'amour du Père envers
Jésus (9) l'amour de Jésus envers chacun de nous (9), notre choix de préférer
Jésus en obéissant à ses commandements (10) celui de donner notre vie (13) pour
chacun des plus petits qui sont ses frères" Mat 25/40 et enfin l'amour mutuel
(17). COMME le Père m'a aimé je vous ai aimé (Jn 9/17). Aimez-vous
les uns les autres COMME je vous ai aimés (Jn 13/34). Qu'il soient UN COMME nous
sommes uns (Jn 17/21).
suite
Conclusion
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