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chap. 7
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 L        
LE SCEPTICISME
               Théoriquement séduisant - Pratiquement intenable

 

 

 

Sommaire


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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En même temps que l'épicurisme et que le stoïcisme, les historiens de la philosophie signalent une troisième tendance philosophique : le scepticisme. Il consiste à dire que personne ne pourra jamais rien affirmer avec certitude; qu'il faut suspendre son jugement "epoché) et ne plus rien dire (aphasie) pour ne plus être troublé (ataraxie).

Cette position n'est pas seulement une école de la philosophie hellénistique. Elle est aussi une tentation qui a séduit des philosophes tout au long des siècles, et au tout dernier chapitre de la 3e période (TP chap. 12) nous verrons qu'elle est un des éléments de l'amoralisme contemporain.
Cependant si cette position est théoriquement séduisante, elle est pratiquement intenable, car le choix moral est, lui, inévitable.
Si le sceptique ne prie pas parce qu'il n'est pas certain que Dieu l'écoute, il a choisi de ne pas prier. le sceptique fait des achats, il préfère garder son argent ou le sacrifie pour acheter de l'alcool, et ainsi de suite.
Le comportement pratique du sceptique contredit sa prétention selon laquelle il ne distingue pas où est le vrai bonheur.

ÉNUMÉRATION
Nous pouvons nous contenter d'une rapide énumération de ces philosophes qui ne disent rien, puisqu'ils ne savent rien, même pas sans doute qu'ils ne savent rien...
- EUCLIDE le Socratique (-450-380) assiste à la mort de Socrate et fonde ensuite à Mégare l'école des "éristiciens", des disputeurs.
- PYRRHON (-365-275) dont on ne sait rien de certain, mais qui a donné son nom aux sceptiques que Pascal appelle les pyrrhonniens.
- TIMON de Phlionthe (-325-235) disciple de Pyrrhon et qui propage ses idées

Le scepticisme contamine l'université fondée par Platon, "l'Académie". Lorsque Augustin parle des "Académiciens" il ne parle pas des théories de Platon, mais du scepticisme.
Il semble que les périodes de scepticisme en philosophie favorisent les découvertes en science (PC chap. 7). En tout cas deux noms célèbres dans ce domaine, EUCLIDE le géomètre (-335-270) et ARCHIMÈDE de Syracuse (-287-210) sont de cette période.
Deux noms des premiers siècles après le Christ illustrent le scepticisme : AENESIDE (+110) et SEXTUS EMPIRICUS (+190).
Une histoire du scepticisme devrait ensuite exposer les théories de Montaigne que nous étudierons à la fin de la seconde période, et de Pascal qui s'appuie sur cette impossibilité d'atteindre le vrai par la seule rationalité pour nous encourager au "pari" de la foi.
Le scepticisme sera renouvelé par Hume et Kant, et la majorité des philosophes sera sceptique.
Bergson proposera un remède : le témoignage des mystiques parmi lesquels il place Plotin que nous devons présenter en terminant cette Première Période.

suite PP chap. 7-5